L'amélioration de la qualité de l'air ces dernières années à Strasbourg a entrainé un report de l'interdiction des véhicules Crit'Air 3 à l'horizon 2027 par l'Eurométropole. De quoi inquiéter plusieurs médecins qui signent une tribune en ce lundi 14 octobre, journée nationale de la qualité de l'air.
La pollution de l'air à Strasbourg a largement baissé ces dernières années : -37% pour le dioxyde d'azote et -47% pour les particules fines (PM 2,5) entre 2019 et 2023. L'Eurométropole s'en est félicité, vantant sa politique en faveur des mobilités douces et la mise en place en 2022 de la Zone à faibles émissions (ZFE). Au point de repousser de deux ans l'interdiction des véhicules Crit'Air 3, de 2025 à 2027.
"Nous sommes attentifs au coût de la vie, donc nous poursuivons la ZFE mais nous laissons un peu plus de temps aux Crit'Air 3 pour faire de l'accompagnement et de la pédagogie, assure la vice-présidente de l'Eurométropole de Strasbourg en charge de la qualité de l'air, Françoise Schaetzel. Les aides vont se poursuivre."
Ces bons résultats sont "un trompe-l’œil", affirment plusieurs médecins dans une tribune publiée ce lundi 14 octobre 2024. Strasbourg reste la troisième agglomération la plus polluée de France, après Paris et Lyon. "En 2023, la pollution par les particules très fines se situe à des niveaux 2 à 3 fois supérieurs aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)", rappellent les médecins.
"Pour la première fois dans l’Eurométropole, les concentrations en dioxyde d'azote - gaz toxique émis par les véhicules diesel - respecte les normes européennes. Cette amélioration est majoritairement imputable à une météo favorable à la dispersion des polluants ces deux dernières années", explique la tribune. La pluie a notamment amélioré la qualité de l'air. Reporter l'interdiction des véhicules Crit'Air 3, "c'est prendre un risque avec la vie et la santé des gens, sous prétexte qu'il a assez plu pour qu'on soit moins pollué", déclare Antoine Parmentier du collectif Strasbourg Respire.
Bénéfices pour la santé
Concernant le dioxyde d'azote, les normes de l'Union européenne, aujourd'hui à 40 µg/m³, sont renforcées à 20 µg/m³ à l'horizon 2030. L'Eurométropole défend son bilan et constate "une dynamique importante" de changements des habitudes de déplacement.
Les médecins signataires de la tribune restent néanmoins attentifs au développement du réseau de tramway, et en attendent plusieurs effets. "La réduction de l’usage de la voiture permettra des bénéfices en termes de santé, tant au plan de la santé physique que psychologique."
Pour l'heure, le contrôle automatique des véhicules dans la ZFE n'est pas opérationnel. L'État doit mettre en place des portiques d'ici 2027. Les médecins estiment que 500 personnes meurent chaque année autour de Strasbourg de la mauvaise qualité de l'air, "sans compter les personnes qui perdent en qualité de vie, victimes d'asthme, ou de problèmes respiratoires", conclut Antoine Parmentier.