Le procureur a demandé le placement en détention provisoire du mis en cause ce vendredi.
Rue Henri-Menu. C'est dans cette rue calme du centre-ville qu'un adolescent de 14 ans a agressé à l'arme blanche un de ses camarades du même âge aux alentours de midi, le jeudi 2 juin. Ce vendredi, le procureur de la république Matthieu Bourrette a donné une conférence de presse afin de préciser les faits. Une information judiciaire pour "tentative de meurtre sur mineur de 15 ans" est ouverte. France 3 Champagne-Ardenne fait le point sur ce que l'on sait de cette agression.
- Le pronostic vital de l'adolescent toujours engagé
Son pronostic vital est toujours engagé ce vendredi, a précisé le procureur. Toujours selon ses informations, le collégien âgé de 14 ans a été transféré au CHU de Reims très rapidement après l'agression. Il "souffre de plusieurs lésions particulièrement graves à la tête", précise le procureur. "La victime n'est toujours pas consciente. Les médecins font le maximum pour reposer son cerveau qui est en hypertension."
Les secours sont restés de longues minutes sur place pour stabiliser la victime, indiquait France Bleu mercredi, qui a été frappée à la tête, au niveau de la tempe.
- Une rixe "programmée" depuis mardi soir
La rixe était "programmée" depuis mardi soir selon nos informations. Elle a duré "deux ou trois secondes", a détaillé le procureur. "Imaginez sur un ring de boxe, deux crochets. Un premier à main nue, le deuxième, ganté, avec un couteau."
Cette agression est arrivée des suites d'une bagarre au sein du collège, le lundi. Selon les éléments de l'enquête, le mis en cause avait eu des premiers échanges sur les réseaux sociaux avec la victime, où le mis en cause l'avait insultée. Mais la victime n'avait pas répondu à ces insultes. Une première altercation a eu lieu lundi au collège. Mais avant ces deux antécédents, les deux collégiens ne se connaissaient pas. Ils étaient tous les deux inconnus des services de police et de la justice.
C'est un clip de rap diffusé sur les réseaux sociaux qui est à l'origine de l'agression. Le mis en cause a publié sur son compte Instagram une vidéo dans laquelle on le voit jouer avec un couteau. Ce clip a suscité des moqueries de la part de ses camarades, dont la victime, que l'agresseur présumé "avait eu du mal à supporter".
- Deux mineurs placés en garde à vue, l'adolescente n'est plus poursuivie
Son agresseur présumé a été rapidement interpellé et placé en garde à vue pour tentative de meurtre sur mineur de 15 ans. Le procureur a demandé son placement en détention provisoire dès ce vendredi. Le jeune homme a immédiatement reconnu les faits, et a fini par admettre qu'il était à l'origine du rendez-vous de mercredi. Cependant, il nie toute préméditation. "Il n'a émis aucun regret, aucune compassion envers la victime ni envers sa famille. il n'a pas pleuré et n'a demandé aucune nouvelle, a précisé le magistrat. Ce qui est étonnant vu son âge et la longueur de la garde à vue", qui a duré 48 heures. "Sa dangerosité existe, et son risque de récidive n'est pas négligeable", a indiqué l'expert psychiatre qui a suivi le mis en cause.
Une autre mineure, âgée également de 14 ans, a été placée en garde à vue mercredi pour "happy slapping", c'est-à-dire l'enregistrement vidéo de faits de violences", "qui est un élément constitutif de la complicité des faits de violences aggravées", précise le magistrat dans un communiqué. Il rappelle également que toute diffusion de cette vidéo montrant l'agression est constitutive d'un délit. Sa garde à vue a été levée jeudi et aucun charge n'a été retenue contre elle car "le délit de happy slapping n’existant pas juridiquement lorsque l’on filme un homicide ou une tentative d’homicide", a indiqué le procureur.
Depuis sa garde à vue, l'adolescente est victime de menaces de mort sur les réseaux sociaux. "Les faits de menaces de mort matérialisés par un écrit constituent un délit passible d’emprisonnement, rappelle Matthieu Bourrette. Je n’hésiterais pas à ouvrir une enquête et à engager des poursuites pénales s’il faut en passer par là pour retrouver un minimum de sérénité dans cette communauté de jeunes frappée par le drame."
- La victime et le mis en cause scolarisés dans un établissement privé
La victime et son agresseur présumé sont scolarisés dans le collège privé Saint-Joseph, dans des classes différentes.
Le mis en cause est décrit par son entourage comme "gentil" et "réservé", "absolument pas violent". Lui et sa mère invoquent des cas de harcèlement scolaire, "qu'il faut prendre avec précautions, puisque nous n'avons trouvé aucun signalement", précise Matthieu Bourrette. Cette dernière se dit "dépassée par son fils" et l'a inscrit dans le privé, malgré le sacrifice financier pour la famille. Arrivé à la rentrée 2020 à Saint-Joseph après plusieurs difficultés relationnelles dans un établissement primaire et dans un autre collège rémois. En difficulté scolaire, il est décrit comme très réservé et introverti.
La victime est également un adolescent de 14 ans, apprécié de ses camarades. Il a pu avoir "quelques petits soucis comportementaux avec d’autres élèves", précise le magistrat, et peut avoir tendance à déraper lorsqu’il est en groupe. Il est scolarisé à Saint-Joseph depuis depuis l’école primaire. Respectueux selon ses responsables éducatifs, il était passionné de chevaux et de sport, avec le souhait d'intégrer la garde républicaine. Comme le mis en cause, il n'a aucun antécédent judiciaire ou pénal.
Dans la soirée, l'archevêque de Reims, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France a réagi suite à ce drame qui touche deux élèves d'un même établissement scolaire de son diocèse. "Un adolescent à Reims en a poignardé un autre aujourd'hui. La violence habite nos cœurs. Prions pour celui qui a été blessé, pour sa famille, pour celui qui a frappé et les siens. Que Dieu les prenne en pitié".
Une cellule de crise au collège
Une cellule de crise a été mise en place au collège en lien avec les services du rectorat. Touts les enseignants, les personnels, les élèves et les familles ont tous été informés du drame. Jeudi matin, l’équipe de direction doit rencontrer les enseignants. Deux psychologues des services de la direction interdiocésaine prendront en charge une cellule d'écoute.