Reims - Centres de dépistage du coronavirus débordés : "Ne venez pas si vous êtes asymptomatique ou sans prescription"

Une file de grande taille s'étendait le matin du lundi 7 septembre, devant le centre de dépistage établi au laboratoire Bioxa de Bezannes (Marne). Un peu moins d'une centaine de personnes faisait la queue, au grand désespoir des biologistes qui ne parviennent que difficilement à gérer cet afflux.

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Pour pratiquer leur dépistage, les patientes et patients du laboratoire d'analyses Bioxa doivent prendre leur mal... en patience. En cause : une file ininterrompue devant ce centre de dépistage.

Dans la matinée du lundi 7 septembre 2020, entre 60 et 80 personnes patientent devant la polyclinique de Bezannes (Marne, voir sur la carte ci-dessous). Dans le hall d'accueil du laboratoire, des secrétaires débordées. Dans les grandes salles derrière elles, des machines à tests qui fonctionnent en cadence. 
 
Dans leur bureau au fond du centre, les biologistes Hervé Leturgie et Franck Noël analysent des résultats de tests sur leurs ordinateurs. Ils ne dorment plus beaucoup, car en parallèle du coronavirus, tous les autres dépistages continuent. "Le personnel fait du 7 heures à minuit. Ça ne suffit même plus : l'autre jour, j'ai fini à 3 heures du matin. On a acheté un automate à grande capacité et augmenté le nombre de secrétaires... Mais on a atteint nos limites. On est en surrégime : on a entre 800 et 1.000 tests à traiter par jour. Plus 200 que notre laboratoire de délestage en région parisienne n'a plus la capacité de traiter. En clair, tous les deux jours, on prend une journée de travail en retard."

Et la situation ne risque pas de changer avec la stratégie gouvernementale de procéder à des dépistages massifs. Une stratégie peut-être vouée à l'échec, selon le journal Le Monde (article sur abonnement)... et selon les deux experts. "On n'est pas les plus à plaindre... Mais on va être obligé de prioriser, de créer nos critères. Ça ne sert à rien de tester si on donne les résultats trop tard. C'est même dangereux : ça peut développer des clusters. Si on a un message à faire passer, c'est de ne pas venir chez nous si vous êtes asymptomatique ou que vous n'avez pas de prescription. Ceux qui viennent sans raison valable, on ne peut plus."
 

Ne venez pas chez nous si vous êtes asymptomatique ou sans prescription.

Hervé Leturgie, biologiste


"On doit se concentrer sur les sujets symptomatiques, ceux qui ont eu des contacts - c'est les clusters - selon les médecins ou l'ARS [agence régionale de santé; ndlr], les patients hospitalisés ou en pré-opéatoire pour ne pas faire rentrer le Covid dans la clinique... et les gens avec prescription qui ont pris rendez-vous. Les entreprises qui exigent des tests pour la reprise du travail, on ne fait pas. La préfecture l'a interdit. Et on n'est pas vraiment concerné par les tests de retour de vacances. Il faut vraiment comprendre qu'on ne peut pas tester à tous azimuts quand on n'a pas la capacité de le faire. On doit gérer des files interminables, des gens mécontents, une ambiance délétère... C'est chronophage." 

Les biologistes dénoncent des décisions prises à Paris, sans vérification préalable des capacités de dépistage. Une situation qui fait que le laboratoire fonctionne à flux tendus. Une panne qui survient, une livraison qui ne peut pas être assurée, et la capacité de dépistage tombe à... zéro. "Ce n'est encore jamais arrivé, on a toujours réussi à tenir. Mais ça ne tient qu'à un fil. C'est pour ça qu'on demande de ne venir qu'avec une prescription : il faut voir un médecin et pas s'auto-dépister pour venir. C'est pour rendre service à tout le monde. Sinon, c'est contreproductif." 
 

"On ne peut pas canaliser autant de monde, et le tri est infaisable dans la file. Les gens finissent par s'y énerver. Un jour, ça va mal finir à l'accueil. On a même envisagé d'engager un agent de sécurité..." D'autant que l'impatience est mauvaise conseillère : en cas de suspicion de contamination, il faut savoir que la charge virale met environ une semaine à devenir détectable. Il faut donc... attendre avant de venir. "Ce n'est pas qu'on ne veut pas vous dépister : c'est qu'on ne peut pas. On n'a pas les moyens humains et techniques pour ça."

D'après les biologistes, le nombre de cas relevés a tendance à augmenter. Dans la file, Hortense peut en attester. Elle rentre dans trois semaines dans sa faculté de droit située en Angleterre... et est venue car elle a des symptômes. "J'ai expliqué ce que j'avais à mon médecin, et elle m'a fait une ordonnance." Venue avec sa mère, elle attend depuis 1h20. Cette dernière est compréhensive. "On attend longtemps, mais l'organisation n'était pas prévisible il y a un an. Tout le monde vient car il y a de plus en plus de cas : les analystes ne peuvent pas aller plus vite que la musique." Voilà qui est bien dit.
 
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