Le pont de Witry à Reims va être détruit. Cette voie très fréquentée sera inaccessible à partir du 21 février. Des navettes gratuites et des itinéraires de substitution sont proposés, mais pas de passerelle temporaire pour les riverains. Ils se sentent mis à l'écart.
"Nous sommes mécontents", ce sont les premiers mots d'André Ehrart. Cet habitant a monté l'association des habitants du Nord-Est de Reims avec d'autres riverains du quartier des Epinettes. Pendant 10 mois, il leur sera impossible de rejoindre le centre-ville par le pont de Witry, en chantier à partir du 21 février. "Il n'y aura pas de passage provisoire pour les personnes sans moyen de locomotion. Le problème est là." Cette option a, en effet, été rejetée par le Grand Reims.
"Une passerelle n'était pas possible techniquement", répond Laure Miller, adjointe au maire de Reims en charge des aménagements publics. Elle aurait retardé l'ensemble du projet alors que le pont est déjà vétuste. Piétons et deux-roues craignent d'être coupés du reste de la ville. "Isolement, c'est le terme approprié, selon Abdel, membre du Collectif citoyen des habitants du pont de Witry. Il y a des personnes handicapées et une population vieillissante."
Des alternatives jugées insuffisantes
Des transports collectifs vont être mis en place le temps des travaux. Une navette gratuite reliera la route de Witry au Cimetière de l'Est. André Ehrart pointe pourtant un problème : "Même avec cette solution, ceux qui ont un problème de mobilité ne pourront plus sortir du quartier." Pour de nombreux habitants, la population n'a pas été suffisamment concertée. "On a l'impression de ne pas avoir été écoutés", ajoute Abdel.
Pour les collégiens et lycéens, un service de cars sera proposé le matin et le soir. Certains parents savent déjà que leurs ados ne pourront plus manger chez eux le midi, entraînant des frais de cantine. Pour d'autres, emmener son enfant à l'école primaire d'ordinaire si proche va devenir un casse-tête. "Le plan de circulation est inadapté au quotidien. Il va y avoir une accumulation de véhicules sur les trajets de substitution."
Des gens vont trouver le moyen de traverser la voie ferrée à pied
André Ehrart, Association des habitants du Nord-Est de Reims
En temps normal, 25.000 véhicules et 1.250 poids lourds empruntent le pont de Witry chaque jour. Plusieurs déviations sont conseillées direction le boulevard des Tondeurs et l'autoroute A34. Les riverains craignent que ces transports gratuits se retrouvent coincés dans d'importants embouteillages aux heures de pointe, entraînant des retards. Laure Miller l'assure : "On sera en discussion constante avec la Citura pour adapter la fréquence et la taille des navettes."
Une rencontre entre l'adjointe et des habitants est encore prévue vendredi 4 février. "Nous allons proposer de remettre en état un chemin vicinal qui passe à travers champs et qui permettrait de faire la traversée", explique André Ehrart, bien décidé à ne pas baisser les bras.
Un pont dangereux
La ville a privilégié l'option la plus rapide possible. "On a conscience que 10 mois, c'est très long, souligne Laure Miller. On essaie de réduire au maximum les délais. Le nouveau pont va être construit à côté pendant la destruction de l'ancien." Car pour la ville, la situation est devenue urgente. L'ouvrage actuel date de 1935, il est aujourd'hui vétuste, ce que personne ne conteste.
Propriété de l'Etat jusqu'au 1er janvier 2019, ce pont n’a bénéficié que de réparations ponctuelles depuis 2000. Il sera métamorphosé en 2023. De chaque côté, une partie de 3 à 4 mètres sera réservée aux piétons et aux cyclistes. Au centre, les voitures et poids lourds se partageront trois voies. Ce chantier d'envergure va coûter 8,5 millions d'euros.