Des nouvelles blouses, aux allures de tenue de cosmonaute, pour dédramatiser le soin et améliorer le quotidien des enfants malades, à l'hôpital américain de Reims. C'est la mission que l'institut des textiles du monde et le Studio 510HT ont accepté de relever.
Des nouvelles blouses, à l'image d'une tenue de cosmonaute, pour les enfants malades qui passent des examens d'imagerie médicale. C'est le nouveau défi de deux entreprises de Reims (Marne). Passer une IRM n’est pas douloureux, mais n’est pas forcément agréable, même en tant qu’adulte. Alors, imaginez pour un enfant. C’est pourquoi l'hôpital Américain de Reims s'attèle, depuis plusieurs années, à rendre cet examen moins contraignant pour les jeunes patients.
Dédramatiser le soin
Dès l’entrée du service d’imagerie pédiatrique, des dessins aux murs sur le thème de l’espace. Un univers qui se prolonge jusque dans la salle d’imagerie, en passant par la salle d’attente et la salle de préparation. Il y a quelques mois, à l'instar de l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg, le CHU de Reims s’est muni d’une IRM en jeu, dans l’objectif de familiariser l’enfant avec l’appareil et d'un meilleur taux de réussite de l’examen, permettant ainsi d'accueillir plus de patients. Car si faire une IRM n’est pas douloureux, il n’en est pas moins impressionnant et contraignant. Rester sur le dos, sans bouger pendant 20 à 40 minutes, avec un bruit qui ne nous est pas familier… pour un enfant, cette situation peut s’avérer traumatisante. Rassurer les enfants comme les parents, dédramatiser l’examen... Autant d'objectifs atteints grâce à ces différentes initiatives.
Pour continuer dans cette optique, le service a répondu à un appel à projet lancé par le fond d’action du CHU, lancé chaque année à tous les services du centre hospitalier. Tous ces projets du service d’imagerie pédiatrique s’inscrivent dans une politique d’amélioration du quotidien des malades et le rendre un petit moins difficile. Le nouveau projet est la confection de blouses, qui ressembleront davantage à des kimonos. Roses ou bleues, souvent trop grandes… Aujourd’hui, les blouses ne sont pas forcément adaptées au public, et rappellent la notion de soin. L’objectif est de dédramatiser le soin. Les jeunes patients se changeront dans la “cabine de l’espace”, ladite salle de préparation, et enfilent leur tenue de cosmonaute avant de partir pour l’espace.
Une tenue de cosmonaute
Ce projet n’aurait pu voir le jour sans la participation de l’institut des textiles du monde à Reims et leurs voisins, artistes du Studio 510HT, spécialistes de bandes dessinées. François de Beaulieu, l’un des co-fondateurs de l’institut, souligne qu’avec Ousmane Ouedraogo, second fondateur, ils sont très sensibles à ce genre de projet. “Ousmane a toujours été très impliqué dans la transmission, que ce soit auprès d’un public défavorisé ou handicapé, détaille-t-il avant de poursuivre. Nous avons une volonté d’ancrage très forte, à la fois sur le territoire, mais aussi sur la dimension sociale et sociétale”. C’est pour toutes ces raisons que, lorsqu’ils ont été approchés par le CHU, les deux hommes ne se sont pas posés de questions. “Ça faisait sens, pour nous, de contribuer à ce projet. On s’est tout de suite dit qu’il fallait le faire”, insiste François de Beaulieu.
En respectant les diverses contraintes techniques, comme choisir un textile qui peut être nettoyé à haute température et ne nécessite pas d’autres entretiens, François et Ousmane ont imaginé un kimono. “L’idée était de savoir comment, à notre échelle, on pouvait revisiter la blouse dans un univers plus accueillant et dédramatisant, pour que cette population jeune, qui souffre de pathologies lourdes en dépit de leur âge, ne vivent plus cela comme une expérience traumatisante. De façon à ce que l’expérience patient soit la moins impactante possible, la plus simple et que l’idée d’y revenir ne soit pas un cauchemar”.
"Améliorer le quotidien des enfants"
Ce projet est réalisé bénévolement par l’institut et le studio 510. Mais pour François, la plus belle des récompenses est un sourire, que ce soit sur le visage d’un enfant, que sur celui de ses parents. “C’est le plus gratifiant pour nous”. Cet enthousiasme et ces motivations sont partagés par les artistes du studio 510. Leur mission, à eux, est de créer un design graphique, qui sera ensuite floqué sur les kimonos, tout en respectant, là aussi, un cahier des charges strict.
Pas de quoi effrayer les artistes spécialistes en bandes dessinées. Des logos, des motifs sur le thème de l’espace, pour donner l’impression d’enfiler une tenue de cosmonaute. “On a tous des enfants, évidemment que ça résonne un peu en nous", confie l’un des artistes. C’est pour cette raison qu’eux aussi, sans trop réfléchir, ils se sont lancés dans le projet du CHU. “C’est pour améliorer le confort des patients, alors on y va sans se poser de question”.
Une fois que les patrons des kimonos auront été validés, le processus de création passera à la vitesse supérieure. L’objectif est que les blouses soient livrées à la mi-décembre, avant Noël. Un projet ambitieux que tous espèrent réussir dans les délais.