Faire la chasse au gaspillage alimentaire, mettre en avant le partage, voici les objectifs de l'association "Les Bons Restes". Après un fonctionnement très positif de quelques mois, ce collectif entend ouvrir une cantine pérenne. Pour cela, l'association a mis en place une cagnotte en ligne.
Bénédicte, Jean-Paul ou encore Margaux ont un point commun, ils font partie d'une association, qui, en quatre années d'existence, a permis de sauver de la poubelle plus de deux tonnes de légumes, de fruits, de pain, de pâtes, d'œufs et de chocolat. Quels défauts avaient ces produits ? Ils étaient juste un peu flétris, ou tout simplement moches. Sans les membres de cette association, toutes ces denrées auraient été jetées.
Au plan environnemental, le gaspillage alimentaire n'est pas neutre. Selon "Les Bons Restes", l'empreinte carbone de ce gâchis représente 15,5 millions de tonnes d'équivalent CO2, chaque année. Et, si en France, cette gabegie est de l'ordre de 20 kilogrammes, par an, et par habitant, à Reims, le gaspillage alimentaire constitue près de 30 kilogrammes, par habitant et par an, dans les ordures ménagères. Des chiffres choquants, pour l'environnement, et pour tous ceux qui, et ils sont de plus en plus nombreux, ont des difficultés pour se nourrir.
Le week-end, on va glaner, avec les bénévoles, les produits, chez les producteurs, artisans, ou partenaires distributeurs bio.
Une cantine espérée pour la fin de l'année
De janvier à mars 2020, dans la Cité des Sacres, les membres de l'association ont pu faire fonctionner une cantine éphémère, à Quartier Libre. En octobre, c'est l'espace Verrerie de la Maison de Quartier Arènes du Sud, à Reims, dans la Marne, qui avait permis que vive cette belle idée de restaurant associatif, peu cher. Attention, peu cher et non gratuit, aux "Bons Restes", le prix du repas est libre. Chacun donne ce qu'il veut, ou ce qu'il peut. Outre la reconnaissance du travail accompli par les bénévoles, qui se sont mis aux fourneaux, ceux qui sont à l'origine de l'association souhaitent faire réfléchir sur la consommation, rendre les gens plus responsables.
La récupération des produits n'est pas la seule ambition des personnes engagées dans cette démarche. Créer du lien en est une autre. A l'heure du déjeuner, c'est autour de grandes tables que peuvent se retrouver tous ceux que l'aventure intéresse. Trente couverts sont disponibles, et c'est ouvert à tous. Les convives peuvent ainsi découvrir, à travers le menu unique, entrée, plat, dessert, des produits du terroir. En effet, aux "Bons Restes", on a à cœur de valoriser les circuits courts. Ce qui est consommé ici, vient de cent kilomètres, maximum.
Mais pour poursuivre l'expérience, et développer des activités dans un lieu d'échange, il faut de l'argent. C'est la raison pour laquelle, une cagnotte en ligne a été ouverte.
Il est important de réunir les gens, de se connaître, de ne pas manger tout seul... et d'avoir conscience de ce qu'on a dans son assiette.
Des contreparties pour les donateurs
Depuis le lancement de cette opération de financement participatif, sur la plateforme "Helloasso", le premier palier des objectifs de l'association a été atteint. Avec un peu plus de 5.000 euros, déjà collectés, "Les Bons Restes", vont pouvoir s'équiper en appareils de cuisson et petit électroménager. Seulement, il faudrait, pour réaliser des travaux dans la salle de restauration, faire face aux charges, dépasser les 40.000 euros.
Tout a été prévu. Les généreux donateurs pourront selon leur contribution, récupérer, par exemple, deux places pour un brunch, ou recevoir un jeu des huit familles, pour s'amuser en famille, ou entre amis. La convivialité est, en effet, un des piliers de ce projet. Sandrine Libeaut, qui est présidente de l'association "Les Bons Restes", l'assure : "Il est important de réunir les gens, de se connaître, de ne pas manger, tout seul. C'est d'ailleurs très français de prendre du temps à table, et d'avoir conscience de ce qu'on a dans son assiette".
Faire la vaisselle ensemble
Pour participer à ces repas, il faut réserver, comme pour débarrasser, ranger, faire la vaisselle. "On s'est presque battu pour faire la vaisselle", raconte Sandrine Libeaut, heureuse que l'idée de partager remporte un certain succès. Car la participation est à la base de ce projet. "Le week-end, on va glaner, avec les bénévoles, les produits chez les producteurs, artisans ou nos partenaires distributeurs bio. Ensuite, ensemble, on élabore les menus, en variant le plus possible".
Une banane, encore bonne, mais noircie, un œuf hors calibre, ne trouveraient pas preneur, alors qu'ils sont excellents. Les sauver, en quelque sorte, c'est ce qui anime toute l'équipe. Autour de Sandrine Libeaut, on compte 13 membres actifs auxquels se joignent une cinquantaine de bénévoles. Mais il y a également, les producteurs, satisfaits de ne pas avoir à jeter, et qui peuvent ainsi valoriser leur travail.
Des tests très positifs
Les quelques semaines pendant lesquelles, la cantine éphémère a fonctionné, ont montré que cette offre plaisait. "En moyenne, les convives nous donnaient entre dix et douze euros, par repas. C'était notre prix d'équilibre, en quelque sorte", indique la présidente de l'association. "A l'origine, il y avait "Disco Soupe", une association nationale, mais en 2016, l'idée de la cantine associative et solidaire a germé, après un reportage télévisé; mettant en évidence des chiffres, et l'incohérence du gaspillage alimentaire".
Si l'expérience a bien marché, c'est parce que les consommateurs sont de plus en plus sensibles à ces questions. Aussi, l'association travaille également à organiser des ateliers, où l'on apprend, par exemple à faire des conserves. Des opérations de sensibilisation ont été mises en place auprès d'étudiants, de scolaires. La crise sanitaire n'a permis, pour l'instant que des sessions en distanciel. Pour le reste, toute l'équipe est bien déterminée à ouvrir une cantine participative, "anti-gaspi", et pérenne. Le projet pourrait aboutir, à la fin de l'année 2021.