Reims : histoire, urbanisme, pétales en forme de coquilles... cinq choses à savoir sur le quartier Croix-Rouge

A l'occasion du centenaire de Reims Habitat, le bailleur social organise des visites guidées des quartiers dans lesquels il est implanté. Direction Croix-Rouge, loin des préjugés sur un quartier populaire en pleine transformation.

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Une ville dans la ville. Avec près de 20.000 habitants, le quartier Croix-Rouge est le plus grand de Reims. Il fallait donc bien une guide conférencière pour animer la visite guidée. A l'occasion de son centième anniversaire, le bailleur social Reims Habitat organise, du lundi 28 juin au samedi 3 juillet, deux visites guidées quotidiennes des différents coins de la ville où elle possède du patrimoine immobilier. Ce jeudi 1er juillet, c'est au tour de Croix-Rouge. Croyez-nous, il y a sûrement tout un tas de choses que vous ignorez sur ce quartier. 

France 3 Champagne-Ardenne vous donne cinq points à retenir sur Croix-Rouge, que vous pourrez ressortir pour épater vos amis. 

 

  • 1. Un quartier avec plus de 50 ans d'histoire

Croix-Rouge est ce qu'on appelle un toponyme. Un mot savant pour définir un nom propre désignant un lieu. La toponymie, la science qui les étudie. Pourquoi vous détailler tout ça ? D'abord parce qu'utiliser des mots compliqués, ça fait distingué. Et puis parce que le quartier Croix-Rouge devrait son nom, selon des sources lointaines, à une croix rouge ou un calvaire rouge, qui se trouvait là avant la construction du quartier. La mention la plus ancienne date de 1819. C'est le même principe que pour le quartier Maison-Blanche, qui doit son nom à une ferme blanche qui se trouvait là avant qu'on n'y construise des bâtiments.

Mais le quartier est apparu bien après le XIXème siècle. C'est en 1962 que son projet de construction voit le jour. Croix-Rouge n'était d'ailleurs pas vraiment un quartier de la ville de Reims, mais un ensemble de champs. C'est alors Jean Taittinger qui est à la tête de la cité des sacres. Main d'oeuvre qui arrive en masse, industrie florissante, exode rural... le besoin en logements se fait de plus en plus pressant.

On abandonne alors la notion de cité-jardin, en vogue à l'époque, où l'on veut bâtir des pavillons cerclés de jardins individuels -dont le quartier Chemin Vert est un exemple. On préfère les grandes constructions standardisées, moins chères et plus rapides à construire. Il faut faire vite et au maximum pour accueillir des familles de travailleurs, souvent modestes.

 

  • 2. Des immeubles conçus pour favoriser le lien social

On construit haut et en béton. Mais avec quelques idées derrière la tête. Elles sont héritées de l'architecte Le Corbusier, à qui on doit notamment la Cité radieuse de Marseille. Typique de l'époque, les barres d'immeubles de Croix-Rouge poussent comme des pins, entre 1968 et 1972.

Vous remarquerez que du côté de la tour Eisenhower et dans ses parages, il est très difficile de trouver une place pour se garer. "C'est normal, tranche la guide conférencière indépendante Céline Parise. A l'époque, les locataires ont un garage et tout est pensé pour différencier l'espace piéton de l'espace utilisé par la voiture." On entend des "ah" de soulagement dans l'assistance. Oui, c'est bien pour cela que nous avons tous longuement cherché une place avant de participer à la visite.

Différencier la voiture des piétons, cela se traduit de différentes façons dans la partie Eisenhower. Les entrées d'immeubles se font par les cours intérieures, pensées comme des espaces communs de verdures, afin d'y favoriser les rencontres entre les locataires. Les commerces sont eux-aussi tournés vers l'intérieur, et non vers la rue. On privilégie les galeries commerçantes, comme "la Rafale", détruite en 2005 car dévenue vétuste. Pourtant, elle symbolise le courant architectural appelé le Brutalisme. Encore un mot à placer durant votre dîner.

Un peu plus loin, en longeant la voie de tramway, les tours se font moins hautes, moins opressantes. C'est la partie "Pays de France", sorte de quartier dans le quartier, où les noms de rues rappellent les différentes régions de l'hexagone. On trouvera la rue des Savoyards, des Provençaux et autres Bourguignons et Auvergnats. L'objectif est alors de différencier les zones du quartier par thématiques. C'est pourquoi la rue des Auvergnats rejoint l'avenue Robert Schuman, ancien résistant, qui appartient à la partie Eisenhower. La rue des Provençaux elle, rejoint celle de Frédéric et Irène Joliot-Curie, ancienne chimiste. Qui appartient elle-même à la partie Croix-du-Sud, dédiée aux scientifiques. Tout est logique.

