Le Stade de Reims affronte ce jeudi 24 septembre le MOL Fehervar pour le 3ème tour de qualification de la Ligue Europa. Le club signe cette saison son retour sur la scène continentale après 57 ans d'absence. Maurice Barreau était gardien lors des derniers matchs européens de l'équipe en 1963.
Le 13 mars 1963, le Stade de Reims est éliminé par le Feyenoord Rotterdam en quarts de finale de la coupe d'Europe des clubs Champions (l'ancêtre de la Ligue des champions). La fin d'un âge d'or, celui de Raymond Kopa, des matchs à guichet fermé au stade Auguste Delaune et des retransmissions attendues à la radio.
Dans la cage rémoise ce soir-là, Maurice Barreau, 81 ans aujourd'hui. Resté amateur toute sa carrière, l'ancien gardien suit, avec nostalgie, le retour européen de son ancien club.
France 3 Champagne-Ardenne : Qu'est-ce que cela vous fait de revoir le Stade de Reims en coupe d'Europe, 57 ans après sa dernière épopée ?
Maurice Barreau : Un grand plaisir évidemment ! Cela vient récompenser l'excellent travail de la direction après une longue descente aux enfers et un dépôt de bilan (ndlr : en 1991). Ils ont su prendre leur temps pour reconstruire le club, avec une bonne gestion et beaucoup d'efforts : en tant que supporter rémois, je suis très satisfait.
France 3 Champagne-Ardenne : Que vous évoque la double confrontation contre le Feyenoord Rotterdam en 1963 (0-1 à l'aller / 1-1 au retour) ?
Maurice Barreau : Sur le coup, c'était d'abord une grosse déception car cela signifiait la fin de notre parcours européen. J'étais bien sûr loin d'imaginer sur le coup que le club mettrait 57 ans à retrouver la coupe d'Europe... Après d'un point de vue personnel, j'étais surtout très fier d'avoir participé à ces deux rencontres.
En 1958, je me souviens avoir suivi le beau parcours de l'équipe de France en Coupe du monde. Il y avait chez les Bleus de nombreux joueurs rémois mais aussi Albert Batteux (l'entraîneur historique du Stade de Reims). À l'époque, j'avais 19 ans et je jouais en tant qu'amateur à Beauvais. Je ne pouvais pas imaginer que quelques années plus tard, je jouerais aux côtés de Raymond Kopa et Jean Vincent !
France 3 Champagne-Ardenne : Comment s'est passée votre arrivée au Stade de Reims ?
Quand je me suis retrouvé au restaurant devant toutes ces stars, c'était quand même impressionnant !
Maurice Barreau : En 1958, quelques mois après la Coupe du monde, le Stade de Reims est venu jouer un match amical à Beauvais. J'ai tapé dans l'oeil d'Albert Batteux pendant la rencontre et quelques mois plus tard, j'ai rejoint Reims en tant que quatrième gardien.
À l'époque je ne pensais qu'au football et je ne me suis pas vraiment posé de questions. Bon, quand on est venu me chercher à la gare et que je me suis retrouvé au restaurant devant toutes ces stars, c'était quand même impressionnant !
France 3 Champagne-Ardenne : Et votre intégration dans l'équipe ?
Maurice Barreau : Les premières années, j'évoluais avec la réserve, donc toujours au niveau amateur. Mais à mon retour du service militaire, le gardien titulaire, Dominique Colonna, et les deux autres gardien remplaçants, se sont blessés coup sur coup.
Je me suis retrouvé à jouer mon premier match avec les professionnels en Coupe de France, au Parc des Princes, contre Angers en mars 1962. Nous l'avons emporté trois à zéro, j'ai gagné la confiance de l'entraîneur et j'ai ensuite enchaîné les matchs. On finit d'ailleurs champion de France cette année-là. La saison suivante, je suis resté en équipe première comme doublure de Dominique Colonna.
France 3 Champagne-Ardenne : Qu'avez-vous fait après votre passage à Reims ?
Maurice Barreau : Moi je n'ai jamais voulu signer professionnel, même lorsque je jouais en équipe première avec le Stade de Reims. À cette époque, footballeur professionnel était vraiment une profession, comment dire... aléatoire, et je m'inquiétais un peu pour ma situation et mon après-carrière.
Quand Reims est descendu en seconde division en 1964, j'ai pris la décision de retourner dans mon club formateur à Beauvais et de prendre un emploi de dessinateur industriel, mon métier initial. Mais j'ai continué de jouer en tant que footballeur amateur jusqu'à mes 45 ans.
France 3 Champagne-Ardenne : Quels souvenirs gardez-vous de la ville et de la région ?
Je serais ravi d'assister à un match de coupe d'Europe au stade Auguste Delaune !
Maurice Barreau : Bien sûr, je me souviens de la place Drouet d'Erlon et de la cathédrale. J'ai aussi en tête le siège du club qui était rue Buirette à l'époque. Je me rappelle aussi très bien du café des supporters, dans le quartier de la gare, où l'entraîneur faisait parfois ses causeries d'avant-match. On avait même le droit à une coupe de champagne, c'était bien (rires) !
Mais je ne suis revenu que deux fois à Reims depuis mon départ, pour jouer des matchs en amateur avec Beauvais. J'aimerais beaucoup retourner au parc Pommery où nous nous entraînions à l'époque. Et évidemment, je serais ravi d'assister à un match de coupe d'Europe au stade Auguste Delaune !