Le ministre de la Santé, François Braun, a confirmé la mort de Carène Mezino, infirmière de 38 ans, au lendemain de l'attaque au couteau dans l'hôpital Maison Blanche de Reims, lundi 22 mai. Une minute de silence a eu lieu à 13h30.
Un monde hospitalier en "deuil". Lundi 22 mai, deux membres du personnel du centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims (Marne), situé quartier Maison Blanche, ont été agressées au couteau. L'une des deux personnes, Carène Mezino, infirmière au sein de l'unité de médecine et santé au travail, âgée de 38 ans, est morte dans la nuit des suites de ses blessures. La deuxième personne agressée est Christine Durand, secrétaire médicale qui travaillait au sein du même service. D'après nos informations, ses jours ne seraient pas en danger.
En fin de journée, le président de la République a annoncé faire part de son soutien aux victimes.
Les syndicats vigilants
Du côté de Lydie Kisch, secrétaire adjointe de la section syndicale Force Ouvrière (FO) du CHU de Reims, on constate "qu'aujourd'hui, ce n'est pas un hôpital mais une famille qui est en deuil. Je ne vous cache pas l'émotion qu'on a eu ce matin quand on a appris [la mort de notre collègue]. C'est un drame que l'on vit aujourd'hui, et on présente nos sincères condoléances à toute sa famille, et tout notre soutien."
"Hier, le ministre était comme nous : dans l'émotion. On a tous son soutien. Aujourd'hui, on a un F3SCT [ex-CHSCT, comité hygiène et sécurité au sein d'une structure de travail ndlr] avec toute la direction. On espère avoir quelques annonces au niveau de la sécurité du CHU. Mais on ne sait pas vers où aller : on est quand même dans un hôpital public qui est ouvert à tout le monde. Comment cloisonner un hôpital ouvert 24 heures sur 24, ça va être compliqué ?"
On espère avoir quelques annonces au niveau de la sécurité du CHU.
Lydie Kisch, secrétaire adjointe de la section syndicale Force Ouvrière (FO) du CHU de Reims
La syndicaliste rappelle que "de surcroît, on a un super service de sécurité, qui est là jour et nuit toute l'année. Peut-être pourrait-on faire un effort au niveau des effectifs, mais mettre quelqu'un derrière chaque porte, ce sera un peu compliqué..."
Des badges d'accès avaient commencé à être mis en place le mois précédent afin de contrôler les entrées et réserver l'accès de certains secteurs au personnel autorisé. La sécurité actuelle de l'hôpital a été décrite comme étant "optimale" par Lydie Kisch.
Une cagnotte pour la famille de Carène
Une cagnotte en ligne a été ouverte sur le site Leetchi pour récolter des fonds à destination de la famille de Carène Mézino. "Soignantes et amies de Carene, nous voulons lui rendre hommage et aider ses proches dans cette difficile épreuve, est-il indiqué en description de celle-ci. C‘est pourquoi, nous mettons en ligne cette cagnotte afin d'y recueillir vos dons si vous le souhaitez." En quelques heures, plus de 2000 euros ont déjà été collectés.
Minute de silence à 13h30
Une minute de silence a été rendue dans la cour d'honneur du CHU de Reims à 13h30, pour rendre hommage à Carène Mezino. Des centaines de personnes étaient réunies. "Carène Mezino a passé sa vie au service des autres", a souligné la directrice de l'établissement, Laetitia Micaelli-Flender.
Et de préciser "que c'est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès la nuit dernière de Carène Mezino, infirmière du service public hospitalier. Et ce malgré les premiers secours effectués très rapidement, et la mobilisation exemplaire de tous. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, ses proches, et à ses collègues [...]. Nous partageons leur douleur et leur peine."
Plusieurs dizaines de roses blanches ont été déposées devant un banc, au centre de l'établissement. Un livre d'or a été ouvert pour recueillir les messages de condoléances : il sera transmis à la famille. L'émotion était très vive.
Une membre du personnel a déclaré au micro de France 3 qu'"on va continuer à travailler. Et on fera attention. Même si je me suis sentie mal pendant la minute de silence, et que je ne me sens pas très bien : je peux me dire que ça aurait pu être moi..." Deux autres de ses collègues se disent "très choquées, éprouvées après cette minute de silence. On espère que ça n'arrivera plus jamais." Une quatrième déplore "qu'on ne vient pas travailler à l'hôpital pour se faire tuer".
