L'uniforme à l'école doit être expérimenté dans une centaine d'établissements scolaires en France à la rentrée prochaine. À Reims (Marne), cinq écoles doivent participer à ce test. On fait le point sur ce qui est acté et ce qui reste à définir sur ce sujet.
Avant une possible généralisation en 2026, certains élèves scolarisés à Reims (Marne) vont porter un uniforme dès 2024. Une expérimentation doit être mise en place à la rentrée scolaire dans cinq écoles.
Si des noms d'établissements ont pu circuler dans la presse cette semaine, rien n'est encore tranché, assure Véronique Marchet, adjointe au maire déléguée à l'éducation, à l'école durable et à la jeunesse, interrogée ce vendredi 19 janvier 2024.
Un millier d'élèves concernés à Reims
La mairie a toutefois la volonté, en lien avec l'Education nationale, de retenir des écoles avec des profils sociologiques et démographiques différents. Un groupe scolaire regroupant maternelle et élémentaire pourrait figurer dans la liste.
Le travail de sélection avec l'Education nationale doit s'achever en février. Il sera ensuite temps de consulter les familles et les équipes des établissements. "Évidemment, c'est sur la base du volontariat des équipes éducatives", indique l'élue.
Elle n'imagine pas l'uniforme comme une solution miracle à toutes les difficultés de l'école. "L'uniforme est un outil supplémentaire pour créer de la cohésion, montrer une appartenance à une communauté éducative. Je pense que c'est un outil, mais ce ne sera pas le seul. Il y a évidemment bien d'autres manières de développer des compétences sociales."
Un uniforme gratuit pour les familles
L'uniforme, lors de cette phase d'expérimentation, n'aura pas de coût pour les familles. Un budget global de 200 euros par enfant a été défini. Le financement est réparti entre l'Etat et les collectivités locales, la mairie par exemple à Reims. Les enseignants ne sont pas concernés par l'uniforme.
Chaque commune est libre de composer son trousseau de vêtements comme elle le souhaite. A Reims, tout n'est pas encore tranché, mais il pourrait être composé en primaire de cinq polos, de deux pulls, deux sweats et de pantalons. En maternelle, si ce niveau scolaire figure bien dans l'expérimentation, l'uniforme pourrait être plus simple. "Les tout-petits, on ne leur imposera peut-être pas un uniforme de pied en cap", explique Véronique Marchet. Une blouse est envisagée.
Une fois ces questions tranchés, en lien avec les parents et la communauté éducative, la ville lancera un marché public. "Il y a un travail considérable pour trouver des équipementiers en capacité de fabriquer puis de livrer." Le tout dans des délais assez contraints, puisqu'il faudrait disposer des vêtements au plus tard fin août, pour préparer la rentrée de septembre. Entre 170 et 200 élèves seraient concernés dans chacune des cinq écoles retenues, soit un millier d'élèves au total.
Des parents d'élèves dubitatifs
Du côté de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), les questions sont encore nombreuses avant cette expérimentation. "Il est important de bien définir la finalité. Qu'est-ce qu'on attend de cet uniforme ? Un réel déclin du harcèlement ? Tout ce qui permettra d'aller dans ce sens est intéresant, mais on est loin d'être convaincu que c'est grâce à l'unifome qu'on arrivera à atteindre cet objectif", confie Isabelle Duyme, la présidente du conseil local de Reims de la FCPE.
"Suivant les tranches d'âge, ce sera plus ou moins facile à mettre en place", imagine-t-elle déjà, avec une acceptation probablement plus simple dans les petites classes. Même si elle est pour l'instant dubitative, la FCPE souhaite accompagner l'expérimentation. "On est tout à fait pour accompagner la démarche et aller vérifier qui est le plus proche de la réalité entre ce qui imagine le président et ce qu'on imagine de notre côté", indique Isabelle Duyme. Elle insiste sur l'importance d'associer les parents d'élèves à l'évaluation du dispositif.
Une généralisation imaginée pour 2026
Un point déjà pris en compte par Véronique Marchet, à la ville de Reims. "Il faut que ce soit vraiment un travail collégial entre la communauté éducative et l'Education nationale. Ce n'est pas une collectivité toute seule qui va pouvoir décréter que c'est bien ou non. On a vraiment besoin de tous les partenaires."
En France, une centaine d'établissements doivent expérimenter l'uniforme pendant deux ans. En Champagne-Ardenne, c'est le cas de Reims donc, mais aussi de Troyes (Aube). Le président de la République, Emmanuel Macron, a indiqué lors de sa conférence de presse de mardi 16 janvier que la mesure pourrait ensuite être généralisée.
"Cette expérimentation sera évaluée méthodiquement et sur la base des résultats, s'ils sont concluants, nous la généraliserons en 2026", a-t-il ainsi indiqué. Il faudra alors trancher la question du financement de la mesure. Selon un sondage* réalisé à la rentrée 2023, 70% des Français sont favorables au port de l'uniforme à l'école.
*Sondage YouGov France pour le HuffPost menée en ligne, du 2 au 3 septembre 2023. Enquête réalisée sur 1 014 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus.