La piste cyclable de l'avenue Henri Farman, à Reims (Marne), a reçu de nouvelles couleurs et formes de délimitation durant la semaine du 23 mai, un investissement prioritaire pour la mairie. Pourtant, l'association Vél'Oxygène regrette qu'elle ne soit pas plus sécurisée.
La piste cyclable, c'est fait pour les vélos. Mais les cyclistes ont parfois peur de l'emprunter, car une partie des usagères et usagers de la route y prend parfois ses aises, que ce soit pour rouler ou stationner.
À Reims (Marne), un plan d'investissement cycliste d'un million d'euros (pour la seule année 2022) a commencé à porter ses fruits. Ce sont 50 kilomètres de pistes qui sont prévus, devant profiter à terme à 75% de la population rémoise.
La première piste cyclable flambant neuve est sortie de terre sur l'avenue Henri Farman. Un gros axe situé au coeur de la zone universitaire nord et du parc des expositions (voir sur la carte ci-dessous).
Dans la semaine du 23 mai 2022, une couleur verte a été appliquée sur cette piste (chacune en ville aura sa couleur caractéristique), et certains marqueurs de délimitation y ont été placés. Ces derniers ont un peu peiné l'association Vél'Oxygène, avec qui le projet cyclable municipal s'est co-construit (et la peinture verte seule est loin d'être totalement dissuasive).
Une expérimentation qui suscite déjà des retours
Fondée en 1998, la structure revendique plus de 570 foyers adhérents (pour environ deux à trois fois plus de personnes). Son président François Stoltz, a fourni quelques explications à France 3 Champagne-Ardenne. "Il y a eu un certain nombre de remarques" au sujet de l'expérimentation menée par la mairie sur l'avenue Farman.
"Un essai est fait pour le moment dans la deuxième partie de Farman. D'un côté, en descendant vers Châlons, vous avez des plots en béton qui servent de séparation aux pistes cyclables, qui montrent bien là une vraie séparation physique, une vraie piste."
"De l'autre côté, la voirie a voulu faire un essai avec des plots en caoutchouc. Ils sont beaucoup plus petits que les plots en béton, et ils sont beaucoup plus espacés. Comme c'est un essai, et qu'on nous a demandé notre avis, le mien et celui de nos adhérents, c'est que c'est beaucoup trop bas. Ce n'est pas dissuasif. Ça n'empêche absolument pas une voiture de se garer, même si elle n'en a pas le droit [voir un exemple dans le tweet ci-dessous; ndlr]."
"Le gros point avec ce séparatif pas assez consistant, on ne peut pas en vouloir aux cyclistes de le faire remarquer, c'est qu'ils ne se sentent pas en sécurité. Plus on va vers quelque chose de sécurisé pour les cyclistes et futurs cyclistes, et plus on aura de gens qui feront du vélo."
Le président de Vél'Oxygène fait aussi remonter que "la voirie a décidé de laisser la première partie, le long du parc Pommery [de Champagne; ndlr], sans séparation pour pouvoir garer de temps en temps les voitures pour les manifestations qui ont lieu là [le concours de tronçonneuse ou le grand-prix hippique, par exemple; ndlr]."
"Pareil : on trouve ça un peu dommage. Mais ça fait partie de ce que souhaite faire la ville. De laisser pour partie les pistes cyclables occupables de temps en temps par les voitures. Ce serait mieux pour le vélo que ce ne soit pas le cas : parce que s'il y a relativement de plus en plus de manifestations qui font que ces endroits-là sont occupés, alors qu'ils sont normalement réservés au vélo [voir un autre tweet interpellant la municipalité à ce sujet ci-dessous; ndlr]..."
"On a des réunions régulières avec la mairie", précise François Stoltz qui a déjà fait remonter l'information au plus haut. "On va donner notre avis, et on verra ce qui se passe."
La mairie justifie ses choix
Au sujet du choix des marqueurs de délimitation en béton ou non, la municipalité avance un test de résistance des matériaux auprès de France 3 Champagne-Ardenne. "Les protections sont volontairement soit en béton, soit en plastique, à titre expérimental. L’idée est de constater le degré de résistance dans le temps. C'est une expérimentation validée avec Vél’Oxygène dans le cadre de réunions techniques mensuelles."
Les aménagements ont été placés en tenant compte de la vitesse. "Il a été convenu de tester les bordures béton dans le sens descendant, là où la vitesse des véhicules est la plus grande. Et les séparateurs en plastique en montée. Les premiers retours indiquent effectivement une préférence et un sentiment de sécurité plus grand avec les bordures en béton."
Le prix des bordures en béton est trois fois plus cher que les bordures en plastique.
Municipalité de Reims
Mais l'argument principal est financier quand il s'agit du béton. "Leur prix est trois fois plus cher que les bordures en plastique. Par conséquent, sur de grands linéaires, le choix ne sera pas neutre financièrement. Un retour d’expérience est attendu sur un temps plus long pour décider du choix qui sera fait pour les prochains déploiements."
Concernant le stationnement aux abords du parc de Champagne lorsqu'il accueille des évènements, une réflexion est en cours. "Il s’agit d’un usage des aménagements cyclables pour le stationnement évènementiel. Nous avons bien conscience du sujet et travaillons à trouver des solutions pour que les aménagements cyclables ne soient plus mobilisés lors des évènements au parc de Champagne, probablement à partir de la rentrée de septembre." D'ici là, l'expérimentation aura porté ses fruits. Et bénéficiera aux dix autres pistes prévues en ville.