Toulouse : grève des sages-femmes de la clinique Croix du Sud, les blocs pour les accouchements fermés

Après le mouvement de grève au sein de la maternité de la clinique Rive Gauche à Toulouse c’est au tour des sages-femmes de la clinique Croix du Sud d’exprimer leur colère. En grève ce mercredi 3 novembre, elles demandent en urgence un renfort des effectifs et une reconnaissance de leur profession.

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Elles sont déjà descendues à cinq reprises dans la rue depuis le début de l’année pour réclamer la reconnaissance et des effectifs. Aujourd’hui la situation n’a guère évolué pour les sages-femmes de la clinique de la Croix du Sud à Quint-Fonsegrives, "au bord du précipice", elles ont décidé à l’unanimité de faire grève ce mercredi 3 octobre. Conséquence, les blocs d’accouchements de la maternité sont fermés et les futures mamans sont réorientées vers d’autres établissements de l’agglomération toulousaine.

"Trop de charge de travail et problème d'effectif"

C’est une profession à bout de souffle que nous décrit Céline Morais, sage-femme à la maternité de la Croix du Sud à Quint-Fonsegrives. "On a des personnes qui arrivent la boule au ventre, qui craquent, depuis le printemps c’est l’horreur, il y a déjà eu une démission... combien d’autres ? Notre charge de travail est trop importante. On ne va pas tenir, on va craquer".

Céline Morais reconnait travailler au sein d’une belle maternité qui "a la côte".

On déborde de patientes, avoue-t-elle "mais nous sommes actuellement 18 sages-femmes et en janvier nous allons nous retrouver à 16, la situation n’est pas tenable". Les sages-femmes demandent à leur direction de mettre en place des mesures salariales attractives de manière à recruter urgemment du personnel qualifié.

Un manque de personnel avec un effet domino lourd de conséquences : heures supplémentaires, suppression des repos, congés reportés… les sages-femmes sont épuisées.

"On ferme les petites maternités et on ouvre de grosses structures, on n’est plus en accord avec notre métier, on accompagne les femmes à donner la vie", rajoute la sage-femme.

"La sécurité : le premier de nos combats"

Céline Morais ne mâche pas ses mots, "on pratique 2000 accouchements par an à la clinique et en janvier nous serons 16 sages-femmes ! C’est gravissime. Aujourd’hui il y a une sage-femme pour s’occuper de 3 à 4 patientes à la fois, un jour il va y avoir une catastrophe. Et puis les sages-femmes de nuit à la maternité sont remplacées par des infirmières qui n’ont pas la formation pour surveiller correctement la grossesse, intervenir ou anticiper en cas de problème. C’est grave, comment faire tourner une maternité dans ces conditions ?

Augmentation de salaire et reconnaissance de la profession

Révision du décret de 1998, reconnaissance de leur responsabilité médicale et de leur niveau d’étude à bac +5 avec un salaire correspondant, sont les revendications de base soutenues par les 24 000 sages-femmes en France.

Les sages-femmes de la clinique de la Croix du Sud ont transmis à leur direction le préavis de grève illimité le mardi 2 octobre dans la soirée et ont pu échanger avec Jean-Pierre Perrigaud, le directeur de la clinique. Elles demandent l’ouverture de postes, une revalorisation salariale, un renfort des effectifs afin de pérenniser le bloc en journée. Une rencontre avec la direction est prévue en début d’après-midi, ce mercredi 3 novembre.

Une grève reconduite 24h à la clinique Rive Gauche

Les sages-femmes de la clinique Rive Gauche à Toulouse poursuivent leur mouvement de grève engagé depuis le samedi 30 octobre. Aucun accord n’a été trouvé avec la direction et un nouvel échange est prévu cet après-midi avec la direction. Le personnel semble déterminé, "c’est la première fois que l’on fait ce genre de mouvement, ce n’est pas de gaité de cœur. C’est inédit, mais c’est trop douloureux pour nous", explique Nathalie, sage-femme à la clinique Rive Gauche.

Selon Nathalie, lors de la réunion qui s'est tenue la veille au soir, la direction n’a pas accepté leurs revendications. A savoir : le recrutement d’une sage-femme et la création d’un réel service de prise en charge de grossesses à risques, participer aux groupes de travail sur les activités obstétriques, changement de statut.

"On veut un changement de statut, une refonte des grilles au niveau national, pour être juste dans la bonne case. On est bac + 5, on n’est pas des pleureuses, on a des vies entre nos mains et on veut juste une rémunération à la hauteur de nos responsabilités. 2000 euros de salaire, ce n’est pas possible !"

Suite à ce mouvement de grève l’ARS, l’Agence régionale de santé a saisi le procureur de la République mardi 2 novembre estimant que les réquisitions du préfet n’avaient pas été respectées. Pour Nathalie, "ces réquisitions n’ont pas été remises en main propre par huissier ou gendarme, de plus on n’est pas dans l’obligation d’ouvrir nos boîtes aux lettres ou d’être chez nous en période de repos".

En cas d’urgence, l’ARS demande aux futures mamans de contacter le 15, les équipes de régulation médicale orienteront les patientes vers les services de maternité d’autres établissements.

Après plusieurs rencontres avec la direction de Rive-Gauche, les sages-femmes ont décidé d'arrêter leur mouvement, même sans avoir eu de réponse à leurs revendications. La clinique toulousaine rouvrira ses portes le jeudi 4 octobre 2021, comme l'a indiqué la direction de l'établissement à nos confrères de France Bleu.

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