Reims : une jeune fille de 14 ans lynchée devant un collège, l'agression relayée sur les réseaux sociaux

Les images sont insoutenables. Une jeune fille a été lynchée par un adolescent devant un collège à Reims. L'agression violente a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, les auteurs des faits, âgés de 13 et 14 ans, ont été interpellés et placés en garde à vue. 

La vidéo de l'agression d'une jeune fille de 14 ans à Reims a été diffusée ce mardi 8 septembre en fin d'après midi sur les réseaux sociaux. Les faits, d'une grande violence, se sont déroulés lundi 7 septembre devant le collège Saint Rémi. Un lynchage en règle. La police de Reims a été immédiatement saisie de cette affaire. Et la vidéo a été authentifiée, de même que les lieux. Le directeur départemental de la sécurité publique de la Marne confirme les informations à France 3 Champagne-Ardenne. "Nous avons vérifié sans délai cette agression, et cela a été traité par la police de manière prioritaire. Les auteurs de l'agression et de la diffusion des images ont été interpellés"

Cette vidéo qui circulait encore librement (à 20h30, ce mardi) sur les réseaux sociaux dure 40 secondes. Elle n'était plus visible dans la soirée, "car elle a enfreint les règles de Twitter". On vous épargne les commentaires qui vont avec, suscitant haine et infox en tous genres, y compris de certains médias nationaux. La scène se déroule sur un trottoir. On y voit un jeune homme en survêtement noir, baskets aux pieds, saisir la jeune fille aux cheveux détachés, en t-shirt blanc et legging noir, par le cou. Puis, l'adolescent la fait chuter au sol. Il lui tire les cheveux, la frappe avec ses bras, ses pieds, elle se relève et elle tombe à nouveau. Il revient vers elle et la frappe, alors qu'elle se trouve au sol. Avant de la frapper une nouvelle fois au visage. Des jeunes gens appellent l'agresseur à plusieurs reprises par son prénom, la jeune fille victime des coups répétés lui rétorque "tu es malade toi ?". D'autres jeunes ricanent. Puis s'interposent. Alors que le jeune homme pose son pied sur la jeune fille qui semble saigner de la bouche. Un accès de violence que rien ne semble pouvoir arrêter. 
 

Deux mineurs interpellés

Parmi le flot de réactions, un commentaire adressé à la police de Reims intrigue, sans que les autorités judiciaires ne confirment le passé de l'agresseur présumé pour l'instant. "Bonjour , vous avez prévu de faire quelques choses ? Ma nièce a été victime de ce même individu devant le collège st Rémi... Sans que le collège ne fasse rien d'ailleurs...", interroge Baba51Ce mardi soir, la police marnaise invitait les internautes à cesser de relayer la vidéo en question. "Vous êtes nombreux à nous avoir signalés une vidéo montrant des violences commises sur une jeune fille à Reims. Deux mineurs ont été interpellés. Merci de ne plus partager cette vidéo".
 
Les faits ont eu lieu en plein centre de Reims, à proximité de la basilique Saint Rémi, aux abords du collège du même nom. 

Il y a donc deux délits. L’auteur de la diffusion de cette vidéo et l’auteur des faits, soit deux incriminations pénales. L'un des auteurs sera poursuivi pour violence devant un établissement scolaire, il a été interpellé, identifié et d’autres parts, l'auteur de la diffusion des images. Il est également identifié, sa mère a été priée par la police de présenter son fils sans délai, il est ce soir placé également en garde à vue. Le procureur de la République de Reims a été saisi d'une plainte et une enquête est en cours pour violence agravée et "happy slaping". "C'est un délit, l'enquête a été confiée à la Sûreté départementale", confirme Matthieu Bourette. Le code pénal encadre en effet le fait de diffuser l'enregistrement de telles images. Cela est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende
 

"Sanction exemplaire"

Les deux adolescents, des collégiens, risquent donc une condamnation pénale. Un affaire qui sort de l’ordinaire, car il s'agit de l'utilisation des réseaux sociaux à des fins inqualifiables, continue le responsable de la sécurité publique dans la Marne. Le législateur a intégré ce type de comportement et prévu de réprimer ce genre de diffusion. Même si les auteurs sont jeunes. Ce sont des collégiens nés en 2006, ils sont âgés de 13 ans, pour l'auteur des coups, et le diffuseur de la vidéo 14 ans. Quant à la victime, elle a 14 ans. "On est sur des faits qui représentent une qualification pénale et aussi sur un questionnement, sur des faits de société".

