Élections Européennes 2024 : ils ont voté Rassemblement national et expliquent pourquoi : "on a tout essayé, rien n'a bougé"

Plus sur le thème :

Au lendemain de la victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, les électeurs RN ont désormais le regard vers les élections législatives à venir. À Fismes (Marne), ce résultat sonne tout de même déjà comme une "grosse victoire", bien que "rien ne soit fait" pour les législatives des 30 juin et 7 juillet.

Ils espéraient la victoire, les résultats ont finalement dépassé leurs attentes. Ce dimanche 9 juin, les électeurs du Rassemblement national ont célébré le résultat des élections européennes, plaçant largement leur parti en première position, avec 31,4 % des suffrages exprimés. Un résultat qui leur apporte 30 sièges au Parlement européen (sur 81 eurodéputés français). Au lendemain de cette victoire historique pour l'extrême droite, les électeurs espèrent du changement, et se concentrent désormais sur les élections législatives à venir les 30 juin et 7 juillet.

À Fismes, dans la Marne, la liste de Jordan Bardella a recueilli 54,66 % des suffrages exprimés. "Il fallait s'y attendre. Les Français en ont marre. On a essayé la gauche, on a essayé la droite. Résultat des courses : rien ne bouge. Alors, peut-être que là, ça va bouger", espère Gilles Urbanczyk, 60 ans, qui travaille à la Ville de Fismes.

L'envie d'essayer "quelque chose de nouveau"

Pourquoi a-t-il voté pour le Rassemblement national ? "Pour trouver un autre système. Pour qu'ils redressent la France. Qu'ils arrêtent de faire travailler des gens comme moi jusqu’à 62 ou 64 ans alors qu'il y a plein de jeunes qui sont au chômage. Personne n'a su faire bouger les choses et on n'a jamais essayé le Rassemblement national. Pourquoi pas ? On est en insécurité, on ne peut plus se promener le soir parce qu'il y a des bandes de jeunes qui traînent... Là, c'est une période de deux ans, on ne risque pas grand-chose. En Italie, ça a l'air de marcher pas trop mal. Pourquoi ne pas essayer ici ?", se questionne-t-il.

Pour le Fismois, il est important de rappeler que tout est encore à faire au vu de l'annonce d'Emmanuel Macron et des élections législatives à venir. "Personne ne s'attendait à de tels résultats. Une victoire si, mais pas aussi large. C'est une nouvelle marche, mais pour l'instant, rien n'est fait. On verra au mois de juin, il faut espérer que les Français iront jusqu'au bout et qu'il n'y aura pas barrage", conclut-il calmement.

À Fismes, on le voit bien. Il y a quand même beaucoup de gens qui ne travaillent pas, et ils ont quand même l'air de vivre correctement. Où va-t-on chercher l'argent ? On en a ras le bol

Jacqueline Olivier, retraitée

Un "ras-le-bol"

Pour Jacqueline Olivier, qui se qualifie comme "femme de gauche", ce vote était une nécessité : "c'est ce qu'il fallait. On n'a plus d'argent, plus rien, et tout augmente. On va voter pour les législatives en espérant les mêmes résultats. Et je ne suis pas quelqu'un d'extrême droite, j'ai toujours voté à gauche, mais là, on fait trop de social. À Fismes, on le voit bien. Il y a quand même beaucoup de gens qui ne travaillent pas, et ils ont tout de même l'air de vivre correctement. Où va-t-on chercher l'argent ? On en a ras-le-bol", souffle l'ancienne salariée.

Parmi les autres raisons mises en avant par les électeurs, les politiques migratoires et des scénarios hypothétiques liés à la théorie du grand remplacement : "l'immigration, c'est le bordel. Il y a des Français qui se font tuer et rien ne se passe. On va arriver à une islamisation à fond les gamelles et un jour ou l'autre, ce sont eux qui commanderont, donc il faut rétablir les frontières. Ce résultat est une bonne étape", se réjouit Philippe Boquet.

Jordan Bardella président ? Pourquoi pas ? Le mot, c'est "essayer". Il n'y a pas de raisons qu'il soit plus mauvais qu'un autre

Philippe Muller, retraité

À quelques mètres à peine, Philippe Muller, ancien livreur de meubles retraité, est rempli d'espoir depuis la tombée des chiffres : "c'est une grosse victoire. Il faut que ça change, les gens en ont marre. Tous les prix augmentent et ils (le gouvernement) ne fait rien. Payer, on ne fait que ça. On voudrait au moins qu'ils nous augmentent les retraites, par exemple. On verra si ça marche. Je le souhaite. En tout cas, il y a de l'espoir".

Un espoir pas forcément partagé par tous, comme on peut le lire sur Franceinfo : "il y a toujours cette idée que le RN est un parti essentiellement protestataire, et qu'il aura du mal à faire campagne sur un programme de gouvernement, sans être dans le flou et dans la contradiction. Mais j'ai tendance à penser que cet argument ne fonctionne plus", détaille Jean-Yves Camus. Pendant la campagne, la majorité et la gauche n'ont eu de cesse d'attaquer les positions du RN, jugées inconstantes ou irréalistes ."Jordan Bardella ment aux Français !" a par exemple affirmé Valérie Hayer. "Tout dans leur programme dit qu'ils sont encore les tenants d'un Frexit en pièces détachées."

Le think tank Le Cercle des économistes a également jugé le programme économique du RN dans le magazine Challenges, le qualifiant d'"irréaliste, inefficace et fallacieux". Des arguments qui n'ont pas fait bouger les intentions de vote pour Jordan Bardella, tout comme les attaques sur le manque de travail du candidat au RN au Parlement européen."

Les Fismois aimeraient-ils voir Jordan Bardella président en 2027 ? "Pourquoi pas ? Le mot, c'est essayer. Il n'y a pas de raisons qu'il soit pire qu'un autre", rétorque Philippe Muller. Une envie d'essayer autre chose que la gauche ou la droite qui n'est pas nouvelle à Fismes, où le RN avait obtenu 42,34 % aux élections européennes de 2019 et 54,66 % à l'élection présidentielle de 2022.

L'actualité "Politique" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité