Les sages-femmes de France entament un grève de trois jours, en réponse aux mesures envisagées par le gouvernement pour revaloriser leur salaire et mieux considérer cette profession indispensable à la société. Les propositions formulées sont jugées "insuffisantes et peu concrètes". Détails.
Les sages-femmes sont en grève cette semaine suite à un appel national, du vendredi 24 septembre au dimanche 26 septembre.
En Franche-Comté, le mouvement devrait être suivi, comme nous le précise Clémence Briot, sage-femme à l’Hôpital Nord-Franche-Comté. "La reconnaissance de notre statut médical demandé depuis plusieurs dizaines d'années n'a pas été prise en compte, et Monsieur le Ministre n'a pas suivi les recommandations du rapport de l'IGAS concernant la réévaluation de nos salaires. Le rapport proposait une revalorisation de 200 points d'indice ; 22 nous ont été attribués !" nous explique la professionnelle de santé qui rappelle que près de 80% des accouchements sont réalisés par les sages-femmes en totale autonomie, sans intervention du gynécologue.
Le rapport de l'IGAS, qu'elle cite en exemple, a été diligenté par le ministère à la suite des nombreuses mobilisations des sages-femmes en quête d'une meilleure reconnaissance. A la suite de ce rapport, le ministère de la Santé a annoncé le versement d’une prime de 100 euros à celles qui travaillent à l’hôpital ainsi qu’une hausse de salaire d’environ 100 euros brut par mois.
C'est insuffisant selon les concernées, d'autant que d'autres revendications centrales de la profession ne sont pas à l'ordre du jour.
"Argumentaire paternaliste, sexiste et patriarcal"
"Le rapport de l'IGAS, attendu fin juin est enfin paru le 10 septembre dernier : une longue gestation, un espoir pour toutes les sages-femmes de France, un constat assez juste dans sa globalité, des propositions inadmissibles tant dans leur application concrète que dans leur argumentaire paternaliste, sexiste et patriarcal" juge Isabelle Maignien, sage-femme libérale dans le Doubs, coordinatrice régionale de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF).
Selon elle, l’augmentation de salaire pour les sages-femmes travaillant dans les hôpitaux est certes la plus importante à ce jour, mais est loin de refléter leur niveau de compétences et de responsabilités. De plus, "les “avancées” annoncées pour les libéraux ne sont que des négociations déjà en cours depuis plus d’un an ou d’autres demandées depuis plus longtemps".
Pour comprendre notre mécontentement, il me parait important d'expliquer en quoi consiste le métier de sage-femme. Il ne se résume pas à dire « poussez Madame » même si c’est bien la représentation la plus courante de notre métier aux yeux du grand public !!
Clémence Briot, sage-femme à l’Hôpital Nord-Franche-Comté
"Notre colère n'en a été que renforcée" confirme Isabelle Maignien. Et d'ajouter : "La profession de sage-femme a été très mobilisée cette année de janvier à mai et va très mal".
En 2017, 1153 sages-femmes étaient présentes en Bourgogne-Franche-Comté, dont 30 hommes, selon les données du site ordre-sages-femmes.fr. Concernant les récentes mesures gouvernementales, l'Ordre des sages-femmes explique pour sa part qu'en "ne traitant pas en profondeur les causes du malaise des sages-femmes, l’attractivité de la profession semble durablement compromise. En ignorant les problématiques croissantes d’effectifs dans les maternités, la question essentielle de la sécurité et de la qualité de la prise en charge des patientes et des nouveau-nés reste en suspens."
Un rassemblement des sages-femmes doit avoir lieu le 7 octobre à Paris, devant le Ministère des Solidarités et de la Santé.