"Quand c'est fondu, c'est foutu" : paroles de manifestants à Reims lors de la marche pour le climat

A Reims, plus de 600 personnes ont défilé dans les rues ce samedi après-midi pour dénoncer l'inaction politique face à l'urgence climatique. Militants écolo de la première heure ou citoyens récemment engagés, quatre manifestants nous racontent pourquoi ils marchent pour le climat.

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"Pas de nature, pas de futur", "Quand c'est fondu, c'est foutu", "La fonte des glaces, c'est pas que dans le pastis"... Sur leurs pancartes en carton, les manifestants ont affûté leurs slogans pour interpeller face à l'urgence climatique. Ce samedi 16 mars, ils étaient plus de 600 à avoir répondu à l'appel du collectif Citoyens pour le Climat - Reims, organisateur des marches pour le climat rémoises. Partie comme à son habitude de la place d'Erlon, cette cinquième édition a mobilisé davantage que les précédentes.

Venus en famille, entre amis, à pied ou à vélo, ils manifestaient leur mécontentement envers l'inaction des dirigeants politiques au lendemain de la grève lycéenne et étudiante en faveur du climat. Parmi les manifestants, certains participaient à cette marche pour la première fois. D'autres, militants écolos de longue date, sont devenus des habitués. Nous sommes allés à leur rencontre pour savoir ce qui les faisait marcher.

 

 Il est urgent de se bouger
- Julie, enseignante en arts plastiques

"«On n'a pas le temps de s'occuper du climat»", c'est la pire des excuses pour moi. Le mouvement écolo date des années 70, ça fait presque cinquante ans qu'on ne fait rien, on ne peut pas dire qu'on n'a pas eu le temps d'anticiper", s'énerve Julie. Cette prof d'arts plastiques participait ce samedi à la marche pour le climat. "Il faut que les gens prennent conscience qu'il est urgent de se bouger, même si on sait que c'est déjà un peu tard." A 50 ans, cette Rémoise n'a pas attendu pour s'engager pour l'environnement.

Militante au sein de nombreuses associations (Greenpeace, les Amis de la Terre, Sea Shepherd, les Coquelicots), elle est venue cette fois vêtue de son gilet jaune marqué Vél'Oxygène, l'association qui promeut le vélo urbain à Reims. "Dès que je n'ai pas besoin de ma voiture, je prends mon vélo, glisse-t-elle. C'est un moyen de déplacement plus efficace en ville, il n'y a pas à trouver une place de parking. Et puis on a un sentiment de liberté, on vit la ville d'une autre manière. Et c'est bon pour la santé."
 

L'environnement est en train de nous mettre une claque
Hacène, technicien respiratoire

A 41 ans, Hacène, lui, n'est pas spécialement militant, mais il est venu marcher, "sur les conseils d'une amie" pour la première fois en faveur du climat. "C'est bien de poster des messages engagés sur les réseaux sociaux, mais il faut être dans l'action réelle, aller dans la rue pour rencontrer des gens et débattre avec eux, explique-t-il, car il y a une urgence climatique réelle. L'environnement est en train de nous mettre une claque. C'est une vraie erreur d'essayer de le maîtriser. Je le comprends grâce à mon jardin."

Ce technicien dans le domaine de la santé essaie au quotidien de limiter son impact sur l'environnement. "Je fais mon compost, je mange des fruits de saison, bref j'évite de manger des fraises israéliennes en décembre, plaisante-t-il. C'est aberrant de manger des aliments qui ont fait des milliers de kilomètres avant de parvenir dans notre assiette."
 

 Je suis inquiète pour l'avenir de ma fille
Virginie, maman

"Face à l'accumulation du plastique ou encore l'utilisation massive des pesticides, les lois ne font rien, déplore Virginie qui participe à sa troisième marche pour le climat. Je suis très en colère et inquiète pour l'avenir de ma fille. Je ne veux pas qu'elle soit obligée de lutter pour survivre." Sa prise de conscience écologique, Virginie l'a eue grâce à sa petite fille, aujourd'hui âgée de 7 ans.

Depuis, cette habitante de Magenta, près d'Epernay, s'est engagée dans le mouvement Greenpeace. Et pratique la "décroissance": "J'essaie de consommer le moins possible, de consommer autrement, avec davantage de produits locaux et bios. Je n'achète pas de produits où il y a du suremballage. Je m'habille avec des vêtements de seconde main..." Un nouveau mode de vie qu'elle a peu à peu adopté. Sans regrets.

 

Si on se met à bien manger, on va déjà sauver pas mal de choses
- Zemanel, écrivain jeunesse

Au milieu du cortège, Zemanel défile, sans pancarte, avec quelques amis. Le climat est un sujet qui l'inspire. A 49 ans, cet écrivain jeunesse a imaginé plusieurs histoires à destination des petits sur la fonte des glaces, la disparition des ours polaires ou encore les réfugiés climatiques. C'est surtout un sujet qui l'inquiète. "J'ai des enfants et j'aimerais bien qu'ils en aient également et que ce soit agréable de les voir grandir."

Le Marnais déplore "notre fâcheuse tendance à déborder, à trop consommer". Lui fait désormais très attention à ce qu'il achète, en circuit court le plus souvent. "Si on se met à bien manger, on va déjà sauver pas mal de choses, pour nous et la planète", assure-t-il convaincu. Lui-même a vécu un changement radical. Après avoir passé quinze ans dans la banque, il est devenu artiste. "Je ne cautionnais plus, explique-t-il simplement, c'est aussi une manière d'agir. On est quand même libre."

 

Etre écolo permet d'économiser de l'argent, car on achète moins et on essaie de faire durer le plus longtemps possible
- Alexandre, apprenti permaculteur

A l'avant du cortège, Alexandre tient fermement sa pancarte où sont écrits ces quelques mots bien choisis: "Quand c'est fondu, c'est foutu". Lui aussi a changé de voie. "Pour donner du sens à ma vie et être en adéquation avec la nature." A 42 ans, cet ancien kinésithérapeute s'est reconverti dans la permaculture, ce mouvement agricole, entre science et philosophie, qui prend soin de la nature et des hommes en s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes. "On fait des efforts chez nous et, à un moment, il faut sortir pour exprimer nos convictions."

Écologiste convaincu, il milite également au sein du mouvement des Coquelicots qui se bat pour l'interdiction des pesticides de synthèse. "Il y a énormément de personnes qui n'ont pas encore conscience du problème climatique, s'inquiète-t-il. Il est temps de réagir sinon les conséquences seront désastreuses. Quand on voit qu'on n'est pas capable d'accueillir quelques milliers de réfugiés, comment on fera quand il y aura des centaines de milliers de réfugiés climatiques ?"

 

Notre génération va faire bouger les choses
- Lisa, étudiante


A la fin du défilé, Lisa et ses copains brandissent leurs pancartes autour de la fontaine de la Solidarité: "La fonte des glaces, c'est pas que dans le pastis" ou encore "Ta planète : bleue ou bien cuite ?". Des slogans pleins d'humour pour aborder un sujet angoissant. "On observe déjà que le climat change, qu'il y a de plus en plus de catastrophes climatiques, ça fait peur, concède cette jeune étudiante en prépa mathématiques qui participe à sa troisième marche pour le climat. On ne sait pas ce qui va rester derrière nous."

A 20 ans, la jeune femme refuse cependant de céder au pessimisme. "Le mouvement s'internationalise, de plus en plus de gens sont impliqués. A la longue, on va réussir à faire changer les choses. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre reste la priorité."

 
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