Déplacer la Gare de l'Est en banlieue : "Benjamin Griveaux a du trop jouer au Monopoly", raille Jean Rottner

Dans un communiqué commun avec la Région Île de France, le président de la région Grand Est critique ce lundi 27 janvier la proposition de Benjamin Griveau, candidat à la mairie de Paris, de délocaliser la gare de l'Est en périphérie de Paris, pour créer un "Central Park" à la place. 

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La campagne municipale de Paris provoque des remous dans le Grand Est. La proposition de Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris, de déplacer la gare de l'Est en banlieue parisienne pour créer à la place un espace végétalisé, un central park parisien, ne passe pas du tout auprès des présidents de la Région Grand Est mais aussi en Île de France. Ce lundi 27 janvier, les deux présidents de Région ont publié un texte commun pour expliquer leur opposition à ce projet électoral. 

"La Gare de l’Est n’appartient pas à Paris mais à ses voyageurs !" Voilà en substance le message du président de la Région Grand Est. Expliquant que depuis plusieurs décennies, "les pouvoirs publics se sont efforcés de mailler progressivement le territoire avec des infrastructures de transports ferroviaires afin de faciliter les déplacements entre les Régions et les autres pays européens. Les gares parisiennes sont ainsi aujourd’hui les garantes d’un aménagement du territoire harmonieux et ont, à ce titre, une vocation nationale".

Dans un tweet rageur, le président du Grand Est, Jean Rottner, affirme que le candidat parisien a du "trop jouer au monopoly dans son enfance". Car pour lui ce serait non seulement impossible, mais pénalisant pour les usagers. Il s'agit d'une mesure de "greenwashing à outrance". En gros, une volonté de repeindre en vert sa campagne qui patine. 
 


 
La proposition de Benjamin Griveaux, candidat à la Mairie de Paris, de délocaliser la Gare de l’Est en périphérie, relèverait selon le communiqué signé de Jean Rottner, "d’une parfaite méconnaissance de la réalité des transports mais aussi d’une totale indifférence pour les territoires de banlieue et les habitants du Grand Est. La Gare de l’Est est la porte d’entrée de Paris pour des dizaines de milliers de voyageurs franciliens qui l’empruntent chaque jour, mais elle est également une destination privilégiée des usagers en provenance de l’Est de la France, de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Suisse.
 

"Une aberration pour les voyageurs"

"Transférer la Gare de l’Est en banlieue serait un non-sens économique, une aberration pour des milliers de voyageurs, et une vraie faute politique tant elle irait à l’encontre d’échanges facilités avec nos voisins. Quel mépris par ailleurs pour les habitants de banlieue et ceux de l’Est qui n’auraient plus d’accès direct au cœur de Paris". Profitant du communiqué, le président du Grand-Est rappelle les chantiers en cours dans sa région. L'électrification tant attendue de la ligne Paris-Troyes, par exemple. 
 
"Nous pensons aux habitants de la Seine-et-Marne et de l’Aube avec lesquels nous nous battons face aux défaillances de l’Etat. Nous œuvrons au quotidien pour leur apporter des transports dignes de ce nom, notamment avec l’électrification des différentes branches de la ligne, qui se verraient, malgré ces efforts, exclus du centre de Paris. Quel gâchis, alors même que l’Etat et les collectivités ont dépensé plus de 3 milliards d’euros pour la création de la LGV Est afin de raccorder Paris à Strasbourg en un peu moins de 2h contre 4h initialement".

Pour le candidat parisien, cette mesure aurait pour but d'absorber le flux des passagers toujours plus nombreux dans cette gare. D'où, selon lui l'idée d'une nouvelle gare métropolitaine et d'un grand parc central, dans les quartiers les plus populaires de Paris. 
 
 
Pour les élus régionaux, ce qui est reproché, c'est "l’absence totale de réflexion et de préparation face à un projet extrêmement complexe et onéreux". "Une opération de cette ampleur coûterait des milliards d’euros", précise le communiqué. Elle nécessiterait selon eux entre 10 et 15 ans pour être réalisée compte-tenu des procédures, avec des travaux titanesques. On ne peut qu’être dubitatif continue Jean Rottner, face aux annonces de Benjamin Griveaux, qui espère faire financer un tel projet pharaonique, qu’il estime à seulement 1,5 milliard d’euros, par du mécénat privé.
 

Couvrir les voies ferrées ? 

Si l’idée d’un parc urbain parisien est clairement séduisante, continuent les présidents des Régions Grand Est et Île-de-France, "elle ne peut se faire dans l’improvisation la plus totale et en sacrifiant les salariés de l’Est parisien, les habitants de l’Est de la France, et plus globalement, les voyageurs de l’Est européen. A ce prix-là, pourquoi ne pas plutôt couvrir les voies ferrées et le périphérique avec de grands espaces verts ? Une idée moins coûteuse et moins hasardeuse…"
 
Si la mesure proposée par le candidat Griveaux fait réagir, elle a donc au moins le mérite de susciter une réflexion au-delà des échéances municipales.  Faire de cette gare "un hub français et européen de première importance", proposent les élus. "Paris mérite mieux qu’une partie de Monopoly où les Gares seraient des enjeux électoraux. La France, comme l’Ile-de-France ont besoin de leurs gares dans un contexte environnemental où les mobilités doivent être toujours plus vertueuses et où le ferroviaire demeure une alternative bas-carbone crédible et porteuse d’avenir. Non, Monsieur Griveaux, Paris ne vaut pas de sacrifier la Gare de l’Est !"
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