Les manifestants étaient 2 400 selon la police, plus de 5000 selon les syndicats à Reims ce 28 mars. Moins nombreux que lors de la manifestation du 23 mars, où la police avait compté 4 200 manifestants. Pour la 10e journée de contestation contre la réforme des retraites, les jeunes ont été plus visibles.
La manifestation a pris fin dans le calme vers 12h40. La dispersion du cortège n'a pas donné lieu à des affrontements comme ce fut le cas le 23 mars à Reims. Certains jeunes ont regagné leur établissement scolaire. Un important cordon de CRS avait été installé au milieu de la route qui mène du centre ville de Reims vers la voie Taittinger, pour éviter tout débordement du cortège vers l'autoroute et empêcher toute velléité de blocage de cet axe stratégique. Les premiers comptages font état de 2 400 personnes dans le cortège de ce 28 mars, selon la police à Reims. De leurs côtés, les syndicats évoquent de 5 à 10 000 personnes. En tout état de cause, c'est moins que le 23 mars.
Vers 12h, un cortège de jeunes manifestants s'est formé en plus du cortège traditionnel et souhaite organiser son propre cortège. Selon certains jeunes rencontrés, "les syndicats sont trop encadrés". Et ne sont pas assez visibles. Ils ne souhaitent pas être violents, disent-ils, mais veulent bloquer le tramway au centre de Reims. "On sait qu'il y a des jeunes qui n'ont jamais manifesté. On veut juste se faire entendre. Les foulards sur le visage, c'est pour être anonyme, ne pas se faire interpeller et protéger notre identité. On crie ACAB, surtout pour que les policiers quittent la profession, mais on n'est pas contre tous les policiers. Certains n'ont pas le choix, je sais que c'est dur à entendre pour eux, mais on a le sentiment qu'ils ne protègent plus le peuple".
Pour la précision, ACAB, acronyme de l'anglais « All cops are bastards » (« Tous les flics sont des salauds»), est un slogan anti-police popularisé durant la grève des mineurs britanniques de 1984-1985. Il a été entendu dans les cortèges partout en France.
Le cortège de manifestants a commencé à défiler vers 10 heures à Reims, ce mardi 28 mars 2023 contre la réforme des retraites. Le 23 mars, entre 4.200 et 9.000 personnes avaient défilé dans la cité des sacres. La manifestation s'était terminée par des affrontements entre forces de l'ordre et casseurs. Parmi les participants, Jules a 15 ans. Il est lycéen en classe de seconde. Il nous explique venir ce 28 mars, car il trouve que cette réforme est aberrante. "Des médecins disent qu'à partir de 62 ans, le corps ne suit pas. La vie n'est pas que travailler. Je trouve que le président Macron se moque de notre avis. J'ai commencé à manifester début février. Pour moi, le déclic ça a été le fait qu'il veuille actionner le 49.3."
"Je me mobilise aussi contre les violences sexistes. Il y a un ras-le-bol général, ce n'est pas la première fois qu'ils utilisent le 49.3. Il faudrait nous écouter. Je me dis que les jeunes doivent se mobiliser, car certes la retraite c'est dans longtemps, mais si ça continue ce sera à 70 ans. Cela nous concernera plus tard. Quant à la violence, jeudi dernier [e 23 mars; ndlr], la seule chose qu'on a faite, c'est de changer de rue. On nous a balancé des fumigènes sans sommation. Il y a des gens extrémistes, mais pas que du côté des jeunes. C'est pas parce qu'il y a plus de jeunes qu'il y a plus de violence."
A 10h30, juste derrière l'intersyndicale, une centaine de jeunes est présente. Pour la plupart, des lycéens. Ils lancent des slogans et se font entendre. La mobilisation semble en légère baisse par rapport à la journée du 23 mars. Mais les jeunes se font toujours entendre.
"Le peuple en a marre"
Cassandre en fait partie. Elle brandit un thermomètre avec 49,3 degrés. "On en a marre de se faire marcher sur les pieds par le gouvernement. Le fait que notre voix ne soit pas entendue. Nos représentants ne nous représentent pas, à cause du 49.3. Le peuple en a marre. La suite, j'aimerais qu'on brûle tout, que tout soit cassé. On ne peut pas se faire entendre autrement. Le seul moyen de se faire entendre, c'est par ces gestes", affirme cette étudiante en droit âgée de 20 ans.
"Il faut passer à la vitesse supérieure", continue la jeune femme. "Je comprend que ça choque mais il n'y a pas de résultat. Notre monde est violent, c'est comme ça. C'est le moment d'y aller. Nous n'avons pas de moyens de pression sur eux, sur le gouvernement. Les élus ne sont pas entendus."
Michel, 65 ans de Reims, s'est rangé derrière les jeunes. "Ils sont enthousiasmants, c'est normal qu'ils soient devant. Ils n'ont pas d''idées préconçues, mais ils sont l'avenir. Les jeunes peuvent faire changer quelque chose. Eux sont plus virulents et ils ont des bonnes idées, nous on marche, on ne fait pas peur au gouvernement".
Une enceinte portable crache du Orelsan, des remix de tubes des jeunes générations. Sur les pancartes, "la retraite à 60 ans, Macron t'es foutu, les jeunes sont dans la rue". Des son nouveaux font leur apparition.
Vers 11h, des jeunes vêtus de noir, essayent de dévier le cortège. Les manifestants se séparent. Une scission se forme. Un petit groupe se dirige vers une autre rue. La tête de cortège se retrouve esseulée. 200 personnes ont changé de trajet.
Le deuxième cortège souhaite "bloquer la ville de reims. Une manifestation sauvage. Car le parcours prévu n'était pas bien", indique Kylian, l'un des jeunes manifestants cagoulés. On était devant, on a suivi, déclare Quentin, 17 ans, un autre jeune qui a suivi le groupe. "On voit nos parents qui travaillent avec acharnement et rentrent tard. On leur dit qu'il va falloir travailler plus. Moi je manifeste pour eux. Je souhaiterai que ça bouge côté politique, des réponses en plus. Le gouvernement joue le temps qui passe. J'espère qu'ils vont bouger et que ça va se résoudre".
Un groupe de manifestants en majorité des jeunes, se dirige vers la cathédrale. Une trentaine de jeunes masqués mène la danse. Le cortège doit en théorie faire une boucle dans le centre-ville, depuis, et vers la maison des syndicats.