"Plus on le montrera et plus ça se banalisera" : ces familles veulent faire changer le regard sur l'allaitement en public

Partout en France, des mères étaient invitées à se faire photographier en train d'allaiter leur enfant en public dimanche 17 septembre 2023. Le mouvement, baptisé "J'ai faim, je mange", veut faire changer le regard de la société sur l'allaitement. À Reims, 70 mamans, papas et enfants étaient présents.

"On est dans une société où on est très vite jugé. Le corps de la femme est vu comme sexuel et non comme nourricier. Il est temps qu'on remette les idées de tout le monde au clair." Justine, maman depuis quatre mois, résume en quelques mots l'objectif de la matinée. La sage-femme de profession est venue avec son mari Thibaut et leur fille Hortense pour participer à l'opération "J'ai faim, je mange"

Mon enfant tète comme un autre prendrait le biberon, ou mangerait sa compote. Ce n'est pas un sujet pour moi.

Justine

Le concept est simple, il s'agit de poser devant l'objectif d'un photographe en allaitant son enfant, pour montrer que ce geste est tout à fait naturel et ne devrait pas être perçu autrement par certains, comme c'est malheureusement encore le cas. "Si les hommes allaitaient, on n'aurait même pas ce débat aujourd'hui", glisse Thibaut.

À Reims, ce dimanche 17 septembre 2023, celle qu'on retrouve derrière l'objectif, c'est Charlène Drouel. Cette photographe professionnelle, spécialisée dans les clichés de maternité, a décidé de se mobiliser pour cette cause qui lui tient à cœur.

"C'est un mouvement qui a été créé par Ana Kï, une photographe bordelaise. Elle l'a fait pour la première fois il y a trois ans. L'année dernière, ça s'est propagé dans d'autres villes. Cette année, on est dans 85 villes en tout", détaille-t-elle.

Par son métier, Charlène est amenée à côtoyer des jeunes mamans tout au long de l'année. "Je vois bien que le fait d'allaiter en public est encore une problématique." Elle est la maman d'une petite fille aujourd'hui âgée de sept ans. "Il y a sept ans, c'était déjà problématique et ça l'est encore. Je trouve ça fou."

Plus on le montrera et plus ça se banalisera.

Charlène Drouel, photographe et organisatrice de l'événement à Reims

La plupart des participants, près de 70, ont pris connaissance de l'événement via les réseaux sociaux. C'est le cas de Marion qui a découvert le projet sur Instagram. "On voit plein de pubs avec des seins et des fesses et ça ne choque personne. Par contre, une maman qui allaite son enfant, c'est choquant. Alors que la fonction première du sein, c'est de nourrir les enfants qu'on porte", explique-t-elle. Il était donc important pour elle, qui ne se dit pourtant pas forcément à l'aise pour allaiter en public, d'être là avec Auguste, son fils de 11 mois.

"Ça peut choquer les esprits, mais il faut démocratiser l'allaitement"

Fanny a décidé de venir avec deux amies, Justine et Chloé. Chacune a accouché il y a quelques mois et vit différemment l'allaitement en public. "On essaye toujours de se cacher, de se retourner. J'ai déjà allaité dans un parc, mais si les gens sont dérangés, ils regardent ailleurs. C'est naturel", explique la première. "Je l'ai déjà fait une fois, mais il n'y avait pas grand monde à côté de moi donc ça allait. J'ai un peu peur du regard des autres", confie la seconde. La troisième est plus affirmée. "J'ai déjà allaité plusieurs fois au restaurant, dans des magasins, dans des parcs. Ça s'est toujours bien passé. Je n'ai jamais eu de remarques ou de regards déplacés". Alors peut-être que les mentalités commencent à évoluer ?

Léonie, venue en famille avec son mari Pierre et la petite Louise, tout juste un mois et demi, a aussi décidé de ne pas se soucier du regard des autres. "J'allaite partout tout le temps. Comme c'est à la demande, ça peut être dans la rue et ça peut choquer un peu les esprits parfois. Mais il faut démocratiser l'allaitement, au vu de tous les bienfaits que ça peut avoir."

Elle a déjà senti des regards, mais jamais subi de remarques. "Si les femmes se sentaient plus décomplexées à allaiter partout, ça faciliterait peut-être un peu plus l'allaitement", espère-t-elle.

Car tout ne se passe pas toujours aussi bien. En juin dernier par exemple, une femme avait été sommée d'arrêter d'allaiter au zoo municipal de Lille. La mairie avait ensuite présenté ses excuses. La Ville avait rappelé dans un communiqué que "l'allaitement est bien entendu permis à Lille dans l'espace public, comme dans l'ensemble des équipements municipaux".

Autre exemple, en juillet 2021, quand Disneyland Paris avait présenté des excuses à une mère à laquelle des employés du parc avait demandé d'arrêter d'allaiter en public.

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