Octobre rose : le cancer du sein touche aussi les hommes, voici sans tabou ce qu'il faut savoir

Octobre Rose, chaque année, incite les femmes à se faire dépister contre le cancer du sein, et permet de lever d'importants fonds pour la recherche. Moins prévalent chez les hommes, il peut quand même apparaître chez ces derniers. Informations et conseils avec une spécialiste.

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C'est l'un des évènements les plus importants de l'automne. Octobre Rose a repris, et avec lui, une sensibilisation au dépistage du cancer du sein, et des collectes de fonds pour faire avancer la recherche.

Il s'agit d'une initiative importante pour la santé des femmes. Mais on oublie parfois que le cancer du sein concerne aussi les hommes, et qu'il s'agit chez certains d'entre eux d'un sujet tabou.

Il n'y a pourtant pas à avoir honte. Voilà en substance le message délivré par la docteure Aude-Marie Savoye, oncologue à l'Institut Godinot de Reims (Marne), un établissement spécialisé dans la lutte contre le cancer. La praticienne s'est spécialisée en onco-génétique, c'est-à-dire qu'elle effectue des consultations pour établir les prédispositions génétiques des patient(e)s et rechercher des gènes de pré-disposition.

Des chiffres en augmentation

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, chez les femmes et les hommes, un sein ne représente pas un terrain plus favorable "qu'un autre organe pour le risque de tumeur. Si on en parle, c'est parce que c'est une maladie fréquente, de la même façon qu'un cancer du poumon ou un cancer de la prostate."

"Les cancers, tous types confondus, représentent 350 000 nouveaux cas par an en France. Parmi eux, on dénombre 60 000 nouveaux cancers du sein. C'est le cancer le plus fréquent chez la femme. Chez l'homme, cela représente 500 nouveaux cas." Ce n'est peut-être "pas fréquent", mais c'est à ne pas négliger. 

Les hommes ne se sentent pas concernés (et ont tort)

"Cela peut arriver. Et c'est beaucoup plus facile à mettre en évidence puisque la glande mammaire est très peu développée. Comme le torse d'un homme est plat, il est beaucoup plus facile de percevoir une masse, une boule, lors d'un examen."

Hélas, il y a un autre paramètre à prendre en compte. "Ce qui pose problème, c'est le sous-diagnostic. Les hommes peuvent palper et en découvrir un, mais se dire que ce n'est pas un cancer du sein, que ça va passer. Ils n'ont pas le déclic de penser au cancer du sein. Souvent, les hommes nous font la remarque : 'comme c'est un homme, il ne peut pas avoir le cancer du sein'."

Il faut interroger sa famille 

"Pourtant, lorsqu'on a une prédisposition génétique au cancer du sein, qu'on soit homme ou femme, le risque est là. Une prédisposition, c'est s'il y a eu plusieurs cas de cancers du sein - ou de la prostate - dans la famille. Aussi bien - et ça peut être confusant - dans la branche maternelle que la branche paternelle."

Autrement dit, si la soeur et de la cousine de votre mère l'ont eu, il faut s'en soucier. Et si la mère et la tante de votre père l'ont eu, il faut également s'en soucier. "Ce n'est pas parce que ça vient de la branche maternelle que le risque est le plus important. Et la prédisposition ne disparaît en branche paternelle", c'est bien transmis.

Ce qui doit donner l'alerte

Il y a des signes qui doivent alerter. Aude-Marie Savoye cite "le fait de percevoir une masse, un mamelon qui s'enflamme ou gratte, un écoulement mamelonnaire, la peau du sein qui prend un aspect rouge ou violacé... Il y a beaucoup de choses." 

Si une petite boule est détectée, "si on est un expert, on est capable de percevoir une tumeur inférieure à la taille d'un petit pois. Si on a moins l'habitude, on peut en percevoir dans l'ordre du centimètre. En tant que médecins, on peut parfois voir des tumeurs très volumineuses." (voir méthode dans la vidéo ci-dessous)

Des vidéos explicatives ont été mises en ligne par l'Institut Godinot. C'est facile et pratique, bien expliqué. "C'est destiné à tout le monde, la méthode est la même. Seulement, dans le cas d'une femme, le volume de la glande mammaire nécessite d'insister, d'appuyer un peu plus sur certaines zones." 

