Epuisés, les infirmiers sont de plus en plus nombreux à exprimer leur malaise au travail. Stress, surcharge administrative, manque de personnel, leurs conditions de travail se dégradent.

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"J'ai été parasité par tout le travail administratif, témoigne anonymement une infirmière qui a quitté le CHU de Reims il y a quelques années. Je n'avais plus l'impression de prendre le temps avec les gens. Tu rentres chez toi, tu es vidée, tu n'en peux plus."

Les infirmiers sont de plus en plus nombreux à exprimer une grande souffrance au travail. L'administratif est devenu beaucoup plus lourd, les soins et le relationnel en pâtissent. Les soignants ont aussi la désagréable impression de devoir tout quantifier, transformer en chiffres ce qui relève de l'humain.

De moins en moins de personnel


"Une infirmière doit s'occuper chaque jour de 15 patients, déplore une autre soignante qui travaille à l'hôpital rémois. Que ce soit 15 patients grabataires ou 15 patients autonomes, c'est la même chose. Le personnel est de moins en moins nombreux."

Avec six réformes en 20 ans, l'hôpital public fait l'objet de nombreux plans, dont un nouveau est en cours d'élaboration cette année. Aucun d'entre eux n'a desserré, ni ne desserrera les contraintes budgétaires.

Le déficit effectif de l'hôpital public atteint 1,3 milliard d'euros en 2017. Aucun moyen supplémentaire n'est prévu pour les infirmiers ou les aides-soignants.

Le métier peut casser les corps et les esprits


Une infirmière sur cinq part en retraite avec un taux d'invalidité. "Il y a énormément d'infirmières qui ont des problèmes de santé, des troubles musculo-squelettiques, des problèmes de dos, d'épaule, déplore Chantal Berthélémy, infirmière et secrétaire générale CGT de l'hôpital d'Epernay. Le métier est tellement difficile, psychologiquement aussi."

Selon un baromètre du moral des professionnels de santé, 84% des infirmiers jugent leurs conditions de travail non-satisfaisantes.

Les infirmiers continuent d'aimer leur travail

Mais par amour de la profession, ils restent. "79% des infirmiers disent aimer leur job", affirme le Dr Grégoire Pigné qui a coordonné cette étude. Des soignants, et des infirmières en particulier, qui n'aiment pas leur job, il y en a très peu. Ce qui donne beaucoup plus de poids à cette souffrance."

Le CHU de Reims a mis en place des dispositifs de bien-être au travail comme des conciergeries, une crèche, des formations managériales qui visent à valoriser les agents ou des démarches de prise en compte des situations de souffrance.

Mais est-ce suffisant ? D'après une étude de leur caisse de retraite, l'espérance de vie des infirmières est de 78 ans contre 85 ans pour les autres femmes françaises.

► Retrouvez le grand format de Céline Lang et Raphaël Doumergue :



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