Lundi 20 juin au soir, un conseil municipal se tenait à Reims au lendemain du second tour des législatives 2022, qui ont vu la victoire d'une candidate RN dans la Marne. Les élus de l'opposition de gauche ont quitté la séance après avoir pris la parole pour dénoncer l'attitude de la droite et du centre dans l'entre-deux-tours.
Le RN n'avait jamais eu de députés en Champagne-Ardenne. Après le second tour des législatives 2022, il en compte désormais cinq, dont une dans la Marne, avec Anne-Sophie Frigout dans la deuxième circonscription. Son élection a donné lieu à une passe d'armes lundi 20 juin, au conseil municipal de Reims.
Dès l'ouverture de la séance, l'opposition de gauche et écologiste a pris la parole. Éric Quénard, conseiller municipal PS, a mis en cause l'inaction selon lui des élus de droite et du centre pendant l'entre-deux-tours. "On peut discourir à l'envi, mais nous, représentant de la NUPES, ne pouvons que constater que cette élection n'a été nettement combattue que par peu d'entre nous […] L’appel à voter blanc n’est pas un appel à s’opposer mais un appel à fermer les yeux, ce qui n’est pas acceptable. La position que vous avez prise, ou pas prise, les uns et les autres est contraire au pacte républicain auquel vous avez si souvent fait appel en votre âme et conscience", a-t-il indiqué.
Nous ne sommes pas déçus, nous sommes en colère et écœurés de voir comment l'idéal républicain a pu être bafoué au profit de manœuvres politiques.
Éric Quénard, conseiller municipal PS
Éric Quénard a ensuite quitté la salle, accompagné par Zabbaou Liman, Dominique Ledemé, Patricia Grain et Léo Tyburce. C'est la première fois que ces élus quittent l'assemblée sans même écouter la réponse du maire. "C'est une drôle de conception du débat démocratique", a alors répondu le maire Horizons de Reims, Arnaud Robinet, pendant que les conseillers s'éclipsaient dans le calme.
À la sortie du conseil, Éric Quénard, a détaillé davantage les motivations de cette action symbolique. "Ils ont fait le choix de ne pas donner de consignes de vote entre la gauche incarnée par la NUPES et toutes ses sensibilités face à l'extrême droite. Ça, c'est impardonnable", a expliqué celui qui est également conseiller régional et premier secrétaire du PS de la Marne.
"Laure Miller par exemple, Stéphane Lang, Catherine Vautrin n'ont pas pris leurs responsabilités. Quand on est grands élus comme ça et qu'on est une force d'appel aux habitants, le fait de rester sage sans donner de consigne de vote, c'est faire indirectement le jeu du Front national."
On voit aujourd'hui que le front républicain ne marche finalement que dans un sens, celui qui favorise la droite. Mais quand il s'agit de faire barrage en votant à gauche, il n'y a plus personne. Et ça, ce n'est pas acceptable. La République ne se découpe pas en morceaux.
Éric Quénard, conseiller municipal PS
Léo Tyburce, conseiller municipal EELV, a lui aussi dénoncé l'attitude de la majorité municipale. "Mettre dos-à-dos le projet de la NUPES et du Rassemblement national, ce n'est pas normal. Notre projet vise une augmentation des services publics, du pouvoir d'achat, de l'écologie. Celui du Rassemblement national, c'est le repli identitaire, c'est la fin des droits de l'Homme et du Citoyen. Ce ne sont pas les mêmes projets. Comment les élus de droite et du centre ont pu faire un tel choix et porter une telle responsabilité ?"
"Une vision un peu étriquée du débat démocratique"
À l'issue du conseil municipal, le maire de Reims Arnaud Robinet a réfuté les accusations portées par l'opposition à notre micro. "J'ai été très clair sur votre antenne, dans la presse locale et même sur des médias nationaux. J'ai dit que si j'étais électeur, je ne voterai pas pour le Rassemblement national. Ça a toujours été dans mon ADN et dans mes convictions", a-t-il rappelé. "Peut-être que leurs candidates n'étaient pas à la hauteur de ces élections. Je rappelle que 140 députés NUPES ont été élus, ça fait en moyenne plus d'un député par département. Ce n'est pas le cas dans la Marne. Donc nous ne sommes en rien responsables."
Catherine Vautrin a elle aussi dénoncé le comportement des élus d'opposition. "Faire un coup un soir de conseil municipal, partir sans même attendre la réponse du maire et des élus qui auraient été ravis je pense d'échanger, je pense que c'est une vision un peu étriquée du débat démocratique", a expliqué celle qui préside également le Grand Reims.
Elle a également rappelé que Laure Miller, candidate investie par la majorité présidentielle dans la circonscription, allait déposer un recours pour qu'un nouveau vote soit organisé. "Ce qui est important c'est que l'élection soit annulée et que les électeurs de la deuxième circonscription puissent être appelés à nouveau aux urnes. Mon combat c'est celui-là."