A Reims, l'un des candidats aux élections municipales a jeté un pavé dans la mare. Éric Quénard (PS) vient de dévoiler ses revenus et son casier judiciaire. Une opération "transparence" pas toujours vue d'un très bon oeil.
A vrai dire, personne n'a vraiment vu venir l'initiative d'Eric Quénard. L'ancien premier-adjoint socialiste de Reims, tête de liste aux élections municipales de 2020, a fait connaître, il y a quelques jours, ses revenus et son casier judiciaire. Tout y passe : son patrimoine, ses revenus, son bilan de santé et son casier judiciaire. La transparence est totale.
Le candidat de la liste Faisons respirer Reims n'a pas attendu la tribune publiée le 19 janvier dans le Parisien-Aujourd’hui en France. Une tribune intitulée : «Restaurons la confiance par la transparence et l’intégrité !» Le président de Transparency International France, Marc-André Feffer, appelle les candidats au scrutin de mars à s’engager "pour progresser dans l’exemplarité des élus."
Une opération « transparence » inédite pour un candidat à Reims
De la Suède aux États-Unis en passant par la Grande-Bretagne à l’Allemagne, revenus et dépenses des élus sont bien plus contrôlés et transparents qu’en France. La moralisation de la vie politique avait été l'un des grands thèmes de la campagne présidentielle. Mais la démarche est loin de se généraliser pour des élections locales.
Candidat aux élections municipales 2020 à Reims, Eric Quénard est pour le moment le seul à faire de la "transparence" l'un de ses arguments de campagne. "Le modèle scandinave est celui qu'il faut suivre," explique-t-il, "notre devoir est de redonner confiance aux citoyens dans l’action publique." Et cette mise à nu n'est pas que pour lui : "je l’imposerai ensuite à mes colistiers." On attend la liste des 59 noms d'ici quelques jours mais "ils devront accepter de signer une Charte des élus," ajoute-t-il.
A-t-il pris tout le monde de vitesse ? Les autres candidats vont-ils le faire ? Pour le moment, ils réagissent mollement à la stratégie de l'ancien 1er adjoint (PS/PC/Génération.s).
Peut-être que d'autres suivront ... Ils feront ce qu'ils veulent, j'ouvre la voie mais je ne veux pas être donneur de leçons.
- Eric Quénard, candidat à Reims
REVENUS : - 2103,22 euros par mois en tant que directeur développement de GESCOD, Grand Est Solidarités et Coopérations.
- 1075,84 euros par mois en tant que maître de conférences à Reims
- 181,38 euros comme conseiller municipal et autant comme conseiller communautaire du Grand Reims.
Eric Quénard est propriétaire avec son épouse d’une maison dans le quartier Croix-Rouge de Reims, pour laquelle il a emprunté sur vingt ans. Il possède également un appartement de 40 mètres carrés dans le sud de la France qu'il a acheté en 2010. Le prêt est en cours jusqu’en 2031. Son casier judiciaire est vierge.
Et les autres ?
Pour le moment, les autres candidats n'ont pas officiellement réagi à l'initiative de la liste menée par le candidat socialiste. Mais quand on les questionne, ils bottent pour le moment en touche et ne répondent qu'en off. "Pas de commentaires pour le moment, mais je réagirai de manière officielle un peu plus tard dans la campagne," explique l'un d'eux. "C'est plus du gadget qu'autre chose," ajoute un autre candidat et "l'intrusion dans la vie privée, ce n'est pas ma conception de la politique," ajoute une troisième tête de liste.
Arnaud Robinet, lui, "n'a rien à cacher," dit-il. Les revenus du maire sortant se trouvent d'ailleurs sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Malgré cela, il reste une bizarrerie qu'avait décelée le journal l'Union, concernant son activité d'auto-entrepreneur, qu'il avait tentée d'expliquer au journaliste Guillaume Lévy.
Tous les candidats auront sans doute l'occasion de préciser leur point de vue et peut-être même de dévoiler quelques éléments de leur patrimoine pendant cette campagne électorale, poussés par le candidat Faisons respirer Reims. Dans la 12e ville de France, aucun des adversaires du candidat socialiste ne parle de "la dictature de la transparence" comme ont pu le conceptualiser les chercheurs Muriel de Fabrègues et Valérie Pernot-Burckel, mais on sent bien que le sujet est sensible. La campagne promet d'être animée.