Reims : une femme soupçonnée d'avoir tué son conjoint violent avec un couteau

Le procureur de la république de Reims, Mathieu Bourrette, a ouvert une enquête criminelle pour meurtre sur conjoint dans la nuit du 19 au 20 novembre. Lors d'une conférence de presse,  ce jeudi 21 novembre 2019, il a estimé qu'"il est trop tôt pour parler de légitime défense".
 

C'est le portrait d'un couple toxique qu'a dressé Matthieu Bourrette, le procureur de la République de Reims, lors de sa conférence de presse, ce jeudi 21 novembre 2019. Entre Sabrina, 32 ans et Ismaël, 27 ans, les conflits étaient nombreux. Victimes de violences de sa part, elle l'aurait d'ailleurs quitté à plusieurs reprises avant, à chaque fois, de poursuivre son histoire avec lui.
 

Tout est parti d'une remarque futile liée à la paternité.
- Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims


Le procureur de la République a également précisé les circonstances du drame. "Dans la nuit du 20 novembre, vers 3h du matin, le commissariat de Reims a été appellé pour une intervention rue Croix-Saint-Marc où une femme ensanglantée et tuméfiée déambulait devant chez elle en criant qu'elle venait de poignarder son conjoint", commence le procureur avant de livrer les détails de cette macabre nuit.
 


Le couple passait la soirée dans son appartement et était très fortement alcoolisé après avoir bu chacun "cinq à six tasses de vodka". Puis la soirée à subitement changé d'allure. "Tout est parti d'une remarque futile liée à la paternité. Elle s'était moquée de lui. Il avait alors saisi une bouteille de vodka et lui avait assené un coup sur le crâne occasionnant une importante blessure et un grand saignement", développe le procureur.  L'homme aurait alors tenté à plusieurs reprise d'étrangler la trentenaire "au point de manquer de lui faire perdre connaissance". Une altercation qui a réveillé leur nourrisson âgé de trois mois qui dormait à l'étage. Sabrina est alors montée dans sa chambre, suivie par son conjoint.
 

"Par reflexe et par peur"

Toujours selon Sabrina dont le procureur a déroulé la version des faits, Ismaël s'est alors emparé du nourisson faisant mine à plusieurs reprises de lui taper la tête contre le mur. Jamais depuis la naissance de l'enfant, l'homme ne s'en serait pris au bébé. Sur sa supplication, il lui aurait alors rendu l'enfant. Elle aurait ensuite tenté de quitter l'appartement alors qu'il s'emparait d'un couteau de cuisine à la lame longue de trente centimètres se trouvant dans la cuisine. Elle a alors posé l'enfant pour le protéger.

Après avoir menacé Sabrina a plusieurs reprises, Ismaël aurait alors "reposé le couteau sur une table de salon et s'était approché d'elle à mains nues.  Par réflexe et par peur, elle avait alors saisie le couteau et lui avait enfoncé dans le ventre, avant de le ressortir". Transporté au CHU de Reims dans un état critique, l'homme devait décéder dans la journée du 20 novembre. 
 

Meutre aggravé sur conjoint

Matthieu Bourette a annoncé avoir ouvert une information judiciaire pour meurtre aggravé sur conjoint précisant qu'à ce stade "il est trop tôt pour parler de légitime défense". Il a également requis le placement en détention provisoire de l'accusée "compte tenue de la gravité des faits et de l'absence de garantie de représentation, l'intéressée étant sans activité professionnelle, sans domicile fixe et sans ressource".

La mise en cause "qui a reconnu les faits et les a regrettés immédiatement et à plusieurs reprises dans son auditon", encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Il appartient désormais à la justice de "vérifier si la riposte était concomittente aux violences subies et proportionée à l'agression dont elle dit avoir été la victime, ainsi que son bébé".


"Plusieurs mains-courantes devenus plaintes"

"Le couple s'était rencontré en août 2018 en région parisienne, a encore indiqué le procureur. Leur vie commune a été émaillée depuis quinze mois d'errances et de violences. Socialement très défavorisé, ce couple a vécu ensemble dans la rue pendant près d'un an, dans les départements du 93, du 78, du 92 et du 77 occupant soit des squats, soit des hébergements d'urgence. La mise en cause a expliqué que durant cette période, elle avait été victime a plusieurs reprise de la violence de son conjoint, alors même qu'elle était enceinte de lui, déposant plusieurs mains-courantes devenues ensuite plaintes."

L'homme avait été interpellé pour des faits de violences conjugales dans les Hauts-de-Seine, il avait été placé sous contrôle judiciaire en mai 2019 avec interdiction d'entrer en contact avec sa conjointe. Il ne s'était pas présenté à son procès en septembre et le tribunal correctionnel de Nanterre l'avait condamné à une peine de quatre mois de prison ferme, peine en cours de signification au moment du meurtre. La mesure d'interdiction quant à elle n'avait jamais été respectée et le couple avait toujours continué sa vie commune.

Le couple était arrivé à Reims en aôut 2019.
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