La candidate investie par la majorité présidentielle Laure Miller a annoncé dimanche 12 juin qu'elle comptait déposer un recours à propos des résultats du premier tour des législatives 2022 dans la deuxième circonscription de la Marne. L'élue dénonce "un second tour qui ne devrait pas avoir lieu".
La majorité présidentielle avait tenté de peser de tout son poids pour faire élire Laure Miller. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en personne avait fait le déplacement dans la Marne le 8 juin pour apporter son soutien à la jeune élue rémoise.
Mais la candidate, qui faisait partie du parti Les Républicains il y a encore quelques mois, n'est pas parvenue à se hisser au second tour des législatives. Elle arrive en troisième position du scrutin du 12 juin dans la deuxième circonscription de la Marne et ne digère pas sa défaite.
L'élue investie par la majorité présidentielle, qui n'est pas venue s'exprimer devant la presse lors de la soirée électorale, a publié un communiqué vers 23h dimanche 12 juin. "Je n'accède pas au second tour pour 249 voix sur 32 809 voix prétendument exprimées. Or, ce second tour qui voit s'opposer le RN et la NUPES ne reflète pas le vote des électeurs de la 2e circonscription", indique-t-elle.
Elle affirme en effet que le second tour est "le fruit d'une erreur administrative". Ce qui pose problème, ce sont les bulletins de vote de la candidate. Enfin, plus précisément ceux qui ont été envoyés aux électeurs dans les enveloppes contenant les professions de foi.
Sur ces bulletins figurait la mention "La candidate officielle d'Emmanuel Macron". Un moyen de se distinguer d'une autre candidate, la députée sortante Aina Kuric, qui n'a pas obtenu l'investiture officielle de LREM. Aina Kuric avait elle choisi de faire apparaître sur son bulletin la mention "Députée de la majorité présidentielle" et son appartenance au parti Horizons, fondé par l'ancien Premier ministre Édouard Philippe.
Sauf que le code électoral interdit de mentionner sur un bulletin de vote le nom d'une personnalité qui n'est pas candidate. Impossible donc pour Laure Miller de faire apparaître celui d'Emmanuel Macron, même pour se prévaloir de son soutien.
Les bulletins de vote ne peuvent pas comporter d'autres noms de personne que celui du ou des candidats.
Article L52-3 du code électoral
La commission de propagande de la préfecture aurait dû refuser le bulletin de Laure Miller avant même qu'il ne soit inséré dans les enveloppes des professions de foi. Mais cela n'a pas été le cas.
Les bulletins de vote de Laure Miller présents dans les bureaux ont été modifiés pour être conformes à la loi. On pouvait y lire à la place du message invalide cette mention : "Candidate officielle de la majorité présidentielle".
Mais de nombreux électeurs ont semble-t-il voté en utilisant le bulletin reçu à leur domicile, au lieu d'utiliser ceux - valides - proposés dans les bureaux de vote. On enregistre en effet plus de 1 100 bulletins nuls dans la circonscription, alors qu'il y en a plutôt une bonne centaine dans d'autres circonscriptions de la Marne. Le millier de bulletins nuls serait, selon Laure Miller, constitué à une "immense majorité" de bulletins à son nom.
"À ma connaissance, j'ai un peu plus de 800 de ces bulletins qui étaient des bulletins qui me concernaient, qui étaient des votes en ma faveur. Et qui ont donc été déclarés nuls", nous a-t-elle expliqué lundi 13 juin à la mi-journée.
Il apparaît donc clairement que les résultats ont été faussés et que je devrais être, ce soir, en première position.
Laure Miller, candidate Ensemble - Renaissance
"Des électeurs otages d'un second tour entre les extrêmes"
"Je devrais être, ce soir, en première position", affirme la candidate, finalement arrivée en troisième position à l'issue du premier tour. Elle indique donc "formuler dès demain [lundi] un recours pour défendre les centaines d'électeurs qui ont voté pour moi, qui ont vu leur vote annulé et pour l'ensemble des électeurs de notre circonscription qui sont aujourd'hui l'otage d'un second tour entre les extrêmes."
Un éventuel recours ne pourra être examiné qu'une fois le second tour passé. Laure Miller n'est pas la seule à vouloir entamer des démarches pour contester les résultats du scrutin. Deux autres candidats ont indiqué leur intention de déposer un recours en Champagne-Ardenne.
Selon les résultats communiqués dimanche soir par le ministère de l'Intérieur, deux candidates sont qualifiés pour le second tour des élections législatives : Lynda Meguenine (NUPES - LFI) et Anne-Sophie Frigout (Rassemblement national).
Voici les résultats détaillés dans la circonscription :
- Lynda MEGUENINE (NUPES - LFI) : 22,5 % des exprimés (7 369 voix) - en ballotage
- Anne-Sophie FRIGOUT (Rassemblement national) : 22,0 % des exprimés (7 213 voix) - en ballotage
- Laure MILLER (Ensemble - Renaissance) : 21,2 % des exprimés (6 964 voix)
- Aina KURIC (Divers centre) : 12,5 % des exprimés (4 103 voix)
- Stéphane LANG (Les Républicains) : 10,9 % des exprimés (3 565 voix)
- Jean-Claude PHILIPOT (Reconquête !) : 4,9 % des exprimés (1 603 voix)
- Nesma SAYOUD (Écologie au centre) : 3,5 % des exprimés (1 139 voix)
- Thomas ROSE (Lutte ouvrière) : 1,4 % des exprimés (461 voix)
- Werner LAVENTURE (Les Patriotes) : 1,2 % des exprimés (392 voix)
On compte 438 bulletins blancs (1,3 % des votants) et 1 103 bulletins nuls (3,2 % des votants).