Jeunes agressés et filmés à Reims : trois questions à un pédopsychiatre sur le "happy slapping"

Le phénomène, qui consiste à filmer des agressions et les diffuser largement sur les réseaux sociaux, est de plus en plus présent.

"Happy slapping." Deux termes empruntés à la langue de Shakespeare pour désigner un phénomène en vogue sur les réseaux sociaux ; des agressions filmées et partagées en masse sur Snapchat, Tik Tok ou Instagram. Jeudi 11 mars, une vidéo de jeunes passés à tabac à Reims a été partagée des milliers de fois. Et ce n'est pas la première fois qu'une affaire de ce genre éclate à Reims. En septembre 2020, le lynchage d'une adolescente devant son collège avait également enflammé les réseaux sociaux.

Alors, faut-il s'inquiéter de cette tendance de plus en plus fréquente ? France 3 Champagne-Ardenne a posé trois questions à Thierry Delcourt, pédopsychiatre à Reims. 
 

France 3 Champagne-Ardenne : la violence chez les jeunes augmente-t-elle ?

Thierry Delcourt : la violence dans les cours d'école, le harcèlement et les agressions à la sortie du bal du samedi soir ont toujours existé. En revanche, ce qui est particulier, c'est la façon dont ça monte à une grande vitesse. Il suffit que quelqu'un lance quelque chose sur les réseaux sociaux, et aussitôt, tout un groupe se retrouve, comme cela s'est passé dans ce cas précis.

Comment expliquer la diffusion de ces agressions sur les réseaux sociaux ?

T.D. : le passage à l'acte, entre le virtuel et le réel, se fait beaucoup plus facilement. C'est-à-dire qu'à un moment donné, on peut faire comme si la réalité était virtuelle, et on va réaliser de façon impulsive des choses sur lesquelles d'habitude, on prend le temps de réfléchir.

On est dans une société du spectacle, où on se montre, où l'image a une présence très importante. Et les jeunes s'inscrivent là-dedans. Ce n'est plus la lecture, c'est l'image ; ce n'est plus la pensée, mais l'immédiateté. Ils sont pris, comme nous tous, dans cette immédiateté.

Le contexte actuel a-t-il une influence sur ces phénomènes ?

T.D. : on est dans une atmosphère d'ennui, de déprime et d'agressivité. Les trois sont là et sont indissociables.

Et quoi de plus terrible pour un jeune que d'avoir une frustration ? Et encore plus maintenant ! Cette frustration du plaisir, de partager, de s'amuser, de se rencontrer, de faire des fêtes, etc... Tout cela va générer une agressivité et une déstabilisation. On n'a plus ces mêmes repères. Et en plus, on est contraints. Ces interdits sont considérés comme insupportables, et à partir de là, il suffit d'une étincelle pour que tout s'embrase.

 

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