Le roman de Pauline Peyrade, "L'âge de détruire", vient de remporter le prix Goncourt premier roman 2023. Une consécration, mais surtout une surprise pour la Rémoise. Nous avons recueilli son témoignage.
"Je n'y croyais pas vraiment (rires), je suis très très heureuse", sourit Pauline Peyrade, autrice de "L'âge de détruire", le Goncourt du premier roman 2023. La nouvelle est tombée il y a 3 jours (le 11 mai), une belle surprise pour la Rémoise d'adoption depuis un an. "J'étais déjà très honorée d'être sur la liste des finalistes auprès de trois très très beaux livres. J'ai beaucoup d'admiration pour les autres écrivains en lice. Je me disais comment ils vont réussir à en choisir un parmi les 4 qui ne se ressemblent pas", raconte la dramaturge.
Explorer les relations entre une mère et sa fille
L'âge de détruire est construit en deux parties. Ce roman explore les relations entre une mère et sa fille de l'enfance au début de l'âge adulte. Dans la première partie, Elsa la narratrice est âgée de 7 ans et a emménagé avec sa mère dans un nouvel appartement que cette dernière vient d'acheter. "On suit les premiers mois de l’emménagement dans ce nouvel espace que la mère ne va pas réussir à habiter. Et petit à petit, elle se dérègle de plus en plus, elle perd le sommeil, elle devient irritable et la violence se met à rôder.", résume l'autrice.
La deuxième partie du roman se déroule une vingtaine d'années plus tard. Une fois le crédit de l'appartement remboursé, la mère décide de se séparer de son bien. "L'âge deux est vraiment sur un temps plus court, sur la semaine qui suit cette annonce et le moment où la mère convoque la narratrice (sa fille) à venir trier ses objets, toutes les traces de l'enfance ressurgissent et c'est l'occasion d'achever une émancipation", complète Pauline Peyrade.
"C'est un roman qui vient de loin, je l'ai porté longtemps, j'ai mis du temps à le trouver, j'ai failli l'abandonner"
Pauline Peyrade, écrivaine
Ce livre met aussi le doigt sur la violence invisible. Une histoire construite par différents biais. "C'est toujours mystérieux, c'est un mélange d'intime, de choses entendues et de choses lues, je ne pars jamais de quelque chose qui est déjà tout prêt dans ma tête", ajoute-t-elle. Ce roman s'est donc construit au fil du temps. "Le point de départ est en général très flou, il se précise et après, je me laisse guider par les personnages. L’écriture s’arrête quand on a trouvé la porte de sortie", précise l'autrice.
Un travail de longue haleine, il a fallu 6 ans pour que ce roman voit le jour. Pauline Peyrade l'a écrit en parallèle de ses autres activités, elle est également écrivaine de théâtre et codirectrice du département d'écriture de l'Ensatt (Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre).
"C'est un roman qui vient de loin, je l'ai porté longtemps, j'ai mis du temps à le trouver, j'ai failli l'abandonner", confit l'autrice. Ce prix est un encouragement pour cette trentenaire. "Ça donne confiance, tout ce chemin pour avoir un bel accueil comme ça, ça donne du coeur pour continuer à travailler", s'enthousiasme Pauline Peyrade.