SNCF : des trains au diesel sur des lignes TER, "c'est toxique pour la santé" alerte ce collectif de médecins

Même si de plus en plus de lignes sont électrifiées et que des rames hybrides existent déjà, nombre de TER circulent encore au diesel en Alsace. Une pollution néfaste pour la santé des voyageurs et des agents de la SNCF, dénoncée par le collectif Strasbourg respire.

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C’est une petite musique qui, à force d'être murmurée à nos oreilles par la SNCF, a fini par devenir un postulat : pour réduire nos émissions de CO², mieux vaut prendre le train plutôt que sa voiture. Si l’écart en termes d’empreinte carbone est abyssal entre un véhicule thermique et un TGV, il l’est parfois beaucoup moins lorsque l’on monte dans un TER.

Et pour cause, la plupart des lignes régionales secondaires ne sont, au mieux, que partiellement électrifiées, et la plupart des locomotives tournent encore au diesel. "Et même lorsqu’une partie de la ligne est électrifiée, la plupart des trains hybrides circulent en mode diesel sur l’intégralité du trajet", déplore Thomas Bourdrel, porte-parole de Strasbourg respire, sur la page Facebook du collectif :

Également radiologue, il se bat depuis une dizaine d’années contre cette "aberration". Il cite l’exemple de la ligne Strasbourg-Molsheim, électrifiée entre la capitale alsacienne et Entzheim. "Pourtant, ce n’est que du diesel qui est utilisé du début à la fin. Pourquoi ne pas changer de régime en cours de route ?", s'interroge-t-il.

Et à la fin, c'est (souvent) le diesel qui gagne ?

Peu à peu, les choses bougent, sous l'impulsion notamment de Thibaud Philipps, maire d'Illkirch-Graffenstaden et vice-président de la région Grand Est en charge des transports. "Sur la ligne Strasbourg-Haguenau, également en partie électrifiée, des conducteurs ont passé une formation pour changer de régime en cours de trajet, argumente l'élu. Il faut actionner le pantographe (dispositif articulé qui permet de capter le courant, NDLR), ce qui constitue une manœuvre assez technique. Cela prend un peu de temps pour que cela entre dans les mœurs." 

La région Grand Est et la SNCF, à qui incombe la charge de ses formations, ont aussi lancé sur le tronçon Strasbourg-Sarreguemines une expérimentation en juillet en mettant sur les rails une rame régionale hybride bi-mode. Celle-ci est capable de passer d’un régime électrique à un moteur diesel soutenu par des batteries lithium. Testée en Occitanie, puis en Nouvelle-Aquitaine, cette technologie réduirait l’énergie consommée de 20%, selon la région.

Autre avancée, la mise en œuvre à la fin de l’été de la ligne électrifiée entre Strasbourg et Vendenheim, qui permet d’après les données officielles d’économiser 300 000 litres de carburant par an. "Cela s'améliore, mais il faut accélérer la cadence et surtout se servir de toutes les portions déjà électrifiées", insiste Thomas Bourdrel.

Un impératif écologique qui se heurte à une logique financière. "Passer d'une ligne classique à une ligne électrique coûte entre un à deux million(s) d'euros du kilomètre. On ne peut engager de telles sommes que lorsque c'est pertinent en termes de nombre de trajets. Sur les petites dessertes, on ne peut pas se le permettre", estime Thibaud Philipps. Entre Strasbourg et Vendenheim par exemple, les "135 aller-retour" quotidiens ont justifié l'investissement. 

Des dangers la santé, y compris pour les agents de la SNCF

Derrière l'aspect technique se cache le nœud du problème. Aux yeux de Thomas Bourdrel, cela représente un enjeu de santé public. Le médecin alerte en particulier sur les émissions de dioxyde de soufre, SO². "C’est très toxique, surtout en gare lorsque l’on préchauffe le moteur des trains pendant plusieurs dizaines de minutes. Ça équivaut aux émissions d’une centaine de voitures."

Et puis, il y a la pollution à l’intérieur des rames. "Il suffit de voir les plafonds noirs de particules diesel dans les TER. On soulève aussi que c’est un problème de santé pour le personnel navigant et d’entretien, ajoute-t-il. Ce sont des particules cancérigènes fines, voire ultra-fines qui majorent les pathologies respiratoires chroniques, les cancers du poumon et les maladies cardio-vasculaires."

Le médecin dénonce aussi derrière cette situation une certaine forme d'hypocrisie. "Nos politiques exhortent les citoyens à changer leurs habitudes, on met en place autour de Strasbourg une zone à faibles émissions en obligeant les gens à changer de véhicule. Il faut que la SNCF et les pouvoirs publics fassent les mêmes efforts."

Thibaud Philipps abonde en ce sens : "Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai été surpris, pour ne pas dire choqué, de voir tourner des trains diesel en gare de Strasbourg, surtout sous les marquises où l'air est concentré. C'est un sujet sur lequel je travaille beaucoup", promet-il. Une nécessité pour prendre le train le cœur léger et les poumons moins chargés... Si votre TER est à l'heure bien sûr, mais ça, c'est une autre histoire.

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