Reims : Conrad Mastalerz développe les prothèses du futur, en polymères et imprimées en 4D, pour mieux soigner les fractures

Doctorant à l'université de Reims Champagne-Ardenne (Urca, Marne), Conrad Mastalerz travaille sur une thèse portant sur l'utilisation des polymères et l'impression 4D pour concevoir les prothèses du futur. Elles pourraient révolutionner les soins apportés aux fractures d'ici cinq années.

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À seulement 26 ans, Conrad Mastalerz pourrait révolutionner la science et la médecine. Plus précisément les soins apportés aux personnes souffrant de fractures.

"Impression 4D de polymères pour la santé", c'est l'intitulé de sa thèse. Pour faire simple, les polymères sont un assemblage complexe de différentes molécules. Quant à l'impression 4D, c'est une impression 3D, mais en prenant en compte le facteur du temps qui passe qui va influencer le matériau. 

De quoi réaliser des prothèses biodégradables pouvant remplacer les broches métalliques pour soigner certains fractures (et donc éviter de réopérer pour sortir lesdites broches). La thèse a été vulgarisée : notamment en 2020, à l'occasion de Ma thèse en 180 secondes (voir vidéo ci-dessous).


Mais également dans la courte bande-dessinée Eurêka (chapitre 4, page 22). C'était lors de l'édition 2021 de la Fête de la science. Plus formellement, la thèse a été soutenue par Conrad Mastalerz le jeudi 16 décembre 2021, et doit bientôt faire l'objet d'une publication d'ici le printemps. 

Ayant étudié la chimie, les matériaux et les polymères pendant cinq ans à l'université de Lille (Nord), le scientifique voulait "se rendre utile". Depuis 2018, il mène ce doctorat (ce qui constitue parfois un sacerdoce) qui lui a été proposé au sein de l'université de Reims Champagne-Ardenne (Urca, Marne, voir la carte ci-dessous).


France 3 Champagne-Ardenne a contacté Conrad Mastalerz pour en savoir plus sur ses recherches. 


Pouvez-vous nous résumer votre thèse ?

"Il s'agirait de concevoir autrement des prothèses. Elles vont évoluer dans le temps à l'aide d'un matériau, qui peut être facilement mis en forme avec les polymères, à l'aide de procédés innovants comme l'impression 3D. Et 4D. Ça a des avantages en termes de temps et de coûts. On pourrait concevoir ces prothèses selon le patient. Et le but, à terme, c'est que l'os se soit complètement régénéré et qu'il n'y ait plus aucune trace de la prothèse dans le corps. "

Le but, à terme, c'est que l'os se soit complètement régénéré et qu'il n'y ait plus aucune trace de la prothèse dans le corps.

Conrad Mastalerz, doctorant à l'université de Reims Champagne-Ardenne (Urca)

"C'est donc très avantageux pour le domaine de la santé. Et c'est révolutionnaire. Il y a énormément de possibilités qui s'ouvrent à nous. Bien sûr, ça va prendre un peu de temps car il y a énormément de normes sur tout ce qui est médical. On n'a encore fait que des tests en laboratoire. Il faut ensuite le faire sur des cobayes, avant d'envisager des tests à plus grande échelle sur des patients. A priori, ça pourrait peut-être prendre minimum cinq ans. Ça paraît proche, mais ça paraît aussi loin." 


Où en êtes-vous ?

"J'ai terminé ma thèse il y a peu. Au niveau de mes recherches, j'ai pu trouver les bons matériaux. Et commencer à faire les premiers essais en biologie, qui se sont avérés très satisfaisants. On n'a pas encore eu le temps de tester la durée d'irradiation des prothèses [pour qu'elles se dégradent aussi vite que les os se régénèrent tout en restant assez solides; ndlr]. Mais on a bien coché la case du matériau utilisé, et on peut justifier du fait qu'il est accepté par le corps [biocompatibilité; ndlr] et qu'il a amélioré la régénération osseuse." 


Comment avez-vous géré votre travail de vulgarisation ?

"J'ai toujours trouvé dommage de se dire que comme c'est dans le domaine de la science ou des études supérieures, beaucoup de gens se disent qu'ils ne vont pas comprendre ou que c'est trop compliqué pour eux. Et par rapport à mon entourage, j'appréciais de leur expliquer ce que je faisais, leur rendre accessible toute cette science. À partir de là, il y avait ces possibilités. Ce n'est pas dérangeant, je trouve : quand on a constamment la tête dans le guidon, ça fait du bien de faire un peu de vulgarisation. Ça nous rappelle que ce qu'on fait est utile, est intéressant. Si on se focalise trop sur nos tableaux, sur nos résultats, on peut vite perdre la motivation [dans la BD le mettant en scène ci-dessous, il semble justement très motivé; ndlr]."

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À quoi ressemblent vos journées-types ?

"La journée d'un thésard, c'est arriver tôt le matin et se dire qu'il faut faire telle analyse, retravailler ça... On a ces idées en tête. Dans mon cas, je lance les manipulations, les analyses qui prennent du temps. Entre temps, je fais des recherches, j'écris un petit peu [comme cet article détaillé publié dans The Conversation; ndlr]. On trouve toujours quelque chose à faire."


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