Grève des sages-femmes : aucun accouchement possible à la polyclinique de Reims-Bezannes, dans la Marne

En grève depuis le 24 septembre dernier, les sages-femmes de la polyclinique de Bezannes (Marne) haussent le ton. Depuis le 2 novembre, elles ont toutes rejoint le mouvement, aucune d'entre elles n’est présente sur site. Résultat : les salles d’accouchement sont fermées et les patientes réorientées vers les maternités de proximité.

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« Le but est de frapper un peu plus fort, parce qu’on a déjà alerté par des courriers, on a déjà alerté plus gentiment que ce qu’on fait actuellement. Mais cela n’a eu aucun effet ». A l’image de toutes ses collègues de la polyclinique de Reims-Bezannes, Marion Taton, sage-femme, est en colère. En cause, l’impression de ne pas être considérées, de ne pas être écoutées alors qu’elles sont mobilisées depuis plus d’un mois.

Alors pour se faire entendre, les sages-femmes de la polyclinique Courlancy de Reims-Bezannes sont désormais toutes en grève, au même moment. Aucune d'entre elles ne s'est présentée sur site depuis le 2 novembre. Résultat : impossible pour les patientes d’accoucher à la polyclinique, salles et bloc obstétrical sont fermés. Les accouchements doivent donc se pratiquer ailleurs.

Pour le bien-être des patientes

« On est vraiment désolées que cela impacte nos patientes et qu’elles se retrouvent baladées entre le CHU, Epernay et les maternités de proximité, poursuit Marion Taton. Mais cela nous parait nécessaire, on se bat pour elles ». Les sages-femmes de la clinique dénoncent en effet des conditions de travail qui mettent à mal, selon elles, la prise en charge des patientes, et notamment un sous-effectif chronique qui a des conséquences sur le bien-être des mamans et des nouveau-nés.

On ne peut parler de mise en danger des patientes, parce qu’il y a toujours une équipe sur place. Mais au rythme auquel nous allons, on glisse sur la pente de l’insécurité.

Marion Taton, sage-femme

Et la professionnelle de santé d’expliquer qu’au moins une sage-femme manque au bloc obstétrical en journée. La nuit, l’absence d’agents de service hospitalier se ressent sur le travail des auxiliaires de puériculture, dont la tâche est de s’occuper des nourrissons:  « Actuellement, elles s’occupent plus du ménage que des bébés. Ce n’est pas leur travail ».

Les demandes des futurs parents sont aussi en constante évolution. De plus en plus, les couples bâtissent des projets de naissance qui leur ressemblent et qui ne rentrent pas forcément dans les standards. « Ils ont des attentes précises et ont besoin d’avoir une sage-femme présente, qui soit à leur écoute, complète Marion Taton. Cela demande plus de temps et donc plus d’effectifs pour pouvoir assurer cet accompagnement personnalisé ».

Une meilleure reconnaissance de leurs compétences

Les effectifs sont donc à la base des revendications, tout comme les salaires. Dans le privé, une sage-femme en début de carrière touche 1.700 euros nets mensuels pour un niveau bac + 5 et une forte responsabilité pénale concernant les actes pratiqués. « Après 10 ans de métier, à temps plein, à travailler de nuit, on peut atteindre 2.200 euros », poursuit la sage-femme. Un salaire loin de leurs espérances, qui les pousse aussi à maintenir la pression.

Face à cette situation, la direction de la polyclinique a proposé ce jeudi 4 novembre de réorganiser l’activité au sein de la maternité, sans augmenter les effectifs et en renvoyant la question des salaires aux négociations nationales. Insuffisant pour les grévistes.

Transfert de patientes 

En attendant, les patientes ne peuvent toujours pas accoucher à la Polyclinique de Bezannes, et ce depuis le 2 novembre. La plupart d’entre elles ont été réorientées vers le CHU de Reims. Mais avec plus de 3.000 accouchements pratiqués chaque année à Bezannes, soit une moyenne de 8 accouchements quotidiens, les lits de l’hôpital public ont été vite occupés.

« Je dois dire que cette nuit (du 3 au 4 novembre, ndlr), nous avons eu à faire face à un afflux particulièrement important de patientes, raconte le Professeur Olivier Graesslin, chef de service gynécologie obstétrique au CHU de Reims. Nous sommes une maternité équipée avec du matériel et des ressources humaines habituellement faites pour absorber 2.500 naissances par an. Ce nouvel afflux a nécessité que nous nous réorganisions ».

Le personnel d’astreinte et de garde a donc été doublé au CHU, et toute l’équipe a été mobilisée pour pouvoir accueillir ces femmes parturientes. Mais les lits comme les personnels n’étant pas extensibles, certaines futures mamans ont été réorientées vers les maternités publiques d’Epernay et de Châlons-en-Champagne, en fonction de l’avancée du travail et d’éventuelles complications à venir.

L’obstétrique est une spécialité où on ne peut pas prévoir le nombre de patientes que l’on va avoir à gérer au quotidien. Notre souci c’est de faire en sorte de toutes les accueillir dans les meilleures conditions, d’assurer le confort des femmes et la sécurité, à la fois pour les mamans et pour les bébés.

Olivier Graesslin, chef de service gynécologie obstétrique au CHU de Reims

Le mouvement de grève, suivi dans toute la France, pourrait durer jusqu’au 15 novembre prochain. 

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