Patrimoine: Encore 150 000 euros pour sauver les anges Lalique

Il reste encore 150 000 euros à trouver pour restaurer les vitraux Lalique dans l’église Saint-Nicaise de Reims, au cœur du quartier ouvrier du Chemin-Vert. La Fondation du patrimoine veut sauver les trente verrières exceptionnelles représentant chacune un ange de la bible, réalisées grâce à des techniques de fabrication restées secrètes.

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La Fondation du Patrimoine œuvre depuis 2022 pour parvenir à financer la restauration des verrières créées par René Lalique en 1926, dans l’église Saint-Nicaise de Reims. Intégrée au quartier ouvrier du Chemin Vert, l’église et ses verrières témoigne à la fois d’un savoir-faire exceptionnel du Maître verrier et d’une nouvelle conception nouvelle de la classe ouvrière. Il manque encore 150 000 euros pour boucler le financement et sauver ces œuvres de la disparition et de l’oubli.

 

Eglise Saint-Nicaise au cœur du quartier ouvrier du Chemin Vert

La Cité-Jardin du Chemin-Vert reflète une nouvelle conception de la classe ouvrière. Après la première guerre mondiale, il s’agissait d’offrir aux ouvriers un cadre de vie décent, rompant ainsi avec des logements insalubres et surpeuplés. Le travailleur devait pouvoir y vivre avec sa famille et avoir à sa disposition tous les services, l’école, la salle commune et l’église. Lorsque Georges Charbonneaux imagine le quartier, il intègre cette église Saint-Nicaise.

Pierre Possémé, délégué régional de la Fondation du Patrimoine Champagne-Ardenne, lui-même Compagnon du Devoir, ne cache pas son admiration: « C'est grâce à ces entreprises comme le Foyer Rémois à l’époque et des grands patrons comme Georges Charbonneaux qu’on a pu créer le 1% logement, et qu’aujourd’hui on peut loger des milliers de salariés dans des logements sociaux tout à fait confortables. Le quartier du Chemin Vert est un lieu emblématique du logement social, avec une chapelle et une maison commune regroupées autour d’une cité ouvrière. Coup de chapeau à ceux qui l’ont fait. Notre rôle, c’est de faire revivre ces lieux ».

L’église Saint-Nicaise, de style romano-byzantin, a été construite il y a tout juste un siècle, en béton armé. En 1926, René Lalique, célèbre maître verrier et bijoutier français, a été sollicité par les entrepreneurs pour l’orner.  C’est un enfant du pays, né à Ay, dans La Marne, en 1860 .Il a acquis une renommée nationale par un savoir-faire exceptionnel et va créer trente et une verrières. Il en reste trente aujourd’hui.

 

Les verrières de Lalique , un patrimoine artistique exceptionnel

René Lalique était réputé pour ses créations en verre dans un style Art Déco. Pour l’église Saint-Nicaise, l'ensemble qu'il crée est tout à fait remarquable. Chaque verrière représente un ange de la bible. Le verre qu’il utilise est un matériau nouveau à l’époque qui laisse passer la lumière. « Ce qui est exceptionnel, ce sont les couleurs, le soleil qui se reflètent dans ces Anges. Avec ces verrières, l’ensemble de l’église est magnifique el faut aller la découvrir ou la redécouvrir » souligne Pierre Possémé.

L’église Saint-Nicaise fait aujourd’hui partie de notre patrimoine. En 2002, elle a été classée aux Monuments historiques, puis inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco au titre de « Côteaux, maisons et caves de Champagne".

Le secret de fabrication de René Lalique

L'artiste et Maître Verrier René Lalique a emporté avec lui ses secrets de fabrication. Aucun écrit n’a été retrouvé. Or la technique utilisée était exceptionnelle et novatrice. Pierre  Possémé relève que « ce ne sont pas des vitraux qui sont assemblés avec du plomb. René Lalique a coulé du verre dans la masse pour réaliser ces grandes verrières. C’est assez rare et chapeau au savoir-faire de l’époque ».

Malheureusement, le changement climatique et les fortes amplitudes thermiques que l’on connait aujourd’hui détériorent le patrimoine. L'église Saint-Nicaise n'a pas été épargnée, les verreries n’ont pas plus. « Ces verrières ont toutes fissuré à cause des chocs thermiques. Le verre s’est dilaté fortement et touchait les maçonneries. Il a fallu tout démonter pour pouvoir restaurer. » ajoute le délégué qui connait le métier.

 

Les entreprises locales à la manœuvre

La restauration a été confiée la manufacture Auboise Vincent-Petit, reconnue nationalement pour la création et la restauration de vitraux.  Un maître verrier et un métallier ont travaillé ensemble sous la conduite de Rodolphe Gissinger, architecte du patrimoine et Maître d’œuvre, pour restaurer les verrières et la ferronnerie. Une prouesse technologique et artistique. « Il fallait redonner à ces verrières le pouvoir de se dilater, de ne pas être coincée dans les maçonneries. Sur le plan technique, l’architecte a réalisé un travail exceptionnel avec l’ensemble des entreprises. Ils ont tenu compte des contraintes nouvelles liées notamment aux conditions météorologiques pour que l’on ne se retrouve pas avec les mêmes problèmes de dégradation dans quinze ans. Il faut se servir des erreurs du passé pour construire pour demain ».

Pour cette opération, le choix a été fait de choisir des entreprises de la région. Une façon de réinjecter l’argent dans l’économie locale. Bernard De Lauriston, qui suit méticuleusement les dossiers à la Fondation, résume: « Onze verrières ont déjà été reposées depuis l’année dernière, huit sont actuellement en restauration et seront reposées avant la fin de l’année, enfin onze autres qui se trouvent au-dessus de la porte d’entrée seront restaurées d’ici la fin de 2025 ». Reste à lever le reste du budget.

 

Le plus dur, ce sont les derniers kilomètres

Il manque encore 150 000 euros pour financer l'ensemble du projet. Le chantier global se monte à 1 million 800 000 euros TTC. 900 000 euros ont été pris en charge par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) Grand-Est, puisque l’église est classée au Patrimoine mondial de l’Unesco. La Fondation du patrimoine de Champagne-Ardenne devait quant à elle trouver 900 000 euros. 750 000 euros ont déjà été récoltés et il reste 150 000 euros à trouver.

Tout le monde peut donner. Pierre Possémé ne refuse rien. « Il n’y a pas de petit don et de gros don. Les entreprises ou les particuliers peuvent acheter une grande verrière à 30 000 euros, ou une petite à 15 000 euros. Mais un don de 30 ou 50 euros est aussi accepté puisque c’est avec ces tas de petits dons que nous arriverons à recueillir ces 150 000 euros ».

 

Ces dons pourront être défiscalisés, ce qui peut aider les donateurs à se montrer généreux. Il est encore temps de sauver les verrières de l’oubli en payant la restauration qui leur permettra de traverser le temps. 

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