Hockey sur glace : Justine Crousy-Théode, la gardienne des Phénix de Reims qui fait gagner les garçons

Arrivée dans l'équipe des Phénix de Reims en 2022, la hockeyeuse sur glace Justine Crousy-Théode prenait place, pour la première fois de la saison, comme titulaire dans les cages. Face à Colmar, la Rémoise a réalisé une partie sans faille permettant à son équipe de l'emporter 6-0. Aucun but pour une gardienne face à des garçons, c'est une première en France.

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Elle a fait pâlir l'équipe de Colmar tout entière. Justine Crousy-Théode, la gardienne de l'équipe rémoise de hockey sur glace, les Phénix, n'a rien laissé passer lors du dernier match de D2 face à Colmar. 6-0 pour les Rémois et pour Justine, sa première titularisation de la saison. Une sacrée entrée en matière ! La hockeyeuse a la victoire modeste et parle davantage du collectif que de sa performance. Pourtant, elle a bien réalisé un "blanchissage". C'est ainsi que l'on appelle l'action d'un gardien qui n'encaisse aucun but. Un moment rare, surtout pour une femme gardienne dans une équipe d'hommes.

"Tout le monde était content dans l'équipe, explique Justine, les supporters, le coach. Moi aussi ! Oui Colmar est dernier du championnat, mais il y a eu un peu de boulot à faire". 25 arrêts de la gardienne rémoise dont un à quelques minutes de la fin de la rencontre. Elle n'a pas chômé !

Il m'a vu jouer à l'entraînement, il sait que je suis capable de faire de bonnes choses et hier, j'ai prouvé qu'il pouvait me faire confiance encore plus.

Justine Crousy-Théode, gardienne de l'équipe des Phénix de Reims

Les Phénix jouaient leur 10e match de la saison ce samedi 9 décembre. 6e du championnat avec cinq défaites, chaque match a son importance et le gardien titulaire, le suédois, Christoffer Hanning, est, depuis le début de la saison, logiquement préféré à la gardienne de réserve Justine Crousy-Théode. "Moi je suis back-up, c'est-à-dire deuxième gardien, précise encore Justine. Mon rôle c'est d'être là si le titulaire est blessé, s'il y a une galère. Je suis déjà montée sur la glace trois minutes, parce qu'il avait cassé sa botte. Donc je suis rentrée le temps qu'il la répare, puis, il est revenu. C'est mon rôle, répète-t-elle encore. Mais oui, il me faut du temps de jeu aussi. J'en ai envie et pour progresser il en faut. Le coach a réussi à me donner ce temps hier soir (samedi 9 décembre) et j'espère qu'il y en aura d'autres. On n'est pas dans le haut de tableau, donc il faut avoir les points. On a eu le match aller face à Colmar où l'équipe a gagné 6-1, et je pense que ça l'a rassuré et conforté. Après, il m'a vu jouer à l'entraînement, il sait que je suis capable de faire de bonnes choses et hier, j'ai prouvé qu'il pouvait me faire confiance encore plus".

 

Une première ?

Arrivée à Reims la saison dernière, Justine Crousy-Théode dit s'être très bien intégrée au groupe. "J'ai toujours joué avec les garçons, j'ai l'habitude, rappelle-t-elle. Cette année à Reims, c'est un groupe nouveau, mais encore une fois, j'y suis très bien. J'ai mon petit caractère ce qui aide bien aussi. Il ne faut pas se laisser faire. Si un mec râle, il ne faut pas hésiter à lui dire ce que l'on pense en retour". 

