Engagés depuis plus de 10 ans auprès des Haïtiens, deux Rémois dirigent une association qui a permis la construction d'une école à Gentillote, dans la campagne haïtienne, à quelques kilomètres du séisme de magnitude 7,2 qui a eu lieu samedi. Ils œuvrent à distance pour que personne ne soit oublié.
Voilà plus de dix ans qu'ils sont engagés auprès des Haïtiens. Elisabeth Bahuaud et Thierry Raoux sont à la tête de Solèy Leve, une association rémoise en lien avec une association haïtienne, l'Aspag (Association de Solidarité avec les Paysans et Amis de Gentillote). Grâce à leur action, une école s'est construit à Gentillote en 2014, une zone rurale située dans le sud du pays.
C'est dans cette partie de l'île qu'un nouveau malheur a frappé Haïti. Après le séisme de 2010, l'épidémie de choléra ou encore l'ouragan Matthew de 2016, c'est un tremblement de terre d'une magnitude de 7,2 sur l'échelle de Richter qui a fait plus de 300 morts et des centaines de blessés samedi 14 août, aux alentours de 8h30 du matin. De quoi mobiliser les deux Rémois à distance.
Des aller-retour fréquents à Haïti
En sept ans d'existence, plus qu'un lieu d'enseignement, l'école s'est peu à peu transformée en "centre de vie, avec le tremblement de terre de 2010 et l'épidémie de choléra, précise Elisabeth Bahuaud, la trésorière. Notamment pendant l'épidémie de choléra, où l'école est devenue un centre de distribution de savon." Depuis une dizaine d'années, le couple est retourné de nombreuses fois à Haïti. L'occasion de garder des liens forts avec l'Aspag, mais aussi de rapporter de l'artisanat haïtien pour le revendre et financer les projets de l'association.
Alors, quand ils ont appris qu'un séisme avait lieu à quelques kilomètres de Gentillote, les Rémois ont immédiatement pris des nouvelles des Haïtiens. "Il y a eu des répliques très fortes dans la nuit de samedi à dimanche, précise Elisabeth Bahuaud. Dans la nuit de lundi à mardi, c'est la pluie qui a été traumatisante car les gens dorment dehors dans des campements de fortune."
Heureusement, les membres de l'Aspag n'ont pas été blessés. "Ce sont essentiellement des membres de leur famille qui sont morts ou blessés, précise la Rémoise, ceux qui se trouvaient en ville."
Deux salles de l'école détruites
En revanche, l'école que Solèy Leve a construite avec l'Aspag a subi de nombreux dégâts. "On a deux salles détruites, et comme deux salles se touvent dans leur prolongement, normalement, il n'y en a qu'une qui devrait être endommagée", explique Thierry Raoux, car pour l'heure, les dégâts sont encore difficiles à évaluer.
"Pour l'instant, on est dans l'extrême urgence", évalue Elisabeth Bahuaud. Seulement, les moyens de Solèy Leve ne permettent pas d'envoyer des vivres, des bâches ou du matériel directement sur place. "On s'active donc à distance, auprès des associations sur place, pour qu'elles n'oublient pas Gentillote. Généralement, les aides vont en ville, peu vont jusqu'aux campagnes. Il ne faut surtout pas les oublier."
Reconstruire l'école et s'activer pour l'après
Alors le couple s'active pour l'après, la reconstruction. "Ce sont des problématiques qui vont très vite arriver sur la table", assure Elisabeth Bahuaud. Replanter des arbres. Approvisionner les éleveurs et les agriculteurs en graines et en bétail. S'assurer que les cheptels puissent survivre.
Ce mardi 17 août, Solèy Leve lance une cagnotte sur HelloAsso afin de récolter des fonds. Le but : que les enfants retournent le plus vite possible à l'école et que l'édifice redevienne le centre de vie qu'il était devenu.