Et si une grosseur est effectivement détectée ? Pas de raison de paniquer. "On appelle son médecin-traitant, son gynéco, ou un radiologue pour une mammographie, une échographie. Ce n'est pas une urgence vitale : même s'il faut rapidement agir, il n'y a pas lieu d'aller au service des urgences" ou de foncer "chez un médecin qu'on ne connaît pas."

Rapide ne veut pas dire urgent.

Aude-Marie Savoye, oncologue à l'Institut Godinot de Reims

"Mieux vaut prendre rendez-vous avec son médecin-traitant et organiser les choses pour trouver un circuit de réponse rapide. Rapide ne veut pas dire urgent." À noter que s'il devait y avoir une ablation, elle concernerait le mamelon et l'aréole et laisserait une cicatrice visible, mais il existe des solutions.

Les risques chez les personnes transgenres

"Une femme qui est devenue un homme [on parle plutôt d'un homme transgenre; ndlr] se sera en général fait enlever la glande mammaire." Elle évoque donc un risque réduit, bien qu'il ne soit jamais nul. Et ajoute que concernant les femmes transgenres (assignées hommes à la naissance puis qui ont entrepris une transition de genre), la littérature scientifique est balbutiante. "On a trop peu de cas." Au Canada, il est toutefois mis l'accent sur la question : toutes les femmes (même transgenres) devraient être dépistées régulièrement.

En France, une étude scientifique a été traduite par le collectif de ressources Fransgenre. Elle fait état d'une absence de consensus, et recommande les mammographies à partir de 50 ans (comme les femmes cisgenres, ou "nées femmes"), et de veiller aux dépistages à partir de cinq années de prise d'hormones féminisantes. L'Organisation de solidarité transgenre (OST) a aussi diffusé une brochure sur son compte Instagram pour rappeler les risques (chez les hommes comme chez les femmes) et les bonnes pratiques à adopter (voir ci-dessous).

Zéro tabou : parlons-en

En matière de dépistage contre le cancer du sein, l'observation (et auto-observation) est primordiale. "On peut se palper, et surtout on peut en parler. Il faut oser en parler à sa famille, et à son médecin s'il y a un nombre de cas élevé dans la famille." Un professionnel de santé ne se moquera jamais d'un homme qui s'inquiète du risque de cancer du sein. 

"Moi, si un monsieur vient en consultation et m'annonce qu'il y a trois ou quatre cas de cancer du sein dans sa famille, qu'il s’en inquiète... Je l'accueille avec plaisir. On pourra explorer le terrain, constituer un arbre généalogique pour étudier une prédisposition familiale."

Les dépistages augmentent (les cancers aussi)

"On a une augmentation des cas de cancers du sein, et de tous les cancers plus généralement. Et aussi du nombre de dépistages précoces, où l'on peut diagnostiquer des petites tumeurs. Un dépistage précoce, c'est une meilleure chance de survie pour le patient." (voir l'emplacement de l'Institut Godinot sur la carte ci-dessous)

"On n'a pas encore d'explications à cette augmentation des cas de cancer. On reste cependant convaincu que des pistes environnementales ou alimentaires peuvent jouer. C'est prouvé qu'il y a un risque accru de cancer du sein en cas de surconsommation d'alcool. Certains aliments entraînent aussi un sur-risque de certains cancers. On démontre doucement que nos modes de vie peuvent avoir un impact : obésité, sédentarité..."

Elle recommande une bonne hygiène de vie, d'éviter la cigarette, de garder "un poids raisonnable", et d'éviter les alimentations riches en graisses, privilégiant plutôt de manière plus équilibrée, "plus riche en végétaux". De plus, "le tabac et l'alcool entraînent aussi un risque de moins bonne réponse aux traitements". C'est un message souvent répété par le monde médical, mais qui semble encore trop peu écouté.

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