Depuis la fin décembre, mauvaise surprise pour les occupantes et occupants de plusieurs logements situés quartier Barbâtre, à Reims (Marne). Des balcons montrent des signes d'affaiblissement, il ne faut donc plus les utiliser.
On les surnomme les balcons de la colère. Parce que pour les gens qui habitent dans ces 116 logements en immeubles, il y a de quoi s'agacer un peu.
Ces résidentes et résidents vivaient tranquillement jusqu'à ce que leur bailleur leur apprenne que certains balcons se désagrègent, et qu'il va falloir les expertiser. En attendant, plus question d'y prendre un bol d'air, d'y arroser ses plantes, d'y étendre du linge, ou d'y bronzer (en hiver ?).
Cette interdiction devait être assortie du passage d'un technicien pour retirer les poignées des fenêtres donnant sur les balcons, comme l'indiquait un affichage dans le hall d'entrée. Ainsi, certitude de ne pas aller dessus... mais cela n'aurait pas été sans conséquences.
De quoi créer l'émoi, comme quelques locataires l'ont confié à Mélanie Cousin, journaliste à France 3 Champagne-Ardenne. Mohamed Mahdjoub en fait partie. Il a même lancé une pétition. "On ne pourrait plus ouvrir les fenêtres, aérer ? Comment on va faire, on va rester dans le noir ?" Ses volets s'ouvrent de l'extérieur.
Un indispensable
Martine Thibault a emménagé ici après être tombée amoureuse du balcon, selon ses dires. "J'ai eu un coup de cœur. Si on m'enlevait mon balcon maintenant, je serais malheureuse."
Du côté d'Emma Joffron, une étudiante possédant deux chats, on aimerait moins d'infantilisation. "Enfermer mes chats, ce n'est pas possible. J'ouvre la fenêtre, ils vont sur le balcon, ils se promènent, et ils rentrent."
"Je suis responsable et adulte. J'ai 19 ans. Je pense que si on me dit : 'non, ne va pas sur ton balcon'... Non, je n'irai pas. Si il faut que j'interdise à mes chats d'aller sur le balcon, je le ferai : ce n'est pas grave. Mais il faut au moins que je puisse aérer."
Appel à la responsabilité
Un collectif d'habitantes et habitants s'est vu assurer qu'il n'était pas obligatoire de renoncer à ses poignées de fenêtre, sous réserve de signer une décharge de responsabilité auprès du bailleur. Les balcons considérés comme sûrs à l'issue des investigations redeviendront accessibles.
Plurial Novilia, le bailleur social, a prévu comme alternative à la confiscation des poignées l'installation de grilles permettant d'interdire l'accès au balcon tout en permettant d'ouvrir le volet et d'aérer (et de fuir en cas d'incendie). Cette installation serait obligatoire; elle a débuté ce jeudi 5 janvier 2023.
Les locataires devraient voir le loyer de leur logement (qui comprend spécifiquement l'accès au balcon) diminuer en raison de la gêne occasionnée.