Le vendredi 6 novembre 2020, au lycée Jean Jaurès de Reims, en fin d'après-midi, un enseignant a été physiquement agressé par un de ses élèves, sans raison apparente. Le parquet de Reims a été saisi.
Une agression d'un enseignant dans un lycée à Reims. Les faits ont été relatés par le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourette dans un communiqué. Ce lundi 9 novembre, une réunion était prévue au lycée Jean Jaurès pour faire le point sur la situation, après l'agression d'un enseignant. Celle ci a eu lieu le 6 novembre 2020, au lycée Jean Jaurès de Reims, en deuxième moitié d’après-midi. "Un enseignant était physiquement agressé par un de ses élèves, sans raison apparente", précise le parquet.
Le jeune homme mis en cause, âgé de 15 ans et 11 mois, élève de 1ère, de nationalité lettone, avait attaqué son professeur qui se trouvait seul dans sa salle de classe, en tentant de l’étrangler, puis, alors que la victime avait réussi à se libérer de l’étreinte, en jetant une table dans sa direction. La victime parvenait à fuir et était prise en charge par le personnel de l’établissement, tandis que l’agresseur était rapidement interpellé sur la voie publique, sans difficulté, par une patrouille de police avisée des faits, détaille le procureur de la République, Matthieu Bourrette.
De son côté l'académie de Reims organise ce lundi 9 novembre une réunion au lycée pour faire le point sur cette agression. "L’enseignant a réussi à se sauver pour donner l’alerte. La police est intervenue très rapidement et a auditionné l’élève qui est exclu de l’établissement en attendant un conseil de discipline. L’enseignant a été pris en charge. Une cellule psychologique a été mise en place dans l’établissement. Un message a été adressé aux parents et aux personnels, pour les informer de la situation".
Traumatisme dans ce lycée tranquille
A la sortie de cette réunion, lundi 9 novembre, Christophe Girardin, secrétaire académique du syndicat SNES et enseignant à Jean-Jaurès a réagi. "Une réunion a eu lieu pendant une heure pour tous les collègues, on a fait le point, le corps enseignant est choqué, mais ce qui est important c’est la confiance avec nos élèves et la réaction des élèves par rapport à cet événement. Le lycée n’est pas un établissement difficile, d’où la surprise par rapport à ça. Il faut continuer à discuter, avoir des infos factuelles pour reprendre nos élèves après. Ce qui est essentiel de noter, c’est la rapidité des services de l’Etat. Et le fait que le collègue soit soutenu. Il faudra être attentif au retour de l'enseignant. Quand on s’est fait agressé, tout l’être est touché".Psychologiquement, continue l'enseignant, "c’est difficile pour notre collègue agressé, depuis ce week-end il se plaint douleurs au cou, il va être réexaminé par un médecin. Il a de l’expérience mais il a une quarantaine d’années. C’est quelqu’un qui a un bonne réputation. Les parents les profs les élèves ont tous apporté un message de soutien unanimes. Etonné que ce soit un prof si gentil qui se soit fait agressé". La mise en placement de cet élève agresseur présumé est en tout cas bien vécue par les enseignants sur place.
Dans un tweet, la rectrice de l'académie de Reims, Agnès Walch Mension-Rigaud, avait dénoncé cette violence dès samedi. "Je condamne l'agression d'un enseignant du lycée Jean Jaurès de Reims hier et exprime tout mon soutien à ce professeur, ainsi qu'aux équipes de l'établissement. La violence n'a pas sa place à l'Ecole".
Je condamne l'agression d'un enseignant du lycée Jean Jaurès de Reims hier et exprime tout mon soutien à ce professeur, ainsi qu'aux équipes de l'établissement. La violence n'a pas sa place à l'Ecole. #planviolence
— Agnès Walch (@AgnesWalch) November 7, 2020
Garde à vue pour l'élève
Le directeur académique des services de l’Éducation nationale de la Marne était attendu aux côtés des équipes ce lundi matin.Quant à l'élève, placé en garde à vue pour violences volontaires sans incapacité totale de travail sur une personne chargée de mission de service public, le mineur choisissait de garder le silence. S’agissant des éléments de personnalité, il indiquait être de confession musulmane, et pratiquer de manière assidue sa foi. Bon élève, son comportement était devenu plus difficile depuis la rentrée de septembre 2020.
Il avait participé lundi 2 novembre sans problème à la minute de silence. Dans la suite du cours, il n’avait pas voulu participer aux exercices de langue qui étaient d’ailleurs sans lien avec le temps commémoratif. Il a, durant sa garde à vue, indiqué, parmi les rares réponses qu’il a fournies, que les actes récents commis envers des professeurs étaient “des incidents très graves “ et espérait que “ les autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour endiguer ce phénomène”.
Présenté ce samedi 7 novembre 2020 à un juge des enfants, il a été mis en examen du chef de violences volontaires sans incapacité totale de travail sur une personne chargée de mission de service public. Il a reconnu l’agression et a indiqué que son geste était une réaction à une première agression physique de la part du professeur à son endroit qui l’aurait volontairement heurté avec la porte de la salle de classe. Il soutenait que sa réaction avait été disproportionnée et s’en excusait devant le magistrat.
Je condamne avec force l'agression d'un professeur du lycée Jean Jaurès de #Reims et lui exprime tout mon soutien , ainsi qu'aux équipes de l'établissement. La violence n'a pas sa place dans nos écoles. La sanction doit être exemplaire.
— Arnaud Robinet (@ArnaudRobinet) November 7, 2020
Aucun lien avec l'actualité récente
Il niait tout lien entre son passage à l’acte, et les caricatures de Mahomet, ou l’organisation de la minute de silence, ainsi que toute velléité de s’en prendre, pour des motifs religieux, à un représentant de l’éducation nationale. Conformément aux réquisitions du parquet, il a été placé dans un établissement public éducatif (EPE) dépendant de la protection judiciaire de la jeunesse, et va faire l’objet d’un suivi par des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, dans le cadre d’une mesure coercitive dite la liberté surveillée préjudicielle.La qualification retenue au regard des faits et l’âge du mis en cause ne permettaient pas d’envisager une mesure coercitive plus lourde. Il appartiendra à présent au juge des enfants de poursuivre les investigations, afin de déterminer le mobile exact du geste de ce mineur, totalement inconnu des services de police et de justice, mais également son profil psychologique, voire psychiatrique.
Le parquet national antiterroriste a été tenu informé de l’ensemble des éléments d’enquête afin de lui permettre de procéder à toute évaluation utile de ce dossier.