Justice. Le jeune Rémois torturé : "Tout le monde participait"

À partir de ce lundi 16 octobre, six personnes comparaissent devant les Assises de la Marne pendant 5 jours : elles sont accusées d'avoir séquestré et torturé un Rémois de 20 ans. La victime présumée a témoigné de son calvaire. Une partie des accusés fait partie de sa famille.

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"Personne ne disait : « Arrête »", témoigne difficilement Christopher C. en racontant les sévices subis."Cela a commencé d’abord avec des coups de poings américains, ensuite il m’a lacéré avec un couteau à beurre", poursuit-il en désignant Johnny C., un trentenaire trapu avec un visage qui ne laisse transparaître aucune émotion.

Au total, ce sont quatre hommes et deux femmes qui comparaissent devant les Assises de la Marne, à partir de ce lundi 16 octobre. Une mineure a elle déjà été jugée et condamnée en septembre dernier.

Ils sont accusés d’avoir séquestré, humilié, torturé et violé Christopher C. durant 5 jours, à partir du 25 décembre 2014. Le 30 décembre, il réussisait à s’enfuir de l’appartement de l’un des accusés, Jérôme C.

Johnny C. est désigné comme étant le meneur de la bande. "Quand il me mettait des coups de poings, ce n’était pas des petits. J’avais peur, poursuit Christopher C. Ensuite, ce sont Sabrina D. et Stéphanie* (14 ans au moment des faits, NDLR) qui m’ont brûlé avec des cigarettes. Tout le monde participait."

Au moment de raconter un autre sévice, la victime n’arrive plus à parler, s’effondre, la tête dans les genoux, et sort de la salle d’audience. L’un des accusés lui aurait jeté de l’essence sur le visage puis mis le feu avec un briquet.


De foyer en foyer


Événement non prévu à l’agenda de la séance, la mère de Christopher C, Martine B. est venue assister au procès. Elle raconte l’enfance difficile du jeune homme : "Lorsqu’il avait 5 ans, j’ai poignardé son père. Il était violent, il voulait violer sa soeur. J’ai fait 12 ans de prison. Je ne ai plus revu Christopher depuis."

Son enfance l’amène de foyer en foyer, où il est victime de violences. C’est dans l’un d’eux, lorsqu’il donne son nom, qu’il est reconnu par sa tante Françoise B. qui lui présente ses deux fils, Rémy et Yann B., âgés d’une vingtaine d’années.

"J’ai honte de ne pas avoir été là pour lui, sanglote Martine B. J’ai de la haine contre ma soeur et mes neveux et nièces." Sur le banc des accusés, Sabrina, cousine d’une autre soeur de Christopher C., pleure aussi. Les autres ont le visage fermé, sans réaction.

"Au début, tout se passait bien, raconte la victime. Après trois jours, ils ont commencé à inventé de fausses accusations contre moi. Ils ont dit que j’avais volé un portable et touché la poitrine de Stéphanie* (la copine du meneur présumé, Johnny C., NDLR)".

C’est à partir de ce moment que ce dernier l'aurait séquestré, frappé, suivi par les autres.

« Je n’ai pas vu, j’ai entendu »


C’est au tour du locataire de l’appartement d’être interrogé. Jérôme C. un brun de taille moyenne et d’une quarantaine d’années, à l’allure de celui que l’on ne remarque pas. Sa tutrice précise qu’il a des facultés mentales altérées.

À l’époque des faits, il dit "regarder la télé et jouer à la console". Selon lui, il ne connaissait que Johnny et a proposé au clan de séjourner chez lui pour Noël et le Nouvel An.

L’avocat général énumère les sévices : les coups de poings américains, le viol avec le manche à balai, l’essence aspergée sur le visage et l’allumage avec un briquet. Et l’accusé de répondre inlassablement :

- "Je n’ai pas vu. J’ai entendu hurler. Il (Christopher C.) pouvait partir."

- "Pourquoi vous n’êtes pas intervenus ?"

- "Vous vouliez que je fasse quoi ?", raconte-il en pleurnichant.

- "Cela ne vous dérange pas que l’on torture quelqu’un chez vous ?", interroge l’avocat général.

- "Si … Mais j’ai eu peur de Johnny."

- "Mais on vous a menacé, frappé ?", insiste le magistrat.

- "Non. Mais j’ai eu peur."

L’avocat général continue : "Vous avez dit pendant votre audition par les enquêteurs que Rémy B. disait à la victime : « Mets-lui la banane dans le cul et mange là ! »"

Et Jérôme C. de rester muet, la tête vers le sol. Il murmure, n’est pas compréhensible. On lui demande d’être clair, rien ne sort.

Le président de l'audience lui demande alors de préciser qui, selon lui, a aspergé Christopher d’essence et allumé le briquet. À cela, il trouve une réponse : "L’essence, c’est Rémy. Le briquet, c’est Sabrina."

Viols répétés


Christopher C., revenu, témoigne à nouveau : "J’étais attaché toute la nuit avec une laisse à un radiateur. Ça a d’abord été le balai, après la banane."

- "Ça a fait très mal ? Il (Rémy, NDLR) vous a introduit le balai très profondément ?", demande le président.

- "Oui, j’ai crié. Rémy, Sabrina et Stéphanie* étaient dans la même pièce. Les autres étaient à côté."

- "Et qui vous a mis la tête dans les toilettes ?"

- "Johnny a demandé à tous les garçons d’aller aux toilettes. Après, il m’a mis la tête dedans."

Dans le box et sur le banc des accusés, personne ne réagit. Françoise, tante de la victime et co-accusée, baille en écoutant Christopher C.

Le prénom a été modifié afin de protéger cette personne mineure
Stéphanie*
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