Reims: des demandeurs d'asile menacés d'être expulsés d'un ancien foyer laissé vacant

Le collectif Sövkipeu accueille depuis le mois d'avril des demandeurs d'asile dans un ancien foyer laissé vacant à Reims. Mais mardi 7 mai, le collectif a reçu un avis d'expulsion et craint désormais d'être délogé à tout moment.
 

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En France, toute personne qui demande l'asile a le droit à un logement le temps que sa demande soit étudiée et qu'une décision soit rendue. Problème: face au grand nombre de demandes, les places manquent dans les structures d'hébergement d'urgence. Et les demandeurs d'asile peuvent se retrouver sans toit.
 

Un ancien foyer pour mineurs

Pour répondre à ces situations de crise, le collectif Sövkipeu a donc décidé, depuis avril, d'investir un ancien foyer pour mineurs rémois laissé vacant et appartenant au bailleur social Le Foyer rémois. Une cinquantaine de personnes y vivent actuellement dont vingt-deux mineurs. Un squat, illégal lui aussi, qui n'a pas tardé à faire réagir. Hier, mardi 7 mai, le collectif a reçu un "commandement de quitter les lieux".

"Nous étions décontenancés, choqués, paniqués, raconte Philippe Cuisset, membre du collectif Sövkipeu. L'Etat refuse toujours d'appliquer la loi en ce qui concerne l'accueil des demandeurs d'asile. Le Foyer rémois veut nous expulser sous des prétextes qui sont totalement fallacieux puisqu'il est question d'amiante. Le rapport de l'huissier est truffé d'erreurs et on pense que cela peut être attaqué d'une manière légale mais là, on manque de temps. Pour nous, il est hors de question de mettre toutes ces personnes dehors. On cherche des solutions désespérément pour qu'elles puissent être accueillies dignement, en obéissant aux lois de ce pays en matière d'accueil."
 
 

De multiple appels infructueux au 115

La stupeur est également bien présente chez les bénéficiaires. A l'image d'Aïcha, qui a fui la Guinée-Conakry avec sa fille de sept ans pour lui éviter l'excision et qui réside avec elle dans le foyer depuis le 9 avril.

Je suis partie de mon pays parce qu'ils voulaient exciser ma fille. Moi-même, je suis excisée, je ne veux pas que ma fille subisse ça. Je veux la protéger. On m'a dit d'appeler le 115 mais, à chaque fois que j'appelle le 115, ils disent qu'il n'y a pas de place. 
-Aïcha, demandeuse d'asile guinéenne-

Et forcément, la perspective de se retrouver à la rue est une source d'angoisse supplémentaire. "On était très bien ici avec les gens qui nous ont hébergés. Si on nous dit de partir, on ne sait pas comment on va faire. Vendredi, je dois aller inscrire la petite pour qu'elle aille à l'école. Mais si on est dehors comment la petite va faire, on ne peut pas. Nous sommes trop inquiètes."

Jean, lui, a fui le Congo car il était opposant politique. En France depuis le mois de février, il a également connu la galère du manque de place dans les structures d'hébergement d'urgence. "J'appelais le 115 tous les jours, j'appelais, j'appelais, j'appelais mais malheureusement on me disait toujours «Non monsieur, nous sommes désolés, il n'y a pas de place»". Dans ce foyer rémois, il avait trouvé plus qu'un toit, un entourage pour vaincre sa solitude.

Être ici, ça me permet de m'en sortir et d'être bien avec les autres, c'est vraiment important. Quitter pour aller où ? Ici, en Europe je n'ai pas de famille et je sens qu'ici j'ai déjà une famille.
-Jean, demandeur d'asile congolais-

Quant à la suite, du côté du collectif "Sövkipeu", pour l'instant, on reste dans l'expectative. "On n'a pas de solution si ce n'est peut-être de tenir, de trouver un autre lieu ou de réinvestir un camp ce qui serait catastrophique étant donné les conditions actuelles. Et puis, pour les personnes, ce serait extrêmement violent", conclut Philippe Cuisset. Par précaution, les bénévoles ont déjà rachetés des bâches pour monter rapidement un camp de fortune, en attendant l'évacuation.
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