Le terme Movember désigne la contraction entre le mois de novembre (en anglais) et la moustache. Il s'agit du bon moment pour parler de la santé masculine, et prévenir le cancer de la prostate ou des testicules.
Octobre rose permet de sensibiliser au cancer du sein ou de l'utérus (par exemple en vendant des badges de pompiers recolorés en rose et bleu). Suit ensuite le mois de novembre.
Et en novembre, c'est Movember. L'occasion de médiatiser, à leur tour, des cancers plutôt masculins : prostate et testicules pour ne citer que ceux-là.
Thomas Ripert est urologue, et accessoirement président de la course des Bacchantes de Reims (Marne), qui vise à réunir des fonds pour la recherche contre ces cancers. Cet interlocuteur privilégié a répondu aux questions de France 3 Champagne-Ardenne.
Encore tabou chez les hommes
À quoi sert ce mois de novembre ?
"Il faut partir du principe que c'est une invention anglo-saxonne. Cela vient du patois australien Mo, signifiant moustache, et November, donc novembre en anglais. Le but est de marquer les esprits en se laissant pousser la moustache au mois de novembre. En guise, entre guillemets, de soutien aux maladies masculines en général."
"Il y avait octobre rose, un concept assez innovant, avec ce port du petit insigne rose, pour les maladies féminines, comme le cancer du sein ou de l'utérus, qu'on a démocratisées et dont les femmes parlent facilement et depuis longtemps. Et là, on a ces hommes qui se laissent pousser la moustache au mois de novembre. Ça permet de délier les langues et de parler des maladies masculines, qui restent tabous, avec peu d'informations données aux concernés."
Quel message faut-il envoyer ?
"Movember est dédié aux maladies masculines en général, pas qu'au cancer de la prostate : maladies sexuelles, troubles mentaux, cancer des testicules, troubles urinaires... En ce qui concerne le cancer de la prostate, ça permet de sensibiliser les hommes : vous avez une prostate et plus de 50 ans ? Soyez sensibilisé, pensez au dépistage."
Pourquoi faut-il en parler ?
"Avoir un dépistage précoce d'un éventuel cancer augmente énormément les chances de guérison. On parle d'un cancer pervers : au stade débutant, il n'y a aucun symptôme. On peut être en très grande forme et avoir un cancer de la prostate. Si on attend trop, des symptômes apparaîtront, mais à une forme très avancée : elle sera diagnostiquée trop tard, avec des pronostics moins avantageux."
"On ne peut pas éviter le cancer de la prostate. Ce serait utopique de conseiller un régime alimentaire ou une boisson pour l'éviter. C'est comme pour une personne ayant un style de vie monacal : ça ne l'empêchera pas de faire un infarctus, par exemple. Après, évidemment, un corps sain dans un esprit sain : c'est mieux. Et on ne connaît pas tous les facteurs de prédisposition."
Le cancer de la prostate est le premier cancer touchant les hommes de plus de 50 ans.
Thomas Ripert, urologue
"Le cancer de la prostate est le premier cancer touchant les hommes de plus de 50 ans. Il y a 50 000 nouveaux cas par an, et il est responsable de 8 000 à 10 000 décès chaque année, directement ou indirectement. C'est pour ça qu'il faut sensibiliser les hommes."
"Dans les pays anglo-saxons, cela a fonctionné. Et permis de lever des fonds pour la recherche. Maintenant, c'est arrivé en France."
En parlant de fonds, comment s'est passée la dernière édition des Bacchantes ?
"C'est un peu notre pendant français de Movember... On l'a placée proche de la journée européenne du dépistage du cancer de la prostate, en septembre. Elle nous permet d'en parler localement. Et de réunir, en 2023, 800 coureurs et marcheurs. Depuis sa création en 2016, on a récolté 73 660 euros [et 14 140 euros rien qu'en 2023 ; ndlr] pour participer à financer la lutte contre le cancer de la prostate, en finançant le système qu'on a à la clinique de Courlancy."