"Des cafards dans le biberon", l'enfer d'une mère de neuf enfants dans son appartement infesté d'insectes

Jessica, mère de 9 enfants habite un appartement rempli de cafards dans un quartier de Reims. Elle envisage de porter plainte contre son bailleur social. Sa vie et celle de sa famille est devenue un enfer. Son récit est édifiant.

Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Le 2 février 2023, en pleine nuit, Jessica a emmené sa fille de 6 ans à l’hôpital Maison Blanche de Reims. L’un des nombreux cafards qui infestent son appartement lui a mordu l’oreille pendant son sommeil. "Ma fille hurlait et pleurait, elle a été complètement traumatisée", décrit la mère au foyer âgée de 30 ans.

Quand elle a emménagé en novembre 2019 dans son 73m2 du quartier Croix du Sud avec ses 7 enfants - aujourd’hui 8 à domicile - Jessica espérait trouver un peu de calme. Mais moins de trois ans plus tard, des cafards sont apparus. « Au début, ça allait encore, mais c’est rapidement devenu impossible. Ça grouille de partout ! ». Des centaines de parasites ont envahis son logement. Dans la baignoire, dans le rouleau de papier toilette, jusque dans les chambres de ses enfants. Sa fille de 7 ans a subi 23 morsures de cafards dans le dos. « J’ai honte. Je n’ai même plus de canapé, tous les murs sont détapissés. Concrètement je dors dans un squat. J'ai 30 ans, mais l'impression d'en avoir 80 ».

La situation d’insalubrité se révèle dangereuse pour sa santé et celle de ses enfants. « Mon enfant de 3 ans a un retard psychomoteur. Je ne le pose pas sur le sol à cause des cafards, j’ai trop peur », ajoute la mère au foyer qui paye 150€ par mois avec les aides au logement, pour un loyer à 500€ charges comprises.

Dépôt de plainte envisagé

La désinsectisation au gaz en décembre 2022 n’a, selon elle, pas suffi et a même "empiré". Un responsable du service communication du bailleur social Plurial Novilia nous a déclaré que le problème est connu et pris en charge. "Une nouvelle intervention de gazage des insectes va être programmée. Une solution d’hébergement temporaire est en cours d’étude avec les services sociaux. Une visite sera faite aujourd'hui pour réaliser un diagnostic du logement". La situation serait donc prise au sérieux côté bailleur, en "veille active" sur ce dossier. Jessica, elle, attend de voir. 

Ce jeudi, les techniciens mandatés par le bailleur ont affirmé devant Jessica qu’ils allaient "gazer deux fois plus, qu’ils allaient siliconer les fissures au niveau des plinthes et qu’ils vont voir avec l’assistante sociale pour le règlement car ça va coûter très cher". Ils sont restés quinze minutes. 

Pour constituer un dossier et porter plainte contre le bailleur, Jessica s'est rendue au commissariat de police le 4 février à Reims. Il lui a été conseillé de faire témoigner des personnes sur sa situation. Parmi les attestations dont elle dispose, et dont nous avons eu copie, une sage-femme, un huissier, une assistante sociale. Cette dernière précise par écrit : "j’ai connu Jessica lorsque j’intervenais à son domicile au moment de la naissance de sa fille. Le logement propre bien rangé était alors sans présence de cafards. (...) Elle a toujours assuré une bonne hygiène du logement pour ses enfants et elle-même. Au fil des mois, des cafards sont apparus au domicile familial, favorisant la peur, le stress au sein de la famille. Les enfants n’osaient plus aller aux toilettes, la nuit par peur des insectes. Jessica a développé des insomnies et un stress dû aux insectes, étant nombreux la nuit à envahir les murs".

Jessica confirme que la situation est devenue intenable. "Mes enfants s’urinent dessus la nuit car toutes les pièces sont infestées. Mon fils en fait des cauchemars et n’en dort plus , il se réfugie dans mon lit". Ce qu'elle dit a été vérifié. Documents à l'appui, Jessica ne lâche rien.

Je n’ai plus de vie sociale, personne vient chez moi et je vais chez personne.

Jessica

mère de famille

Elle nous a fait parvenir des certificats médicaux du médecin traitant et du psychiatre même de l'assistante sociale. Ils attestent que l’équilibre de sa famille est impacté par cette situation. "J’en fais des malaises à cause du stress et du manque de sommeil lié à la problématique des cafards. Je n’ai plus de vie sociale, personne vient chez moi et je vais chez personne. C’est une honte pour moi, soupire Jessica. Je n’arrive pas à avoir un appartement plus grand pour mes enfants qui vivent dans cette merde. On perd un à un notre mobilier".

En filigrane, cette mère de famille craint de voir ses enfants être placés ailleurs. "Nous sommes des êtres humains nous ne sommes pas des déchets. Ma fille ne veut plus venir à mon domicile à cause des cafards, mon coeur de maman est brisé. Nous survivons mais jusqu’à quand ?"

(Avec Prunelle Menu). 

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