Marne : à Reims, à quoi ressemblera le futur quartier du port Colbert ?

C’est l’une des friches industrielles morcelées les plus importantes de la ville de Reims : le port Colbert, ancien site où se confondaient brasseries, entrepôts et ateliers de métallerie. Peu à peu laissée à l’abandon, la collectivité rémoise va lui offrir une seconde jeunesse.

Le projet d’aménagement du port Colbert remonte à 2008. À l’époque, des études sont lancées par la Ville pour préfigurer le Reims de demain et lancer de grandes opérations d’urbanisme. Le travail de l’agence Devillers & Associés remonte un état des lieux complet de la ville et de ses mutations possibles. Le port Colbert est une sérieuse piste de réaménagement urbain. Un avenir pour le site est alors trouvé.

La municipalité actuelle a engagé les réflexions concrètes et l’on peut déjà connaître les contours du projet qui est l’un des plus importants de l’agglomération.

 

C’était quoi avant ?

Le site du port Colbert fait partie des faubourgs de Reims. Vaste et éloigné du centre-ville, il regroupait des activités essentiellement industrielles. C’est ici que l’on trouvait les brasseries de Reims, des ateliers de fontes d’aluminium, les Magasins Généraux, Arcelor ou l’entreprise VMC qui a fermé ses portes en 2009. Ces différents ilots comptent des dizaines d’hectares de terrain, dont le foncier a en partie été acquis par la Ville ou des promoteurs privés. Des emprises qui représentent un enjeu aussi environnemental, car elles sont nombreuses à être polluées.
 

 

Qu’entend-on par port Colbert ?

Le secteur du port Colbert regroupe en réalité plusieurs ilots :

  • La darse (le port où les péniches chargeaient et déchargeaient leurs cargaisons)
  • Les Magasins Généraux et les Grands Moulins (dont une partie est à l’état de friche)
  • Saint-Charles (jardins ouvriers et logements individuels)
  • Bois d’Amour (secteur vert de Reims qui regroupe notamment des jardins familiaux)
  • VMC (friche industrielle entièrement démolie)

 

La préfiguration d’un nouveau quartier

Laissé à l’état de friches depuis plusieurs années, la Ville de Reims a entrepris un vaste chantier urbain pour redynamiser ce secteur et apporter une nouvelle offre de commerces, de bureaux et de logements. L’enjeu principal est de connecter ces sites au centre-ville, plus éloigné, mais facilement accessible par les berges du canal. "La ville doit se retourner sur le canal. C’est un axe structurant. Dans les ilots, des percées seront créées pour faciliter les mobilités. De plus, des ilots de fraîcheurs seront créés et la végétalisation sera primordiale", détaille Agathe Bassot, directrice de la Fabrique des Espaces publics à la Ville de Reims.

La Ville souhaite exploiter et aménager la trame verte le long du canal, dont les prémisses du projet remontent à 2005. Tous les ilots ne se transformeront pas en même temps. Les travaux vont s’étaler sur plus de 10 ans.
 

Un mélange public et privé

La Ville de Reims a entrepris un découpage des parcelles pour se partager le foncier : certaines ont été acquises par le Ville, d’autre par des promoteurs privés comme Kauffman & Broad. C’est d’ailleurs ce dernier qui a acheté l’îlot des Magasins Généraux. La municipalité conserve cependant la maîtrise du foncier en imposant au promoteur un cahier de prescriptions urbaines et architecturales à respecter. Les autres ilots sont pour l’instant à l’état d’étude et le site des Magasins Généraux sera le premier à sortir de terre d’ici quatre ans.

 

Au coeur d’une zone industrielle

Point noir de cet immense projet, c’est que ce nouveau quartier verra le jour au cœur de ce qui est encore une zone industrielle. Il n’est pas inimaginable de voir des camions emprunter les nouveaux axes routiers. De nombreuses entreprises sont installées à proximité et ne comptent pas déménager pour autant. Par exemple, les Grands Moulins de Reims, avec leurs immenses silos, ne partiront pas avant plusieurs années. Les futurs habitants pourront assister au ballet des camions… "Le secteur est riche d’emplois, il nous est aussi nécessaire de les préserver", assure Agathe Bassot. Il faudra donc faire avec. L’un des enjeux sera donc d’assurer une parfaite cohabitation des usages. "Tout est fait et sera fait en concertation avec les habitants", détaille la directrice.

 

Plusieurs dizaines de millions d’euros d’investissement

Les élus de Reims souhaitent se lancer dans la Smart City. La promesse : utiliser les nouvelles technologies pour optimiser la ville. Une sorte de cité idéale, connectée, qui consiste à optimiser les coûts de chauffage par exemple ou à répondre aux besoins de bien-être des habitants par des équipements adaptatifs. Une notion, peut-être déjà dépassée aujourd’hui. Les exemples de Smart City à travers le monde, comme en Corée du Sud par exemple, ont prouvé leurs limites. L’engouement en France s’érode aussi. La sobriété numérique s’impose davantage à la technologie innovante. Mais des réflexions comme le principe de la ville du quart d’heure sont aussi à l’étude, nous explique Agathe Bassot (principe où tous les commerces et services se trouvent à moins de 15 minutes en transport en commun et/ou en mobilité douce).

Premières constructions structurantes pour l’ilot des Magasins Généraux, c’est l’installation de l’école Neoma et de l’ESAD de Reims. La ville de Reims a lancé, fin 2020, un concours public d’architecture pour le bâtiment de l’ESAD (École Supérieure d’Art et de Design). Plus de 200 cabinets d’architecture à travers le monde ont répondu à l’appel d’offres. Trois cabinets ont été sélectionnés et leur projet sera présenté en novembre prochain. Le coût d’installation de l’école est de l’ordre de 25 millions d’euros.

 

 

Densifier la ville

À terme, ce sont plus d’un millier d’habitants qui pourraient s’installer dans ce nouveau secteur. L’important est aussi de densifier la ville de Reims, qui s’est beaucoup étendue ces dernières décennies, en grignotant des terres agricoles, alors que ne nombreuses emprises foncières existent sur le territoire du Grand Reims.

Mais rien ne sortira de terre avant au moins deux ans pour les tout premiers bâtiments. Le quartier ne changera pas radicalement en une fois, il faudra attendre peut-être une dizaine voire une quinzaine d'années avant de voir les travaux entièrement finis sur l'intégralité du port Colbert. En attendant, des opérations d'urbanisme transitoire ont été mises en place comme Magasin Libre, quartier estival. Portée par une association et une société privée, cette opération permet d'animer le lieu en attendant la démolition.


Il s'agit de faire découvrir le quartier au grand public par des animations (bars, boutiques éphémères, activités...) afin de faire connaître le quartier et ainsi de faciliter les opérations de promotions immobilières. En Angleterre, le promoteur spécialisé dans ce genre d'opération est Ballymore. C'est d'ailleurs ce groupe qui a lancé l'urbanisme transitoire sous cette forme à Londres dès les années 2000. Un quartier éphémère a été créé sur une friche industrielle, le lieu est rapidement devenu à la mode et les ventes immobilières se sont révélées beaucoup plus faciles (quartier de Trinity Buoy Wharf).

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