303 passagers indiens toujours confinés à l'aéroport de Paris-Vatry, un trafic d'êtres humains suspecté

303 passagers indiens, débarqués jeudi 21 décembre d'un vol parti des Émirats arabes unis, sont toujours confinés dans le hall d'accueil de l'aéroport de Paris-Vatry dans la Marne deux jours après leur arrivée. Un trafic d'êtres humains est suspecté.

Depuis jeudi 21 décembre, l'aéroport de Paris-Vatry dans la Marne est fermé aux passagers. Vers 15h ce jour-là, un appareil de la compagnie Legend Airlines, parti de Fujaïrah aux Émirats arabes unis, s'est posé sur la piste de cet aéroport situé à une vingtaine de kilomètres de Châlons-en-Champagne.

Il devait réaliser une simple escale technique avant de se rendre au Nicaragua. "Lors de cette escale technique, à la demande de l’autorité judiciaire, la brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) est intervenue", indique la préfecture de la Marne.

L'appareil, un Airbus A340, a été immobilisé. Dans un premier temps, les 303 passagers, tous de nationalité indienne, sont restés à bord. Ils ont été ensuite débarqués dans l'aérogare, dont le hall d'accueil a été transformé en zone d'attente. Des lits de camp ont été installés. Des douches mobiles ont été apportées par la Protection civile.

Ce samedi 23 décembre, les passagers sont toujours confinés au sein du bâtiment, près de 48 heures après leur arrivée. De grandes bâches opaques ont été disposées tout autour, pour les laisser à l'abri des regards. Des représentants de l'ambassade indienne en France sont arrivés sur place vers 11h30 ce samedi.

De nombreux mineurs se trouvent parmi les passagers, le plus jeune a 21 mois. 13 d'entre eux sont non accompagnés, selon un décompte communiqué par la Protection civile et encore non confirmé par les autorités. Tous les membres d'équipage ont été entendus et autorisés à repartir, a appris France 2 auprès de l'avocate de la compagnie aérienne.

Renseignement anonyme

En raison de la fermeture du hall d'accueil de l'aéroport, les autres passagers ne peuvent plus être accueillis à Vatry pour l'instant. Le vol Ryanair Marrakech-Vatry de 9h40, vendredi 22 décembre, a ainsi dû être dérouté vers l'aéroport de Paris-Beauvais.

Un renseignement anonyme est à l'origine de l'intervention des forces de l'ordre, précise le parquet de Paris. Un trafic d'êtres humains est suspecté. Une enquête est ouverte sous la direction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée, la Junalco. 

"Des vérifications d’identité ont été effectuées sur les 303 passagers et sur les personnels navigants. Au regard du nombre de personnes concernées et du caractère international des potentielles investigations à mener, c’est la Junalco qui a repris l’enquête pour vérifier si des éléments viendraient corroborer le soupçon de traite des êtres humains en bande organisée", précise le parquet. Ce crime est passible de vingt ans de réclusion criminelle et 3 millions d'euros d'amende.

La loi prévoit que s'il arrive en France par avion et que l'embarquement vers son pays de destination lui est refusé, un étranger peut être maintenu en zone d'attente pendant quatre jours maximum. Ce maintien peut ensuite être prolongé de huit jours par un juge des détentions et de la liberté, puis de huit jours supplémentaires à titre exceptionnel. Au maximum, en fonction des recours, le maintien en zone d'accueil peut atteindre 26 jours.

Gardes à vue

À Vatry, plusieurs véhicules des douanes et de la Protection civile étaient visibles vendredi après-midi devant l'aéroport, bouclé par la gendarmerie. Selon une source proche du dossier, qui précise que l'avion s'est arrêté à Vatry pour une recharge en carburant, les passagers indiens pourraient avoir voulu se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada. Deux d'entre eux sont en garde à vue, selon le parquet de Paris.

Dans un message que nous avons consulté vendredi, l'Ordre des médecins de la Marne demandait à des praticiens de se rendre disponibles pour aller à l'aéroport et "assurer une permanence au cas où quelqu'un souhaiterait voir un médecin". La Protection civile, par la voix de son président dans la Marne Patrick Jaloux, parle d'une "situation inédite" et "difficile".

"Nos bénévoles sont mobilisés pour de l’accompagnement des personnes, pour faire dormir les gens, leur donner à manger. On a apporté des plateaux repas, de quoi supporter l’attente, de l’eau, du café, du thé. Il y a beaucoup de végétariens. Il y a aussi de nombreux enfants, il a fallu apporter des couches, du lait", explique Patrick Jaloux. Une trentaine de bénévoles sont sur place depuis jeudi 19h, en lien avec la préfecture.

Comme le montre le site Flight Radar, qui enregistre le trafic aérien, l'avion de Legend Airlines, immatriculé YR-LRE, a réalisé ces dernières semaines plusieurs liaisons entre l'aéroport de Fujaïrah et celui de Managua, la capitale du Nicaragua, via Vatry.

"La compagnie estime qu'elle n'a rien à se reprocher, n'a commis aucune infraction et se tient à disposition des autorités françaises", assure à l'AFP Liliana Bakayoko, qui se présente comme l'avocate de Legend Airlines. L'entreprise compte "se porter partie civile si des poursuites sont initiées par le ministère public, ou porter plainte" dans le cas contraire, ajoute-t-elle.

L'aéroport de Paris-Vatry, aussi connu sous le nom de Châlons-Vatry ou plus simplement aéroport de Vatry, est situé à une vingtaine de kilomètres de Châlons-en-Champagne dans la Marne. Il a accueilli en 2022 un peu plus de 50  000 passagers sur des vols low cost, selon les statistiques de trafic publiées par l'Union des aéroports français (PDF). Il traite aussi des vols d'affaire et du fret.

L'actualité "Faits divers" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Grand Est
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité