"On se sent abandonné" : dans la course aux législatives, le pouvoir d'achat inquiète certains électeurs

À onze jours des élections législatives du 30 juin et 7 juillet, la thématique du pouvoir d'achat est sur toutes les lèvres des Français. Les prix ont tellement augmenté dans les grandes surfaces, que certains se tournent vers les enseignes hard discount. La zone commerciale de Cormontreuil, près de Reims, en compte six. France 3 a donné la parole à ces électeurs consommateurs sur les parkings d'Action ou de Noz.

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Dans le bus, direction la zone commerciale de Cormontreuil à Reims. Les cabas à roulettes se multiplient au fil des arrêts, ce mercredi 19 juin 2024. Ils sont nombreux à se rendre dans cette zone pour les bonnes affaires qu’offrent les enseignes de hard discount, telles que Noz, Action ou encore Lidl.

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Parmi eux, Marie-José. Un peu perdue à la descente du bus. "Vous savez où se trouve le magasin Action, s’il vous plaît ?". Habituellement, pour les achats du quotidien, elle privilégie les grandes surfaces, mais elle pense que cela pourrait vite changer. "Ce n’est pas cher, ça fait du bien au porte-monnaie en cette période difficile", souligne-t-elle. Fin 2022, en France, la part de marché des enseignes de hard discount atteignait 11,5 % contre 9 % en 2019, selon les chiffres de Kantar. La question du pouvoir d'achat pourrait être cruciale lors des élections législatives dont le premier tour a lieu le 30 juin.

Une question de survie

Si certaines personnes viennent ici pour se faire plaisir à bas prix, pour d’autres, c'est une question de survie lors des fins de mois compliqués. C'est le cas d'Habiba, 47 ans, mère d'un enfant de sept ans. L'infirmière est actuellement en instance de divorce. "Comme tout le monde", elle fréquente Action depuis plusieurs années. Produits ménagers, petits cadeaux pour sa famille, produits de première nécessité...

Mais récemment, en comparant de vieux tickets de caisse à ceux de maintenant, elle a remarqué une augmentation des prix dans l'enseigne à bas prix. "En deux ans, le lot de sucre est passé de 3 euros à presque 5 euros", déplore la mère de famille. Alors, pour elle, "le pouvoir d'achat, c'est la première chose à laquelle les politiques devraient penser. J’attends qu’ils puissent permettre d’acheter plus sans que ça nous mette en difficulté à la fin du mois. Quel est le parti qui va prendre en compte les vrais problèmes comme celui-ci", se questionne Habiba. Si elle n'est pas encore sûre, son choix dimanche 30 juin pourrait se porter vers le Nouveau Front Populaire. "Ça fait rêver, le Smic à 1600 euros et le blocage des prix pour les produits de première nécessité dans l'alimentation, mais il y a tout de même un fossé entre les rêves et la réalité".

Les grandes surfaces beaucoup trop chères

"Le panier de course était devenu beaucoup trop cher pour notre foyer de cinq personnes", confie Virginie, maman de trois enfants. Alors depuis quelques années, elle s'est tournée vers les enseignes de hard discount pour s'aligner sur son pouvoir d'achat. Selon les chiffres de l’Insee, entre décembre 2022 et janvier 2023, les prix à la consommation ont augmenté de 6 % et l'inflation, elle aussi, l'a remarqué chez les discounters. "Il faut que les politiques fassent quelque chose de là-haut sur la problématique du pouvoir d’achat. Le salaire n'augmente pas comparé à l’inflation, on se sent abandonné", assure-t-elle. 

Quelques minutes de marche séparent Action de Noz. Jocelyne, 76 ans, assure qu'elle va voter pour l’extrême droite pour les mesures du pouvoir d’achat aux élections législatives. C'est la première fois que son vote ira au Rassemblement National. Au-delà du pouvoir d'achat, d'autres mesures présentées par le parti l'ont conquise.

Sa petite retraite ne lui permet pas de vivre correctement. "Elles sont peut-être alignées sur l’inflation, mais elles sont trop basses. Comment voulez-vous qu’on s’en sorte alors que tout augmente, même ici", explique-t-elle en se tournant vers l’enseigne. La septuagénaire admet pourtant ne pas aller à Action. "Il n'y a pas assez de nourriture. À Noz, il y a même des congélateurs, se réjouit-elle, j’ai l’impression que les prix sont restés bloqués aux années 2000, ça donne un peu d’espoir"

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