L’université de Reims-Champagne-Ardenne (Urca) accueille la deuxième édition du symposium "Transdisciplinary research for a healthy planet". Ce jeudi 15 et vendredi 16 février, de nombreuses conférences sont données par des scientifiques climatologues reconnus. Deux Prix Nobel de la paix de 2007 pour le Giec étaient notamment présents, Valérie Masson-Delmotte et Wolfgang Cramer. L’occasion d'échanger avec des étudiants et de lancer officiellement l’Institut Exebio.

"Je pense toujours à l’étudiante que j’étais il y a 30 ans. Celle que j’étais lorsque je suis arrivée aux sciences du climat, émerveillée par le progrès des méthodes scientifiques comme de l’observation de la Terre depuis l’espace, les carottages pour les climats passés ou la modélisation du climat."

Valérie Masson-Delmotte se voit dans les étudiants de l’Université de Reims-Champagne (Urca), assis ce jeudi 15 février, face à elle. La paléoclimatologue récompensée du Prix Nobel de la paix en 2007 au titre du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est présente avec de nombreux confrères venus parler de climat et d’écologie, dans le cadre de la deuxième édition du symposium "Transdisciplinary research for a healthy planet" (Recherches transdisciplinaires pour une planète saine). Ce congrès réunit plusieurs sommités de la science environnementale, et offre aussi un espace d’échanges et de rencontres.

Il a aussi été question, en parallèle, de lancer officiellement l’Institut Exebio, institut international en bioéconomie et environnement, créé au 1er janvier 2024 par l’Urca. Son objectif : promouvoir la recherche transdisciplinaire et l’innovation de solution concrète et durable face au changement climatique et à la perte de biodiversité. D’importants moyens sont ainsi octroyés pour établir trois axes prioritaires : la recherche d’excellence, une "graduate school européenne", et des partenariats avec le monde industriel.

Les scientifiques de demain

"Il y a 30 ans, nous n’avions pas encore une compréhension fine des leviers d’actions en termes de climatologie", ajoute Valérie Masson-Delmotte. Elle poursuit : "Aujourd’hui, les impacts sont là : chaleur, sécheresse, recul de l’enneigement, montée du niveau de la mer… Nous avons aussi une vision beaucoup plus fine de ce qui peut être mis en œuvre pour s’adapter au climat qui change et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre."

 L’environnement est un défi pour tout le monde mais qui, pour de jeunes professionnels, est quelque chose qui peut être très stimulant, avec la possibilité d’acquérir un rôle de passeur dans le reste de la société sur ces enjeux.

Valérie Masson-Delmotte, prix Nobel de la Paix en 2007 pour le Giec

 

En dehors de la conférence, la directrice de recherche au CEA au sein du laboratoire des sciences du climat et de l’environnement à Paris Saclay, également membre du Haut conseil du climat, a échangé avec ces étudiants de l’Urca. Elle remarque leur volonté d’être acteur de la cause environnementale, par l’envie d’apprendre de nouvelles compétences dans la mise en place, notamment, de stratégies d’adaptation et de gestion des risques.

"L’environnement est un défi pour tout le monde", dit-elle, "mais qui, pour de jeunes professionnels, est quelque chose qui peut être très stimulant, avec la possibilité d’acquérir un rôle de passeur dans le reste de la société sur ces enjeux".

Parmi les scientifiques présents, un autre Prix Nobel de la paix de 2007 a pris la parole, Wolfgang Cramer, de l’institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale d’Aix-en-Provence.

Il déclare : "La formation scientifique des jeunes est extrêmement importante. La science est en pleine évolution, ce n’est pas juste une simple constatation des dégâts, ni juste un développement des technologies. La science peut nous amener à une société plus saine, une façon de vivre beaucoup plus durable. J’espère, avec des événements comme ce symposium, faire notre part pour former et aider à la réflexion. C’est formidable d’avoir autant de jeunes dans la salle ".

La Champagne-Ardenne, marqueur précieux du climat

La Champagne-Ardenne est un territoire agricole. La Marne est connue pour sa viticulture, tandis que le sud de la Haute-Marne, par exemple, est indissociable de l’élevage. Le département est ainsi un élément important d’analyse du climat. D’ailleurs, "les dates des vendanges sont un marqueur précieux de l’évolution du climat depuis plusieurs siècles", explique la paléoclimatologue.

Elle souligne également que "la production agricole est aux premières loges, faisant partie des secteurs d’activité les plus durement touchés par les inondations, les vagues de chaleur, entraînant la chute de rendement et la fragilisation des trésoreries des exploitants agricoles. Ils portent de manière disproportionnelle le risque par rapport au reste de la société".

Selon elle toujours, un ensemble de leviers peut être déployé, mais ne relève pas que de la responsabilité des agriculteurs. Pour que cela soit fait de manière juste, il y a besoin de récompenser les meilleures pratiques et à la contribution du secteur agricole dans la lutte climatique.

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