La candidate du Rassemblement national Anne-Sophie Frigout a été élue dimanche 19 juin députée de la deuxième circonscription de la Marne. Découvrez sur notre carte les communes où elle a le plus progressé entre les deux tours.
Anne-Sophie Frigout a été élue dimanche 19 juin 2022 députée de la deuxième circonscription de la Marne. C'est la première fois que le département compte un parlementaire Rassemblement national.
L'enseignante de profession était arrivée en deuxième position au premier tour le 12 juin, avec un peu plus de 900 voix de retard sur la candidate de la NUPES, Lynda Meguenine. Au second tour, elle s'impose avec presque 2 600 voix d'avance et un score de 54,8 % des suffrages exprimés.
"Un contexte particulier"
Nous vous proposons dans la suite de cet article de mentionner les résultats en fonction des électeurs inscrits. Cela permet de comparer les deux tours de scrutin indépendamment de la participation. Dans cette circonscription qui rassemble notamment une partie de Reims, Fismes ou encore Bezannes, la candidate RN a vu son score passer de 9,66 % des électeurs inscrits à 19,63 % des inscrits.
En additionnant les scores au premier tour des candidats RN, Les Patriotes et Reconquête, on arrive à 12,34 % des inscrits. Pour grimper à 19,63 % des inscrits au second tour, Anne-Sophie Frigout est donc parvenue à convaincre d'autres électeurs potentiels, qu'ils aient été abstentionnistes au premier tour ou qu'ils se soient prononcés pour un autre candidat au premier tour.
"Je pense qu'il y a eu un contexte particulier dans ma circonscription. Mon appel au barrage républicain contre ma concurrente, une candidate d'extrême-gauche qui cautionnait les propos de Jean-Luc Mélenchon, a été entendu auprès des électeurs républicains mais aussi macronistes", a affirmé la nouvelle députée sur notre antenne ce lundi 20 juin au lendemain de son élection.
L'abstention a légèrement augmenté entre les deux tours, passant de 53,98 % des inscrits à 56,34 %. Impossible cependant d'affirmer que ce sont les mêmes électeurs qui se sont abstenus lors des deux tours. La hausse de l'abstention n'est en tout pas pas spécifique à cette circonscription, on la constate aussi au niveau national.
Si on regarde les résultats détaillés dans les 85 communes dans cette circonscription, on constate qu'Anne-Sophie Frigout arrive en tête dans presque l'intégralité d'entre elles. C'est seulement à Reims et dans les toutes petites communes de Romain, Hourges et Marfaux que Lynda Meguenine arrive en tête.
Anne-Sophie Frigout améliore son score du premier tour de 200 voire de 300 % dans plusieurs communes de la circonscription, comme Gueux, Les Mesneux ou encore Ville-Dommange. Mais à Reims aussi, Anne-Sophie Frigout progresse en passant de 2 109 voix à 4 876, soit une augmentation d'un peu plus de 130 %. Dans le même temps, le score de Lynda Meguenine n'augmente que de 55 % dans la commune la plus peuplée de la circonscription.
"Les digues ont lâché"
Les candidats malchanceux du premier tour, comme la députée sortante Aina Kuric (Divers centre), la candidate investie par la majorité présidentielle Laure Miller ou le représentant de Les Républicains n'ont pas tenu le même discours entre les deux tours.
"Je ferai barrage, et j'encourage ceux qui ont voté pour moi à faire de même", avait indiqué Aina Kuric. Stéphane Lang (Les Républicains) lui comptait voter blanc au second tour. "Entre deux extrêmes qui dérogent aux valeurs républicaines, il ne peut y avoir de choix positif", expliquait-il à L'Union. Un choix partagé semble-t-il par un certain nombre d'électeurs, le vote blanc est passé de 0,58 à 6,31 % des inscrits dans la circonscription entre les deux tours de scrutin.
Laure Miller, de son côté, conteste les résultats du premier tour, en affirmant qu'elle aurait dû arriver en tête au lieu d'être en troisième position. De nombreux votes nuls auraient dû lui être attribués, selon elle, en raison d'une erreur dans les bulletins de vote. Elle n'a donc pas donné de consigne de vote pour "un second tour qui ne devrait pas avoir lieu", selon ses mots. Elle va déposer un recours.
Avec cinq élus RN en Champagne-Ardenne, qui n'en avait jamais connu, "les digues ont lâché", selon le politologue Olivier Dupéron. "Le barrage au Rassemblement n'existe plus dans la région. C'est une très forte poussée", a-t-il expliqué. Le parti de Marine Le Pen compte 89 élus dans la nouvelle Assemblée nationale.