Sur Twitter, le maire de Reims, Arnaud Robinet a félicité les forces de police pour leur intervention rapide. "Je remercie et félicite les forces de police qui ont rapidement identifié et interpellé le mineur auteur d’actes scandaleux envers une jeune fille et diffusés sur une vidéo aujourd’hui. Je souhaite que sa sanction soit exemplaire".
 
Sur les réseaux sociaux, certains s'interrogent à propos des personnes qui ont assisté à cette agression sans porter assistance à la jeune fille. "Bravo Monsieur le Maire. Il faudrait aussi identifier toutes les personnes qui ont assisté au lynchage (commis par) ce lâche sans bouger le petit doigt et à la personne qui filme et qui rit bêtement", écrit l'un d'entre eux. L'auteur de l'agression est, ce mardi soir, placé en garde à vue. Sur le réseau social très prisé des 12-17 ans, Snapchat, le nom de l'agresseur a été diffusé, ainsi que son adresse. 

Selon nos confrères de Franceinfo, depuis 2007, "les vidéastes amateurs sont condamnables, car jugés en connivence avec l'agresseur. Un article du Code pénal qualifie d'acte de complicité "le fait d'enregistrer sciemment (...) des images relatives à la commission de ces infractions". Cette loi est née au moment où le happy slapping, une pratique qui consiste à filmer l'agression d'une personne dans le but de la diffuser sur internet, devenait viral en France. "Pour l'enregistrement, la peine encourue par le vidéaste est la même que celle de l'auteur de l'agression. Pour la diffusion de la vidéo, la personne encourt cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Mais en pratique, ces peines sont rarement prononcées, car les auteurs des vidéos sont difficiles à identifier, tout comme leur motivation à filmer".

L'agression survenue à Reims a fait réagir Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté. Ce mercredi 9 septembre, en condamnant cet acte de violence, elle donne des nouvelles de l'enquête sur Twitter. "Du nouveau : les enquêteurs ont pu identifier, interpeller et placer en garde à vue à la fois l’auteur présumé de la diffusion de cette vidéo et l’auteur présumé des violences. Merci aux policiers de #NeRienLaisserPasser Soutien total à cette jeune fille courageuse". 
 

Les deux jeunes devraient être présentés à un juge rapidement. L'enquête tentera de faire la lumière sur ce qui s'est passé. 

La rectrice réagit


Au lendemain, ce mercredi 9 septembre, la Rectrice de l'Académie de Reims réagit en direct dans le 12/13 de France 3 Champagne-Ardenne. Juste avant son entrée dans le studio, elle nous a accordé un entretien.

Comment réagissez-vous à cette affaire? 
"Je suis tout à fait indignée. Je trouve que les faits sont insupportables car une jeune fille n'a pas à subir ce genre de violences, c'est insupportable que ses camarades, tous témoins, n'aient pas réagi, c'est insupportable que cette scène ait été filmée, ce sont des choses qui me choquent et je les condamne fermement".
 

L'essentiel est pour nous de travailler avec les élèves pour faire cesser ces actes de violence inadmissible, intolérable et insupportable

Agnès Walch Mension-Rigau, Rectrice de l'Académie de Reims


Dans ce type d'affaire, quel rôle peut jouer l'Education nationale?
"C'est notre rôle car nous sommes bien le ministère de l'Education. Depuis quelques années on a un plan violence, un plan anti-harcèlement et une éducation aux médias que nous appliquons dans les établissements pour former nos élèves et éviter ces faits, ces dérives. Nous avons aussi des ambassadeurs anti-harcèlement. Ces violences sont aussi celles de la société et nous devons toutes et tous lutter contre ensemble".

Quelles suites demandez-vous? 
"Je ne souhaite aucune suite, les faits sont traités par les forces de l'ordre et la justice, par l'éducation nationale. Dans l'établissement, le principal a mis en place une cellule d'écoute. Les familles ont été averties et bien évidemment le chef d'établissement redouble d'efforts pour sensibiliser les élèves. L'essentiel est pour nous de travailler avec les élèves pour faire cesser ces actes de violence inadmissible, intolérable et insupportable".
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