Par ailleurs, le ministre de la Santé a appelé à ce qu'une minute de silence soit respectée dans tous les hôpitaux de France, le mercredi 24 mai. Elle aura lieu à midi.
Portrait de la victime
Originaire de la commune de Champlat-et-Boujacourt (Marne), Carène Mezino résidait avec son mari et ses deux enfants, âgés d'une dizaine d'années, dans une autre commune marnaise, à Ville-en-Tardenois. Elle s'est accrochée à la vie durant de longues heures au bloc-opératoire, mais elle n'a pas pu être sauvée. Voici un article que France 3 Champagne-Ardenne lui consacre.
L'agresseur, un homme âgé de 59 ans, a été arrêté. La direction de l'hôpital a écrit à l'ensemble du personnel pour lui manifester son soutien dans cette épreuve.
Le temps "est au recueillement"
Dans la matinée, le ministre de la Santé, François Braun, a pris la parole pour résumer ce que l'on sait du drame. "L'agression qui a eu lieu hier à l'hôpital de Reims nous anéantit tous aujourd'hui, bien entendu. Je veux d'abord avoir une pensée pour les familles, pour les proches, pour les soignants de cet hôpital. Pour tous ceux qui sont intervenus sur ce drame. Et d'une façon générale pour l'ensemble des soignants."
"Le temps est maintenant au recueillement. Pour autant, l'agression d'un soignant est quelque chose d'inqualifiable, d'inadmissible. Je réunirai dans la semaine l'ensemble des représentants des soignants. Pour qu'au-delà de cette période nécessaire de recueillement, nous mettions en oeuvre très rapidement l'ensemble des mesures qui seront utiles pour mieux préserver la sécurité et la vie de nos soignants. Ils confient toute leur carrière pour soigner ceux qui en ont le plus besoin. Les agresser est tout à fait incompréhensible."
Sollicité par une journaliste lui rappelant les mesures proposées dans le dernier rapport de l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVMS), le ministre a ajouté que "nous allons reprendre l'ensemble de ces propositions avec les représentants du personnel. Ainsi que les travaux qui sont déjà menés au sein du ministère. [Nous allons] prendre rapidement les mesures qui s'imposent, évidemment. Mais aujourd'hui, je le redis : le temps doit rester au recueillement."
Ce que l'on sait de cet agresseur "déséquilibré"
L'homme de 59 ans, interpellé après son agression au couteau, a déjà été poursuivi à Châlons-en-Champagne (Marne) pour des faits de violences aggravées, a-t-on appris de source policière. En juin 2017, il avait agressé au couteau quatre membres du personnel d'un foyer d'hébergement du service d'aide par le travail du Meix-Tiercelin, près de Vitry-le-François (Marne). Il vivait sur place depuis une vingtaine d'année.
Souffrant de troubles sévères selon le parquet, il avait bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité pénale. Ce dossier devait tout prochainement être évoqué par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Reims pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d'être prises.
Arnaud Robinet, sur RMC, ce mardi matin, indiquait que l'individu, "un déséquilibré", "avait semble-t-il arrêté son traitement." Et d'ajouter : "Ce n'était pas un patient du CHU. Il était sous curatelle à Reims et soigné dans un autre établissement de la Marne. Il est venu au CHU de Reims alors qu'il n'avait rien à y faire."
Le CHU de Reims en deuil
Depuis ce matin, le compte Facebook du centre hospitalier universitaire de Reims porte les marques du deuil. Une bannière noire a été ajoutée à la photo de profil. Celle en couverture est passée de la couleur au noir et blanc. En commentaire, une pluie d'hommages.
10h : réunion sur la sécurité à l'hôpital
La direction du CHU de Reims et les représentants du personnel tiennent, depuis 10 heures, un F3SCT (nouveau CHSCT) extraordinaire, pour évoquer les conditions de sécurité au sein de l'établissement.
Filtrages à l'entrée de l'hôpital, sécurisation des espaces privés des employés... Voici le genre de mesures qui seront certainement débattues lors de ce rendez-vous très attendu par les syndicats.
7h16 : le ministre de la Santé annonce la mort de l'infirmière
Elle n'aura pas survécu à ses blessures. Ce mardi matin, à 7h16 François Braun a annoncé la nouvelle dans un tweet. "Je viens d’apprendre avec une immense tristesse le décès de Carène, infirmière de 38 ans violemment agressée hier au @CHUdeReims, a écrit le ministre de la Santé. Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin.