Un appel à la grève nationale est annoncé dans les écoles mardi et mercredi dans le secteur périscolaire. A Reims, 80 agents se sont rassemblés devant l'Hôtel de ville. Ils manifestent notamment pour une meilleure reconnaissance de leur profession, davantage d’effectifs et une rémunération plus importante.
“Périscolaire en colère”, “l’animation est une vocation pas une vacation”. Le ton est donné ce mardi 14 décembre devant l'Hôtel de ville de Reims. Près de 80 personnes se sont rassemblés, à l’appel d’une grève national dans ce secteur. Réunis pour alerter : ils se sentent oubliés et négligés.
Ce n’est pas la première fois qu’ils descendent dans la rue pour alerter sur leurs conditions de travail. La deuxième grève en un mois (une autre a eu lieu le 19 novembre dernier un peu partout en France). Aujourd’hui, encore une fois, ils réclament une revalorisation de leur métier.
“Régulièrement, nous sommes en sous-effectif. C’est le point le plus lourd. Nous venons avec la boule au ventre à savoir combien d’animateurs, combien de nos collègues ne seront pas là ? Et combien d’enfants on va se retrouver à gérer ? Des fois, on peut se retrouver à gérer 3 à 4 groupes soit 30 enfants… C’est de la logistique en permanence”, confie un animateur.
"Nous avons aujourd’hui des contrats de vacataires. On est payé à la vacation. Si on est là, on est payé, si on n’est pas là, on n’est pas payé. On ne peut pas se permettre de se mettre en arrêt maladie, car nous ne sommes pas payés”, ajoute une de ses collègues.
100% de grévistes à Pommery
"Si la crise sanitaire a servi de détonateur, la souffrance et la précarité durent, elles, depuis de longues années", assure le syndicat CNT du secteur périscolaire dans un communiqué, exigeant “un vrai statut, plus d'heures, la fin des temps partiels subis" ou encore "un vrai salaire pour pouvoir vivre décemment de (leurs) métiers".
A la suite de ce mouvement, à Reims, les services périscolaires (matin, restauration scolaire et soir) sont perturbés, comme à l’école primaire publique Pommery, où d'après nos informations, ce mardi 14 décembre, on compte “100% de grévistes à l’accueil du matin (entre 7h30 et 8h20) et à l’accueil du soir (entre 17h et 17h45)”.
L’école a d'ailleurs conseillé aux parents de prendre leurs dispositions pour garder leurs enfants.
Reims recrute 60 vacataires pour les temps périscolaires
Pénurie d’animateurs, sous-effectifs, beaucoup d’enfants à charge... A cela s'ajoute le covid et des protocoles strictes à respecter. Afin d'éviter la propagation du virus, à Reims, trois services sont instaurés à la cantine pour servir les enfants.
La ville de Reims a donc lancé un appel pour recruter 60 vacataires pour les temps périscolaires à partir du lundi 13 décembre. La mairie, que nous avons jointe, nous confirme que les candidatures ne manquent pas et que la sélection est toujours en cours... alors que la semaine a déjà commencé.
Quant à Vincent Varlet, secrétaire adjoint CGT des agents de la ville de Reims, il affirme que la mairie aurait des difficultés à recruter et à garder des animateurs à leur poste. "Une fois que vous réalisez ce qu'est le travail, combien vous êtes rémunéré et dans quelles conditions, vous cherchez ailleurs", indique-t-il.
Le gouvernement promet des annonces dès le mois de février pour le secteur
Reims, Besançon, Strasbourg… le mouvement est suivi partout en France. Un rassemblement est également prévu devant le ministère de l'Education nationale mercredi 15 décembre à 13h.
Fin novembre, à la suite d'un mouvement de grève du secteur, la secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse, Sarah El Haïry, a lancé des "assises de l'animation" réunissant les représentants des collectivités territoriales et les associations employeuses sur la question des rémunérations et du temps partiel subi. Ils se réunissent pour la deuxième fois cette semaine et se rencontreront à nouveau en janvier.
"Le secteur de l'animation, qu'il s'agisse de l'animation volontaire dans les colonies de vacances ou de l'animation professionnelle dans les accueils périscolaires, a besoin d'être réformé pour retrouver de l'attractivité", a expliqué la secrétaire d'Etat à la Jeunesse et l'engagement à l’AFP.
Sarah El Haïry assure qu'elle fera "des annonces" dès le mois de février. “Le plan d'actions que je proposerai sera constitué de mesures rapides et fortes et d'une feuille de route pour les années à venir", a-t-elle ajouté.
Fin octobre, elle avait annoncé une aide de 200 euros versée en 2022 à 20.000 jeunes pour financer en partie leur formation aux métiers de l'animation.
Selon les animateurs rencontrés ce mardi à Reims, une autre grève est prévue à la rentrée de janvier "pour mobiliser encore plus et mettre la pression".