Justine s'est forgée au fil des saisons. Depuis ses débuts à Boulogne-Billancourt, elle a gravi les catégories et les échelons, entrant en équipe de France dès les U18. Les Français Volants, Cergy-Pontoise et désormais Reims en division 2, elle est une des rares femmes jouant, en séniors, avec des hommes. Une possibilité donnée uniquement aux gardiennes de cette catégorie. "En séniors, les filles n'ont plus le droit de jouer sur la glace avec les garçons à cause des contacts. Les gardiennes oui, mais nous ne sommes pas beaucoup". Et Justine l'avoue, elle préfère jouer dans une équipe masculine. "Le niveau n'est pas le même et les shoots non plus. Franchement, je n'appréhende pas trop. Après ça m'est déjà arrivé de me prendre un joueur. Encore hier, je me suis pris un joueur de Colmar sur moi. J'ai envie de dire, c'est le métier qui rentre ! Je ne pense pas trop aux shoots dans la tête ou aux charges. C'est moi qui ai choisi le poste". 

Les filles chez les garçons, c'est rare. Un score à blanc aussi. Alors moi, la première ? Je n'en sais rien... en tout cas je ne dis pas non.

Justine Crousy-Théode, gardienne de l'équipe de hockey Les phénix de Reims

La pression ? Justine ne dit pas qu'elle n'existe pas. Mais elle s'entraîne dur, comme l'ensemble du groupe des Phénix. La pression, c'est finalement celle que l'on s'inflige pour rester au top. Pour faire en sorte que le coach de votre équipe vous sélectionne et que celui de l'équipe de France continue aussi à vous prendre dans son groupe. 

"Chaque match est différent en hockey. Même si l'on joue la même équipe, la pression est là. Il faut gagner. Et moi, il faut que je prouve que j'ai ma place, que le groupe peut me faire confiance et que je peux jouer. Et au-delà de ça, il y a le coach de l'équipe de France qui me suit aussi. Il m'a d'ailleurs envoyé un message pour me dire "bravo". Il faut performer. Après, je sais gérer le stress. La pression, oui, elle est là, mais il faut faire abstraction et jouer comme on sait le faire". 

Un score à blanc pour un gardien au féminin qui pourrait être une première dans l'histoire du championnat de France masculin toutes divisions confondues. Les commentaires sur les réseaux sociaux vont bon train du côté des amateurs de ce sport. "Les filles chez les garçons, c'est rare. Un score à blanc aussi. Le gardien étranger qui est à Reims, il n'en a pas encore fait. Alors moi, la première ? Je n'en sais rien... en tout cas je ne dis pas non", sourit-elle.

Retour en équipe de France

Une bonne expérience pour la confiance. Cette victoire des phénix 6-0 à Colmar et cette première titularisation boostent Justine comme jamais à la veille d'une nouvelle sélection en équipe de France.

Dès ce mardi 12 décembre, elle rejoint le groupe pour quelques jours de préparation avant le tournoi des quatre nations à Budapest. "Le tournoi débute jeudi, on a match vendredi et samedi. On rentre dimanche". Justine a intégré le groupe sénior femmes de l'équipe de France depuis la saison dernière. "J'ai fait le mondial au Canada l'an passé. J'ai eu du temps de jeu en août au dernier stage où j'ai bien performé. Ces sélections permettent aussi de conforter mon statut de joueuses professionnelles et je suis honorée de porter le maillot de la France. Tout le monde n'a pas cette chance et ce privilège".

La hockeyeuse rémoise espère bien garder ce statut et disputer le mondial en Autriche en avril prochain. Arrivée par hasard dans ce sport... "C'est ma mère qui souhaitait faire faire du sport à mon petit frère. Nous sommes allés à la patinoire de Boulogne-Billancourt et mon frère ne voulait pas y aller tout seul. Elle m'a donc demandé de jouer mon rôle de grande sœur en l'accompagnant sur la glace. Lui l'a arrêté et moi j'ai continué ! Ma grand-mère voulait, elle, m'envoyer à l'artistique, elle n'aimait pas du tout l'idée du hockey avec les contacts".

Justine a déjà réalisé un blanchissage avec Reims, l'an passé, mais c'était en match de préparation et c'est donc plutôt passé inaperçu. Cette fois, en championnat de D2, elle réitère la performance. "J'aimerais bien effectivement devenir une spécialiste" !

Autre spécialité. À 22 ans, elle est aujourd'hui la seule femme française gardienne en championnat D2 masculin de hockey sur glace. 

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