 

  • 3. Des cartes postales à l'effigie du quartier

A l'époque de sa construction, Croix-Rouge représente la ville moderne par excellence. Le quartier dans lequel on s'offre de grands logements -certains appartements mesurent plus de 100m²- avec l'eau courante, potable et l'électricité. Il faut se distinguer du quartier Saint-Remi par exemple, dans lequel les logements sont insalubres et les toilettes se trouvent généralement au fond d'une cour. Le tout, à un prix modéré.

Il faut donc s'imaginer qu'à l'époque, vivre à Croix-Rouge, ce n'est pas n'importe quoi. Même en 2007, "on nous avait dit : 'Ici, il n’y aura jamais de RSA', se souvient, non sans ironie, l'adjointe à la mairie Caroline Barré, habitante du quartier qui s'est frayé une place dans la visite. "On disait : 'On est dans du social haut de gamme.'" "Au début, on ne voulait pas vivre ici, renchérit Louisette, qui vit à Croix-Rouge depuis 50 ans. Maintenant, je ne partirais pour rien au monde, on a quand même de beaux appartements."

Alors, quand on construit autant de logements, on plastronne. Dans les années 1970, des cartes postales à l'effigie du quartier sont vendues au grand public. Les tours d'immeuble se prennent pour la cathédrale. Les sculptures de la pataugeoire, pour l'ange au sourire.

 

  • 4. Les coquilles symbolisent en fait des pétales de fleurs

Celles qu'on appelle aujourd'hui les coquilles, et qui constituent le logo de l'université de Reims Champagne-Ardenne (Urca), étaient conçues pour être... des pétales de fleur ! La comparaison fonctionne beaucoup mieux vue du ciel. Sur cette carte Google Maps (voir ci-dessous), vu du ciel, la comparaison semble moins capilo-tractée. "Officiellement, on les appelle les corolles, souligne Céline Parise. En fait, ce sont des poutres en bois qui, vues du dessous, font penser à des coquilles."

Autre anecdote à propos de l'université : initialement, elle n'aurait pas dû se trouver à Croix-Rouge. Fin 1950, on veut refaire de Reims une ville universitaire. A ce moment-là, c'est le quartier Saint-Rémi qui est envisagé. On lorgne également sur l’hôtel des Jésuites (qui accueille aujourd'hui le campus rémois de Sciences Po Paris). Mais il en sera décidé autrement. On veut que l'université se trouve dans un bâtiment moderne. D'où les coquilles/fleurs.

 

Les coquilles de l'Urca ne sont pas les seules à avoir une allure trompeuse. De sa création en 1936 à 1952, l'hippodrome était en fait un aérodrome. Il en existait trois à Reims et les aviateurs avaient du mal à se repérer. 

Alors, le docteur Crochet, qui avait créé cet aérodrome, décida de construire des massifs de fleur en forme de bouteilles de champagne. Logique quand on se trouve à Reims. Après-guerre, il sera reconverti en potager. Puis en hippodrome. Il aura d'ailleurs une grande importance dans l'histoire du hippisme français, puisque c'est dans son enceinte qu'en 1982, le Grand National du Trot, sorte de Tour de France des hippodromes, sera créé par un Rémois.

 

  • 5. Plus de 50 nationalités différentes

C'est le dernier paragraphe, place aux chiffres. Rien de tel pour se grimer en scientifique.

Au sein de Croix-Rouge, on recense 52 nationalités et 5 cultures religieuses différentes. "C'est le quartier le plus cosmopolite de Reims !, s'enorgueillit Caroline Barré. C'est ce qui fait sa richesse et sa complexité."

Ce quartier, il a quelque chose. Aujourd'hui, je n’en partirai pour rien au monde. J’y suis depuis quinze ans. Il a une âme, une mixité de cultures.

Caroline Barré, adjointe des quartiers Reims-Ouest.

Autres chiffres, plus techniques cette fois. La ville de Reims dénombre 43% de logements sociaux. Un chiffre bien au-dessus de la norme légale (25% du parc des résidences principales, ou 20% pour les communes dont le fonctionnement du marché de l'habitat ne le justifie pas). Parmi ces 43% de logements sociaux, 9.000 se trouvent à Croix-Rouge. Fin 2021, ce nombre de logements sera revu à la baisse puisqu'un plan de renouvellement urbain prévoit la suppression de deux barres d'immeubles. En tout, 1.800 logements seront détruits et entre 1.300 et 1.400 habitats seront reconstruits.    

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