Les membres du collectif Sövkipeu à Reims ont organisé un concert et un pique-nique en soutien aux exilés présents dans l'immeuble désaffecté de l'allée César Franck. Un moment convivial pour réunir familles et voisins.
Détente. Un doux parfum d'été enivre l'esplanade de l'allée César Franck à Reims, ce samedi 4 juillet. Alors que le soleil perce timidement les nuages, les enfants et la tranquillité du lieu ont un goût de vacances, tout comme les chips, salade de riz et cakes disposés sur la grande table de pique-nique. En tout, une soixantaine de Rémois ont répondu à l'invitation.
Atmosphère détendue
Les membres du collectif rémois de soutien aux réfugiés, Sövkipeu, affichent de grands sourires ce samedi 4 juillet, même si derrière l'atmosphère conviviale, la réalité est beaucoup plus sombre. "L’idée, c'est de signaler que le confinement a été dur pour tout le monde, rappelle Fabien Tarrit, membre de Sövkipeu. Les conditions sont insalubres ici ? Nous voulions donner de la visibilité à cette situation-là pas, car il n'est pas normal que des gens vivent dans ces conditions."Le 30 juin dernier, un avis d'expulsion par acte d'huissier a été émis par le Foyer rémois. Il y était stipulé de quitter les lieux avant le 2 juillet. "L'expulsion est imminente", constate Fabien Tarrit. Avant la tempête, le calme d'un samedi d'été. Jonglage, équilibre sur un fil, des ballons… En plus du concert, des ateliers de cirque sont également proposés aux enfants. "Ce que nous voulions, c'est regrouper toutes les personnes qui le veulent", commente le membre de Sövkipeu.
Des conditions de vie spartiates
"Des solutions ont été trouvées pour les personnes en situation régulière, mais peu de chance pour ceux en situation irrégulière", poursuit Fabien. Les conditions de vie dans le squat sont spartiates : l'électricité ne passe que par des fils à nu."Il y a un problème manifeste de logement avec des menaces d’expulsion, s'indigne Denis Toussaint, médecin à la retraite membre du collectif. Ici c’est pas parfait, c’est un squat récupéré, mais c’est mieux que rien, mieux que la rue. Et puis il y a un aspect collectif, ils s’entraident." Selon l'ancien médecin, qui exerce souvent auprès des réfugiés comme bénévole, "ce serait contraire aux mesures sanitaires" que d'expulser autant de familles.
À force de se déplacer à l'allée César Franck, le retraité a constaté que "finalement, beaucoup de voisins apportent des petites contributions aux personnes du squat". Ce pique-nique est aussi un moyen de montrer une autre image de la cohabitation entre réfugiés et riverains. "Des liens se forment", soutient-il." Si on laisse les gens livrés à eux-mêmes ça crée des angoisses. S'il n'y a pas de contact, cela ouvre la porte à tous les fantasmes." Ce samedi 4 juillet, les fantasmes n'ont pas gagné l'esprit des convives, bien décidés à continuer leurs actions.