Philippe Pozzo di Borgo est mort, a-t-on appris ce vendredi 2 juin. L'ancien dirigeant de la maison de champagne Pommery avait inspiré le film "Intouchables" après être devenu tétraplégique. A lire la réaction de Pierre-Emmanuel Taittinger qui le connaissait très bien.
Le film Intouchables, c'était l'histoire de sa vie. Et celle-ci vient de prendre fin, a-t-on appris ce vendredi 2 juin 2023.
Philippe Pozzo di Borgo est mort à l'âge de 72 ans. Devenu tétraplégique après un accident de parapente, il avait écrit un livre qui a inspiré le film très populaire Intouchables.
L'homme d'affaires d'origine corse avait dirigé la maison de champagne Pommery, basée à Reims (Marne). Il vivait au Maroc.
France 3 Champagne-Ardenne a obtenu la réaction de l'homme d'affaires Pierre-Emmanuel Taittinger, qui travaille également dans le champagne. Il est très ému. "C'était une belle personnalité du champagne Pommery. C'était le petit-fils de Robert Jean de Vogué, l'ancien président de Moët & Chandon. Important dans le monde du champagne, c'était un héros absolu : le plus ancien tétraplégique du monde, il a vécu 30 ans suite à cet accident terrible. Il était marié à la fille d’un ancien préfet de la région et a adopté deux enfants."
"Il a été ensuite marié à une femme marocaine qui lui a sauvé la vie, et il a adopté deux autres enfants. Il a vécu en partie au Maroc et à Nantes. Il vivait là-bas car le climat était plus propice. C'était un combattant extraordinaire qui a aidé celles et ceux qui se retrouvaient tétraplégiques, comme des motards. À chaque fois qu’un nouveau arrivait, il leur disait : 'tu rentres dans le circuit des tétras' : il leur apprenait à combattre. C’est difficile, lourd. Lui ne ne plaignait jamais, voulait être quelqu'un de normal le plus possible."
"Il était très étonnant, éblouissant. Un héros absolu. Tous les soirs, il pouvait mourir. Il mettait un point d’honneur à être bien habillé, écrivait des livres, répondait au courrier. Il était au service des autres : en 30 ans, il ne s’est jamais plaint. Il n'avait pas envie de mourir, c'était un chantre de la vie. Il avait un maître-mot : s’occuper de la fragilité. Mais ce mot revenait toujours, s’occuper des fragiles. D’une manière large que nous avons tous."
Un homme d'une grande force
"Cette force venait de dix ans passés aux États-unis. Les Américains ne se retournent jamais sur le passé. J’ai sauté en parapente avec lui. Moi, je me suis cassé la gueule; lui, il est devenu un champion. Il n’a jamais regretté. Il a refait un saut en tant que tétraplégique, il regardait toujours devant. L’avenir."
"Je me sentais coupable, il n’avait pas de regret. Il aimait rire. Il a eu des séquences où il fumait et buvait du champagne. Mais il avait un régime strict. Il n'avait plus de nouvelles de son assistant mais il tenait à lui. Il y a eu une histoire extraordinaire entre eux. Il est venu à Reims souvent, et avait inauguré notre rampe pour handicapés, place Saint-Nicaise. La rampe Taittinger avait été inaugurée par lui en 2012."
"Il habitait La Pitance, près d’Hautvillers. Il est resté toute sa carrière chez Pommery. Je ne l’ai jamais vu se plaindre, manquer d’optimisme. C'était l’être vivant le plus extraordinaire que j’ai rencontré et on se sentait infiniment petit devant lui."