La fresque ornant la façade du 26 rue de Taissy, à Reims (Marne), va disparaître en raison de travaux d'isolation. Jusqu'au premier semestre de l'année 2022, il sera encore possible de la contempler avant son recouvrement. "Le Sourire de Reims" est un élément du patrimoine artistique rémois très apprécié du public.
Impossible de la rater si l'on passe par Reims (Marne), où l'on apprécie beaucoup les fresques. Des générations de Rémois et de Rémoises - et de gens de passage - ont circulé devant.
Mais ce sera bientôt un lointain souvenir. La fresque du Sourire de Reims est condamnée à disparaître. Le syndic de l'immeuble doit procéder à des travaux d'isolation indispensables.
La fresque orne la façade de l'immeuble se trouvant au 26 rue de Taissy. Elle est particulièrement visible de la route nationale 51 (N51), au niveau du pont enjambant le canal (à voir sur la carte ci-dessous).
Avec ses teintes de bleu et jaune, elle représente une partie du patrimoine rémois, notamment la cathédrale de Reims et son célèbre ange au sourire. On y voit aussi une flûte de champagne (du Abelé 1757).
Il s'agit de la maison de champagne à l'origine de cette fresque. Une sorte de mécénat artistique qui n'oubliait évidemment pas d'afficher le nom de cette institution (depuis effacé). On doit cette oeuvre d'art au peintre muraliste Philippe Betrancourt, qui l'a peinte en 1988 (information confirmée par la municipalité le 4 octobre 2021), si ce n'est 1987 (d'après le Magazine de la Marne qui date d'avril 2011).
Une fresque devenue emblématique. Les internautes (d'Insolite Reims - Photographies notamment) regrettent sa disparition programmée au premier semestre 2022 (commentaires visibles sous la publication Facebook ci-dessous).
"Les descendants de Philippe Betrancourt ont accepté la suppression" de la fresque, révélait au tout début du mois d'octobre la municipalité à France 3 Champagne-Ardenne. Ces travaux d'isolation "ont reçu un avis favorable de la ville", qui ne peut "imposer la réalisation d'une nouvelle fresque" car il s'agit "d'une copropriété privée".
Pas de nouvelle fresque, en tout cas pas tout de suite
Les explications sont à trouver auprès du Syndicat de copropriété (SDC) du Pré aux Moines. Joint par France 3 Champagne-Ardenne ce lundi 11 octobre, il admet qu'il n'y a guère le choix. "On va mettre de la laine de roche sur les parois de la façade. Forcément, la fresque sera recouverte. On ne peut pas isoler les trois quarts du bâtiment, mais pas le dernier. C'est de l'isolation thermique : il n'y aurait plus aucun intérêt."
"La fresque, c'est peint à même la façade." Comprendre qu'il est impossible de la décrocher. "Et elle est dans un triste état. Les photos sont pas mal, mais quand on la regarde de près, la fresque est cloquée de partout."
Ces travaux sont indispensables. "Ce n'est pas juste pour le plaisir d'isoler, on le fait pour l'économie d'énergie. Les dépenses de chauffage augmentent, les propriétaires ont donc sollicité cette isolation par l'extérieur."
Une fois l'isolation posée, la fresque ne sera pas refaite. "À une époque, un artiste avait fait la fresque, qui était financée par une maison de champagne. Aujourd'hui, il n'y a plus de financement. Champagne Abelé a offert la fresque à l'époque, mais aujourd'hui, elle appartient à l'immeuble : on avait juste prêté notre mur."
Les architectes des Bâtiments de France (BAF) ont également avalisé la disparition du Sourire de Reims, mais en "incitant les propriétaires à réaliser une nouvelle fresque murale" (précision apportée par la municipalité). Ce n'est pas forcément pour tout de suite, explique le syndic. "Aujourd'hui, plus personne ne finance une fresque pareille. Après, pourquoi pas, on n'est pas contre, car on connaît l'immeuble grâce à la fresque." La question pourra donc être envisagée, mais seulement une fois achevés les travaux; lesquels ont pris cinq ans de préparation.