Tout le monde connaît les panneaux à l'entrée des communes qui vantent un jumelage avec une ou plusieurs villes du monde. Dans le Grand Est, plus de 400 partenariats de ce genre ont été conclus. Mais à quoi servent-ils réellement ? Exemple à Reims et à Sainte-Ménehould.
Paul et Adrien ont commencé leur apprentissage de l'allemand en début d'année scolaire. Avant leur premier cours, ces deux élèves de cinquième, scolarisés au collège de Sainte-Ménehould, baragouinait déjà quelques mots de la langue de Goethe. Pour cause, ils connaissent déjà bien l'Allemagne et en particulier la ville de Bruchsal. La commune de l'Argonne est jumelée avec la ville du Bade Wurtemberg. Chaque année, les clubs de judo, de gym, de danse, de vélo et même les pompiers se rencontrent. Paul a ainsi visité la jumelle avec son club de judo.
En 1970, Philippe Lunard, ancien professeur d'allemand, lance les premiers échanges scolaires entre les deux communes. Aujourd'hui président du comité de jumelage, il est fier des liens tissés entre les deux villes. "En formant les jeunes nous formions l'avenir. On a contribué à ouvrir l'esprit des gens et à faire apparaître les Allemands comme des partenaires possibles et l'Europe comme une maison que l'on peut construire de façon commune", félicite t-il.
Réconcilier les peuples
Cet exemple illustre parfaitement la volonté de réconciliation des peuples que souhaite l'Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1962, à Reims, le Général de Gaulle et Konrad Adenauer scellent la réconciliation franco-allemande. Au début des années 1970, le nombre de jumelages explose. Plus de mille sont signés donc celui entre Sainte-Ménehould et Bruchsal. Les préfectures poussent les communes à s'unir et mettent la culture au coeur des échanges.
C'est d'ailleurs grâce au jumelage de Reims avec Salzbourg en Autriche, qu'Hadhoum Tunc, chanteuse lyrique, a pu lancé sa carrière. Cette Rémoise a en effet été repérée par le comité de jumelage de la ville et a pu profité d'une formation en Autriche.
Tisser des liens économiques
Mais, désormais, l'économie rejoint la culture. Reims aura bientôt une huitème jumelle : Nagoya au japon. Outre des expositions mettant le Japon à l'honneur, la cité des Sacres entrevoit déjà des échanges économiques. "Nagoya, c'est la première ville industrielle du Japon, là où siège les usines Toyota", rappelle Benjamin Develey, adjoint (LREM) au maire de Reims et délégué aux relations européennes et internationales. "Ils viendront sans aucun doute dans les prochaines années avec le responsable de leur développement économique et nous irons au Japon avec cette même idée."