Yasir et Sarra ont fui l'Irak sous la menace du groupe État islamique. La famille a été accueillie en 2015 à Reims, dans la Marne. Aujourd'hui, elle s'organise pour pouvoir héberger des Ukrainiens obligés de quitter leur pays.
Menacé de mort par les terroristes islamistes du groupe État islamique, Yasir Al-Tammo a été obligé de quitter l'Irak en 2014 pour échapper au danger. "J'habitais un village à majorité chrétienne. Daech a attaqué Mossoul, à 27 km de notre village, à minuit et a obligé 80 000 personnes à sortir en trente minutes", raconte-t-il.
Il est arrivé à Reims, dans la Marne, en février 2015 avec sa femme Sarra. Le couple a pu compter notamment sur l'aide d'associations pour trouver un logement. Depuis, la famille s'est agrandie avec la naissance en France de Cynthia et Jonas, âgés aujourd'hui de cinq et de deux ans.
Le déclenchement de la guerre entre la Russie et l'Ukraine ravive évidemment des souvenirs douloureux. "Je regarde sur Facebook ce qu'il se passe là-bas, ce que je peux faire. Quelquefois, je reste jusqu'à minuit ou une heure du matin devant la télévision, je pleure", confie Sarra ce dimanche 6 mars.
"Je regarde jour et nuit parce que je suis très inquiet de la situation en Ukraine, complète Yasir. J'ai déjà vécu ça plusieurs fois. J'espère que ça va finir vite. Je suis très triste de voir que nous sommes en 2022 et qu'il y a encore des guerres."
Le couple a dû tout reconstruire en arrivant en France. Apprendre une nouvelle langue mais aussi un nouveau métier. Ils étaient tous les deux en train de terminer leurs études pour devenir professeur avant d'être contraints au départ. Terminé l'anglais pour Yasir et la physique-chimie pour Sarra. Lui est désormais employé dans un supermarché, elle coiffeuse.
Un million et demi de personnes ont fui l'Ukraine
Les deux Irakiens ont pu bénéficier de la solidarité en arrivant en France. Ils veulent à leur tour tendre la main à ceux qui auront besoin d'un toit pour se reconstruire. "Je partage le principe français de fraternité", explique Yasir.
Ils disposent de quatre chambres dans leur appartement décoré avec soin. Pour l'instant, chaque enfant à la sienne. Mais la famille envisage de se serrer un peu pour permettre à une famille de réfugiés ukrainiens de s'installer avec eux.
J'ai souhaité accueillir des réfugiés ukrainiens parce que j'ai vécu la même situation.
Yasir Al-Tammo
"Je veux libérer deux chambres et mettre tous les meubles nécessaires", confie le père de famille. "J'ai envie d'aider une ou deux familles et j'espère faire davantage."
"Plus de 1,5 million de réfugiés venant d'Ukraine ont traversé vers les pays voisins en dix jours. Il s'agit de la crise des réfugiés qui connaît la croissance la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale", a souligné le 6 mars dans un tweet Filippo Grandi, le Haut-Commissaire aux réfugiés de l'Organisation des nations unies (ONU). Un décompte encore bien provisoire. L'ONU estime que 4 millions de personnes pourraient vouloir quitter le pays pour échapper à la guerre.
Yasir s'est rendu à la mairie il y a quelques jours pour proposer d'héberger une famille. Il n'a pas encore pu entrer en contact avec une association susceptible de le mettre en relation avec des réfugiés à la recherche d'un lieu où loger. Cela devrait être le cas très prochainement.
Les initiatives en ce sens se multiplient partout dans le pays. La ville de Reims a par exemple mis en place une adresse email dédiée où peuvent parvenir les propositions d'hébergement. Au niveau national, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée "Je m'engage pour l'Ukraine" qui rassemble infos pratiques et formulaires de contact pour venir en aide aux réfugiés.